16 septembre 2017 - CONNECTEZ-VOUS sur notre nouveau site : CHRONIQUE DE PALESTINE

« Prêts à négocier une trêve avec Israël »

dimanche 17 juin 2007 - 05h:37

Jean-Pierre Perrin - Libération

Imprimer Imprimer la page

Bookmark and Share


Khalil Abou Leïla, un des leaders du Hamas à Gaza, envisage un changement de stratégie

Khalil Abou Leïla, un des leaders du Hamas dans la bande de Gaza, appartient à une de ses tendances radicales. Dans une interview à Libération réalisée peu avant la reprise des combats, il indique pourquoi une trêve durable entre belligérants n’est pas possible.


Les affrontements entre Hamas et Fatah ont donné lieu à des crimes de guerre. Le Hamas a même exécuté des blessés lorsqu’il a attaqué le terminal israélo-palestinien de Karni. Pourquoi une telle haine entre Palestiniens ?

A Karni, il y a eu des combats, et au cours des combats, on commet des erreurs. Je les reconnais, mais il ne faut pas les généraliser. Simplement, les Brigades Ezzedine al-Qassam [la branche armée du Hamas, ndlr] ont décidé de liquider certains tueurs du Fatah. Ce sont des assassins que l’on a assassinés, ce que la charia [la loi islamique, ndlr] permet. Cela dit, le Hamas, lui, n’a jamais torturé de prisonniers.

Pourquoi la trêve entre Hamas et Fatah n’est-elle pas possible ?

Pour que la trêve puisse durer, il faudrait qu’Israël et les Etats-Unis arrêtent de soutenir les différents clans du Fatah. Bush, en personne, a annoncé une aide de 96 millions de dollars à la Garde présidentielle du président Mahmoud Abbas. Et le général Keith Dayton [le coordinateur américain chargé de la sécurité, ndlr] vient d’annoncer que Washington lui livrerait des voitures blindées, des fusils à pompe, et que les forces de sécurité du Fatah reçoivent un entraînement à Jéricho [en Cisjordanie occupée, ndlr]. Toute cette aide correspond à la vision américaine d’avoir à Gaza un désordre discipliné. L’Europe, aussi, par le blocus financier qu’elle nous impose, pousse aussi à ces affrontements internes. Cela dit, Hamas n’a pas de problèmes avec le Fatah, mais avec le courant sioniste qui existe au sein de ce parti.

Le Fatah serait donc le complice d’Israël ?

Dans le cadre des accords d’Oslo, les services israéliens et palestiniens s’échangent des informations. C’est donc en coordination avec tous les services de sécurité palestiniens qu’Israël agit pour liquider les responsables de la résistance palestinienne. Il ne s’agit pas de quelques personnes qui collaborent, mais des services entiers. J’insiste : après chaque assassinat d’un leader par Israël, on arrête quelques pions palestiniens pour pouvoir fermer le dossier. Mais la décision de l’attentat a été prise à un haut niveau dans le cadre de ces accords.

Ces attentats affectent-ils le Hamas ?

Après ceux commis contre cheikh Yacine, puis contre Abdelaziz Rantissi [l’ancien chef du Hamas], le mouvement a été un peu touché. Mais nous n’avons jamais eu de problème de direction. Pour la bonne raison que nous avons trois directions : une qui officie et deux dans l’ombre, chacune d’elles prête à remplacer celui ou ceux qui seraient assassinés.

Et les conditions d’une trêve avec Israël ?

D’abord, il faut remarquer qu’Israël est absent de la table des négociations. Nous, nous acceptons d’y aller pour négocier cette trêve. Hamas ayant formé le gouvernement, il est normal qu’il y ait un de ses représentants dans la négociation.

Cela ne signifierait-il pas une reconnaissance de facto d’Israël ?

Non, car nous ne négocierons que sur un sujet très limité : la trêve. Mais cela reviendrait pour le gouvernement israélien à reconnaître celui du Hamas. Nous, on reconnaît la légitimité de l’existence d’Israël, mais pas sur la terre de Palestine. Si la France donnait à Israël une partie de son territoire équivalent à la Palestine, nous serions les premiers à reconnaître son droit à exister, et même à l’aider à s’établir.

Jean-Pierre Perrin, envoyé spécial - Libération, le 15 juin 2007


Les articles publiés ne reflètent pas obligatoirement les opinions du groupe de publication, qui dénie toute responsabilité dans leurs contenus, lesquels n'engagent que leurs auteurs ou leurs traducteurs. Nous sommes attentifs à toute proposition d'ajouts ou de corrections.
Le contenu de ce site peut être librement diffusé aux seules conditions suivantes, impératives : mentionner clairement l'origine des articles, le nom du site www.info-palestine.net, ainsi que celui des traducteurs.