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Les attaques contre les troupes US en Irak sont de plus en plus efficaces et meurtrières

mardi 5 juin 2007 - 23h:20

A.S. Tyson & J.W Anderson - Washington Post

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Le mois de mai, avec 132 morts américains, a été le troisième mois le plus mortel pour les troupes des États-Unis depuis l’invasion de 2003.

Alors que les troupes US vont plus profondément dans Bagdad et ses quartiers périphériques, les insurgés irakiens emploient des moyens de plus en plus sophistiqués et mortels dans leurs attaques, dont font partie des bombes plus puissantes placées aux bords des route. Le résultat est un plus grand nombre de morts américains relativement au nombre de blessés.

Les insurgés utilisent d’énormes quantités de munitions, profondément enterrées, avec pour objectif de protéger leur territoire, et mettent sur pied des embuscades complexes qui prouvent leur capacité à répondre rapidement aux tactiques utilisées par les États-Unis.

La nouvelle stratégie US de contre-insurrection a eu pour conséquence une diminution des morts de civils à Bagdad mais a placé des milliers de soldats américains supplémentaires face à un plus grand risque dans de petits avant-postes dans la capitale et d’autres parties du pays.

« Il est très clair que le nombre d’attaques contre les forces des États-Unis est en hausse » et que ces attaques sont plus efficaces à Bagdad, particulièrement durant ces dernières semaines, a déclaré le Général James E. Simmons, commandant adjoint pour les opérations en Irak.

Dans le même temps, dit-il, les attaques contre les forces irakiennes de sécurité ont légèrement diminué, citant des chiffres qui comparent la période de la mi-février à la mi-mai aux trois mois qui avaient précédé. « Les attaques sont directement dirigées contre nous et pas contre les autres, » a-t-il ajouté.

Le mois de mai, avec 132 morts américains, a été le troisième mois le plus mortel pour les troupes des États-Unis depuis l’invasion de 2003. Comme dans le cas des deux mois les plus mortels pour les troupes US — 137 morts en novembre 2004 et 135 en avril de cette année — les premières raisons à invoquer sont les opérations militaires amércianes à grande échelle. Simmons a évoqué les pertes élevées des États-Unis en mai comme « une expérience très douloureuse et qui brise le coeur. »

L’intensité des combats et l’efficacité plus grande des attaques contre les troupes US sont soulignées par la diminution du rapport entre blessés et tués pour le mois de mai, qui est tombé environ à 4,8 pour 1 — comparé à une moyenne de 8 pour 1 depuis le début de la guerre en l’Irak, selon les données du Pentagone. « Plus les combats s’intensifient, plus vous allez vous rapporocher du rapport de 3 pour 1 » qui caractérisait la guerre au 20e siècle, a estimé John Pike, directeur de Globalsecurity.org, un site Internet d’information sur les questions de défense.

Simmons a déclaré qu’en mai, le nombre d’armes anti-blindage s’approchait du chiffre de 65 correspondant à celui du mois d’avril, et que les principales causes de l’augmentation du nombre de morts américains étaient « des IEDs puissants et parfaitement dissimulés [dispositifs explosifs improvisés] ».

Le nombre de morts américains a brusquement augmenté dans certains quartiers périphériques de Bagdad, comme dans la province de Diyala où les groupes sunnites et shiites ont fait monter le niveau de violence sectaire et ont lutté pied à pied contre les forces américaines qui envahissaient leurs sanctuaires. « Les extrémistes des deux bords essayent de trouver un terrain d’entente en attaquant les troupes des États-Unis, » a déclaré Simmons.

Le pourcentage global des morts américains provoqués par des bombes au bord des routes était passé l’année dernière de plus de 60% à 35% en février. Il a ensuite grimpé à 70,9% en mai, selon les recherches faites par le site Web indépendant icasualties.org. Les progrès faits dans le désamorçage des bombes n’ont pas eu comme conséquence une diminution des décès car le nombre de bombes et leurs effets meurtriers ont augmenté, affirment des officiels de l’armée.

Les insurgés planifient également soigneusement des embuscades et des attaques de représailles complexes contre les troupes des États-Unis, disent les mêmes officiels. Bien que peu nombreuses, ces attaques incluent des assauts directs contre des avant-postes militaires américains, des guet-apens dans lesquels des soldats américains ont été capturés, et des attaques sophistiquées avec de multiples types d’armes pour frapper plus d’une cible à la fois.

Par exemple, les attaquants bombarderont une patrouille et attaqueront ensuite les forces terrestres ou les appareils volants venus porter secours.

« Nous commençons à voir plus de sophistication et d’entraînement dans leurs attaques, » a déclaré un important officiel de l’armée à Bagdad. Tandis que la grande majorité des attaques sont toujours relativement simples et impliquent un type courant d’arme, « clairement la tendance va dans la mauvaise direction, » a-t-il ajouté, parlant sous couvert de l’anonymat car il n’était pas autorisé à parler aux journalistes.

Dans une attaque ce lundi dans Diyala, par exemple, un hélicoptère OH-58D Kiowa Warrior transportant deux soldats américains a été pris sous un lourd feu ennemi pendant un combat puis s’est écrasé dans les champs au sud-ouest de la ville d’Abu Saydah, environ à 40 milles au nord de Bagdad, dans une région où le mouvement extrémiste sunnite Al-Qaeda essaye d’établir un nouveau bastion.

Les militaires américains ont alors envoyés des véhicules Bradley depuis la base Normandie située à 19 milles de l’accident, pour porter un secours rapide.

Mais alors que la force d’intervention rapide traversait en grondant la campagne juste un mille et demi avant l’emplacement du crash de l’hélicoptère, une très forte bombe a frappé un véhicule Bradley, tuant quatre soldats et en blessant quatre autres, dont un mortellement. Soudain, la mission de secours se trouvait elle-même en péril, et les hélicoptères se sont précipités pour évacuer les blessés.

D’autres unités se sont dirigées vers le lieu du crash de l’hélicoptère, récupérant les corps des pilotes et tuant trois insurgés. Mais près de l’emplacement de la bombe qui avait renversé le véhicule Bradley et où les soldats dégageaient l’épave, une deuxième bombe a explosé, tuant encore un autre soldat américain.

En tout, ce sont huit miltaires américains qui sont morts et trois autres ont été blessés dans l’incident ce jour du Memorial Day, ce qui a nettement contribué au total élevé de décès au mois de mai.

D’après Simmons, les destructions d’hélicoptères comme cela s’est produit dans Diyala sont le reflet « d’un ennemi qui réfléchit et qui sait s’adapter » et qui rend ses méthodes plus raffinées. « Il y a un plus grand degré d’entraînement, » ajoute-t-il. Dans ce dernier cas, les insurgés ont pu placer les bombes qui ont tué les troupes au sol délibérément le long des itinéraires menant à l’hélicoptère, mais les enquêteurs militaires ne l’ont pas confirmé.

Dans une attaque hautement élaborée dans Babil le 12 mai, un patrouille américaine légère composée de deux Humwee et qui surveillait un secteur où les insurgés enterrent souvent des bombes au bord de la route, a été repérée. Les insurgés ont traversé un périmètre de barbelés, attaqué la patrouille avec des grenades, capturé trois soldats puis les ont fait monter dans une voiture qui a pris la fuite ; ils ont ensuite disposé des bombes des deux côtés de la route pour retarder environ pendant une heure d’autres forces américaines venues à la rescousse de la patrouille.

Quatre soldats ont été tués dans l’attaque, le corps d’un des autres a été trouvé plus tard, et deux soldats restent manquants.

Les commandants américains ont depuis longtemps prévenu qu’il y aurait plus de tués suite au déploiement d’environ 25 800 soldats américains supplémentaires comme cela a été décidé par le Président Bush en janvier. Ce déploiement a placé les troupes dans la région de Bagdad et dans le bastion sunnite de la province d’Anbar. Ces forces avaient été stationnées depuis février sur de petites bases dans les voisinages de Bagdad dans le cadre d’une stratégie de contre-insurrection dont l’objectif était de pacifier la capitale.

Les pics de 2004 dans le nombre de décès américains ont résulté principalement des offensives US au sol, telles que la campagne du novembre 2004 pour reprendre le bastion sunnite de Fallujah. Aujourd’hui, les pertes se produisent alors qu’un grand nombre de soldats américains sont dispersés dans Bagdad et d’autres secteurs dans le but [officiel] de protéger les Irakiens.

Les commandants affirment que les opérations militaires seraient la cause d’une diminution des morts de civils à Bagdad. Les morts et blessés dus à la violence sectaire auraient diminué de 50% ces 90 derniers jours dans Bagdad, en comparaison des 3 mois précédents, d’après Simmons, en dépit de ce que quelques militaires ont décrit comme une légère reprise dans les morts civils courant mai.

Les patrouilles US et leurs incursions auraient permis la découverte de 2500 caches d’armes et le meurtre ou l’arrestation de plus de 20 000 insurgés, membres de milices et autres combattants dans tout le pays depuis janvier. Parmi les résistants tués ou capturés se trouveraient plus de 1700 cibles considérées « de haute valeur, » dans ce que des officiers et analystes militaires présentent comme une tentative d’élimination des responsables des cellules ennemies, en espérant qu’ils ne pourront pas être remplacés rapidement.

« Peut-être est-ce la période la plus sanglante dans notre combat, mais nous pourrons ainsi gagner un futur plus paisible, » a dit Michael O’Hanlon, un analyste militaire de l’Institut Brookings à Washington [finalement, plus cela empire et plus cela nous rapproche du but... N.d.T].

Mais après avoir diminué leur niveau d’activité d’un certain degré et à avoir pris le temps d’observer, les combattants ont commencé à répliquer et à exercer des représailles. « En février, tous nos adversaires - dont Al-Qaeda en Irak, Jaish Al-Mahdi - ont pris le temps de mesurer l’offensive US, et depuis avril et mai, ils sont repassés à l’offensive et ils testent avec détermination la résolution des forces des États-Unis, » a déclaré Toby Dodge, un expert de l’Irak au Queen Mary College University of London. Ces forces se battent sous le nom arabe d’armée shiite du Mahdi

Les officiers et les analystes militaires estiment que les raisons qui contribuent à l’augmentation du nombre de tués ne disparaitront pas de si tôt. « Nous nous attendons à un été très dur, » ajoute Dodge.

* Consultez l’article : Forte hause du nombre de tués parmi les agents privés en Irak

3 juin 2007 - Washington Post , Ann Scott Tyson and John Ward Anderson - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.washingtonpost.com/wp-dy...
Traduction de l’anglais : [AIO Info-palestine.net]


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