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Pourquoi Israël s’acharne sur moi

mercredi 30 mai 2007 - 08h:33

Azmi Bishara - Los Angeles Times

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Amman, Jordanie - JE SUIS UN PALESTINIEN de Nazareth, un citoyen d’Israël et j’étais, jusqu’au mois dernier, un membre du parlement israélien.

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Azmi Bishara

Mais maintenant, avec une torsion d’acier rappelant l’affaire Dreyfus en France, dans laquelle un juif français a été accusé de trahison envers l’état, le
gouvernement d’Israël m’accuse d’aider l’ennemi durant la guerre perdue d’Israël contre le Liban en Juillet.

La police israélienne me suspecte apparemment d’avoir passé des informations à un agent étranger et d’avoir reçu de l’argent en échange. Des charges similaires
peuvent conduire à un emprisonnement à vie voire même à la peine de mort.

Les allégations sont ridicules. Pas besoin de le dire, le Hezbollah - l’ennemi d’Israël au Liban - a d’une manière indépendante amassé plus d’informations sur la
sécurité d’Israël que ce que tout membre arabe du Knesset peut fournir. De plus, à l’inverse de ceux dans le parlement israélien qui étaient impliqués dans des actes
de violence, je n’ai jamais utilisé la violence ou participé à des guerres. Mes outils de persuasion, en contraste, sont simplement des mots dans des livres,
articles ou discours.

Ces charges inventées de toute pièce, que je rejette et nie fermement, sont seulement les dernières dans une série de tentatives pour nous faire taire, moi et d’autres impliqués dans la lutte des citoyens Palestiniens Arabes d’Israël pour vivre dans un état de tous ses citoyens, et non pas celui qui octroie aux Juifs des droits et des privilèges qu’il refuse aux Non-Juifs.

Quand Israël a été créé en 1948, plus de 700000 Palestiniens ont été expulsés ou ont fui de peur. Ma famille a été parmi ceux qui ont échappé à ce destin en restant à la place sur la terre où nous avions longtemps vécu. L’état israélien cré exclusivement pour les Juifs s’est mis immédiatement à nous transformer en étrangers
dans notre propre pays.

Pour les premiers 18 ans de la vie de l’état d’Israël, nous, comme des citoyens israéliens, vivions sous une direction militaire avec des lois de passage qui
contrôlaient chacun de nos mouvements. Nous regardions les cités des Juifs israéliens fleurir sur nos villages palestiniens détruits.

Aujourd’hui, nous faisons 20% de la population d’Israël. Nous ne buvons pas aux fontaines d’eau séparées et nous n’asseyons pas à l’arrière du bus. Nous votons et
nous pouvons servir dans le parlement. Mais nous affrontons une discrimination légale, institutionnelle et informelle dans toutes les sphères de la vie.

Plus de 20 lois israéliennes privilégient explicitementles Juifs sur les Non-Juifs.

La Loi du Retour, par exemple, accorde une citoyenneté automatique aux Juifs de n’importe où du monde. Cependant, on refuse aux réfugiés Palestiniens le droit de
retourner au pays qu’ils ont été forcés à fuir en 1948. La Loi Basique de la Dignité et la Liberté Humaine - Déclaration des Droits en Israël - définit l’état comme « 
Juif » plutôt que comme un état pour tous ses citoyens. Ainsi, Israël est plus pour les Juifs vivants à Los Angeles ou Paris que pour les Palestiniens autochtones.

Israël se définit comme un état d’un seul groupe religieux. N’importe quelle personne attachée à la démocratie reconnaîtra volontiers qu’il ne pourra pas exister d’égalité de citoyenneté sous de telles conditions.

La plupart de nos enfants fréquente des écoles séparées mais inégales. Selon des sondages récents, les deux tiers des Juifs israéliens refuseraient de vivre à côté
d’un Arabe et presque la moitié ne permettrait pas à un Palestinien d’entrer dans leur maison.

J’ai certainement dérangé en Israël. En plus de m’exprimer sur les sujets en haut, j’ai aussi affirmé le droit du peuple Libanais et des Palestiniens en Cisjordanie et
la bande de Gaza à résister à l’occupation militaire illégale d’Israël. Je ne vois pas ceux qui se battent pour leur liberté comme mes ennemis.

Ceci peut incommoder les Juifs israéliens, mais ils ne peuvent nous refuser notre histoire et notre identité, pas plus que nous ne pouvons leur nier les attaches qui
les relient aux Juifs du monde. Après tout, ce n’est pas nous, mais les Juifs israéliens qui ont immigré en cette terre. Les immigrants peuvent être demandés d’abandonner leur précédente identité pour avoir une citoyenneté égale, mais nous ne sommes pas des immigrants.

Durant mes années dans le Knesset, le procureur général m’a poursuivi pour avoir exprimé mes opinions politiques (les charges ont été abandonnées), a exercé des
pressions pour que mon immunité parlementaire soir levée et a cherché sans succès à disqualifier mon parti politique à ne pas participer aux élections - tout ça parce que je crois Israël doit êtr un état pour tous ses citoyens et parce que j’ai parlé publiquement contre l’occupation militaire israélienne.

L’année dernière, Avigdor
Leiberman - un immigrant de Moldavie -, un membre du gouvernement, a déclaré que les citoyens Palestiniens d’Israël « n’ont pas de place ici », que nous devons « prendre nos paquets et nous disperser ». Ensuite, j’ai rencontré un chef de l’Autorité Palestinienne de Hamas, Lieberman a alors appelé à mon exécution.

Les autorités israéliennes essayent d’intimider, pas seulement moi-même, mais tous les citoyens Palestiniens d’Israël. Mais nous ne seront pas intimidés. Nous
n’allons pas nous soumettre à une servitude permanente dans la terre de nos ancêtres, ou à notre sevrage de nos connections naturelles au monde Arabe. Les chefs
de notre communauté se sont rassemblés pour sortir un projet pour un état libre de toute discrimination ethnique et religieuse à tous les niveaux. Si nous retournons
en arrière de notre voie pour la liberté maintenant, nous assignerons les futures générations à la discrimination que nous avons affrontée durant six décennies.

Les Américains savent de leur propre histoire de la discrimination institutionnelle, les tactiques qui ont été employées contre les chefs des droits civiques. Ceci
inclut les écoutes téléphoniques, la surveillance policière, la délégitimation et la criminalisation de toute différence d’opinion à travers des fausses accusations.

Israël persiste à utiliser ces tactiques à un moment où le monde ne tolère plus de telles pratiques comme compatibles avec la démocratie.

Pourquoi alors le gouvernement des Etats-Unis continue à soutenir pleinement un pays dont chaque identité et chaque institution sont basées sur une discrimination ethnique et religieuse dont les victimes sont ses propres citoyens ?

Par Azmi Bishara :

- D’une négation l’autre
- Illusions perdues
- Retour à la case départ

3 mai 2007 - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.latimes.com/news/opinion...
Traduction de l’anglais : IA


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