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Cinq raisons pour refuser tout compromis avec la Syrie

mercredi 6 juin 2007 - 06h:09

Assad Talhami - Al Hayat

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Signer un accord de paix avec Damas ferait perdre à Israël le Golan sans régler pour autant aucun problème vital, affirme dans un rapport l’ancien directeur du Conseil de sécurité israélien. Une analyse à contre-courant.

Le degré de sérieux des messages de paix syriens relatifs à la conclusion d’un accord de paix avec l’Etat hébreu est au centre des préoccupations des Israéliens. L’ancien directeur du Conseil de sécurité nationale israélien, le général de réserve Giora Eiland, a évoqué cinq raisons fondamentales pour justifier le refus d’un accord avec la Syrie. Selon lui, Israël n’a aucun intérêt à poursuivre les négociations avec Damas afin de parvenir à un accord. Cela risque d’engendrer une réalité nouvelle susceptible de mener à la guerre.

Dans un article paru dans le bulletin du centre d’études stratégiques Jaffee (mars 2007), Eiland, membre de l’équipe de recherches de la sécurité nationale, estime que la première raison de refuser un accord avec Damas est que cela n’apportera rien de plus à Israël. Cela ne supprimera pas la menace nucléaire iranienne, la Syrie n’ayant aucune influence sur Téhéran dans le dossier du nucléaire. Cet accord attisera la tension avec les Palestiniens dans la mesure où il se fera à leurs dépens.
Il sera perçu comme une gifle à laquelle il est fort à craindre qu’ils répondent par une nouvelle Intifada.
Quant au “problème libanais”, il se trouvera exacerbé par cette paix avec la Syrie, en raison de l’accroissement du pouvoir iranien au Liban par le truchement du Hezbollah.

Pour Eiland, cette paix ne profitera pas non plus à la normalisation des relations avec les pays arabes, qui considèrent que la question palestinienne est la clé de toute solution. Il en va de même pour la communauté internationale, pour laquelle “le problème palestinien étant au centre du conflit au Moyen-Orient, sa solution doit être prioritaire dans l’ordre des règlements des autres conflits”.

La deuxième raison, selon Eiland, réside dans la position américaine. Les Etats-Unis ne trouvent aucun avantage dans un accord israélo-syrien. Cependant, cet obstacle n’est pas insurmontable pour les décideurs israéliens, qui ne ménageront pas leurs efforts pour faire fléchir Washington s’ils jugent le traité favorable à Israël.

L’instabilité du régime syrien est la troisième raison avancée par le général israélien pour justifier le refus de pourparlers avec la Syrie. Une paix israélo-syrienne et l’invasion de la Syrie par des milliers de touristes israéliens pourraient avoir comme conséquence le renversement du régime et une prise du pouvoir par les Frères musulmans. Que ces derniers respectent le traité de paix avec Israël semble pour le moins improbable.

La quatrième raison est liée à la sécurité. La restitution du plateau du Golan à la Syrie, en permettant aux roquettes syriennes d’atteindre plus facilement des villes israéliennes, représente un danger pour la sécurité nationale, sans compter que la Syrie serait tentée d’installer dans les villages du Golan des militaires déguisés en civils, transformant ainsi ces localités en positions militaires avancées. Le maintien de l’armée israélienne dans le Golan constitue par contre une menace immédiate dissuasive pour le régime de Damas dans la mesure où l’armée israélienne peut se rendre dans la capitale syrienne en très peu de temps.

La dernière raison, d’ordre psychologique, tient à ce que Eiland appelle “l’état d’esprit du peuple”. Pour les colons, le Golan fait désormais partie intégrante d’Israël. S’ils s’opposent à son évacuation, ce n’est pas seulement pour des raisons de sécurité, mais “parce qu’ils ne veulent pas vivre dans une bande de terre surpeuplée, envahie par le béton, mais dans un Etat où l’eau abonde, riche en terres fertiles et en beaux paysages”...

Assad Talhami - Al Hayat, via Le Courrier international, le 5 juin 2007


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