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Déjà vu, déjà fait

jeudi 7 décembre 2006 - 19h:52

Joharah Baker

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La trêve arrive après des semaines d’agressions israéliennes contre la Bande de Gaza... Il y a juste une semaine, les Palestiniens proposaient une trêve à Israël qui l’a rejetée... Aussi, naturellement, cette dernière trêve est-elle une surprise pour tout le monde.

C’est du déjà-vu pour beaucoup de Palestiniens. La dernière trêve annoncée par le Président Mahmoud Abbas le 25 novembre nous fait revivre des moments que nous avons connus, et même plusieurs fois.

Chaque partie impliquée - gouvernement, factions et peuple - exprime un optimisme circonspect - est-ce que cette fois en fin de compte, la trêve, bien fragile, résistera ? Les expériences vécues sont encore les meilleurs repères pour juger des évènements à venir, spécialement quand les principaux points de friction sont toujours fermement d’actualité.

La trêve arrive après des semaines et des semaines d’agressions violentes de la part d’Israël contre la Bande de Gaza. Des centaines de Palestiniens ont été tués tous ces derniers mois, nombre de maisons démolies, d’immenses superficies de terre saccagées et des infrastructures massivement endommagées, tout cela par les Israéliens dans des opérations militaires sur la Bande de Gaza. Il y a juste une semaine, les factions palestiniennes proposaient une trêve à Israël, appelant à un cessez-le-feu mutuel, les Palestiniens cesseraient leurs lancements de roquettes sur Israël si l’armée arrêtait ses incursions dans la Bande de Gaza. Israël l’a aussitôt rejetée, promettant qu’il continuerait ses opérations jusqu’à ce que les Palestiniens déposent les armes.

Aussi, naturellement, cette dernière trêve est-elle une surprise pour tout le monde. Abbas, bien que toujours incapable de s’accorder avec le Hamas pour former un gouvernement d’unité nationale, essaie de se débrouiller pour rassembler tout le monde dans l’intérêt de la sécurité nationale. Même Ehud Olmert, le Premier ministre israélien, se voyant sur la sellette avec tous ses échecs politiques, d’abord au Liban et maintenant dans la Bande de Gaza, opte pour une trêve, se mettant à voir les choses autrement.

Donc, pour le moment, un cessez-le-feu existe sur la Bande de Gaza - pourquoi la Cisjordanie en est-elle exclue ? cela reste inexpliqué - et les Palestiniens ont promis de cesser les tirs de roquettes Qassam sur Israël, les attentats suicide et toute agression ciblant Israël, de son côté Israël se retire de toute la Bande de Gaza. De plus, Abbas a donné l’ordre aux 13 000 membres des services de sécurité nationale de se déployer le long de la frontière de Gaza avec Israël pour assurer le respect de la trêve. Le Président a également annoncé que quiconque violerait l’accord serait dûment arrêté. En dehors d’un seul incident par des roquettes tirées sur Sderot quelques heures après que la trêve soit effective, tout est tranquille dans Gaza.

La grande question cependant est de savoir pour combien de temps ? Au cours des six années passées d’Intifada, il y a eu plus d’une trêve d’annoncée entre les Palestiniens et Israël, toutes ont été brisées sous quelques semaines, voire quelques jours. L’actuelle est déjà vacillante, dangereusement au bord de l’effondrement. Le matin du 27 novembre, les forces israéliennes en Cisjordanie, à Qababitya, tuent Mahmoud Bakr, 22 ans ; il était membre des Brigades Naser, la branche armée des Comités populaires de la résistance. Pour finir leur opération, les troupes israéliennes tuent aussi Fatimeh Nazzal, une femme de 55 ans qui apparemment portait secours à Bakr, touché par plusieurs balles. Les soldats ont ouvert le feu sur Nazzal alors qu’elle s’occupait de Bakr baignant dans son sang.

Bien que, à proprement parler, la trêve ne recouvre pas la Cisjordanie, tout le monde sait très bien que les évènements dans les Territoires palestiniens ne sont pas coupés d’un territoire à l’autre. Le peuple palestinien, déjà extrêmement divisé - ceux à l’intérieur d’Israël et ceux des camps de réfugiés de la diaspora - est déterminé à ne pas se laisser divisé par Israël entre Cisjordanie et Bande de Gaza. Pour les Palestiniens, ce qui se passe dans la Bande de Gaza touche aussi la Cisjordanie et vice versa.

Si donc l’objectif d’Israël est d’apaiser les dirigeants en levant leur main lourde temporairement sur les Gazans uniquement pour sévir et abaisser un poing de fer sur la résistance de Cisjordanie, la trêve connaîtra le même sort que les précédentes. Déjà, la direction du Jihad islamique exhorte les factions palestiniennes à ne pas accepter de trêve qui n’inclurait pas la Cisjordanie, dégageant le Jihad islamique de toute responsabilité sur des opérations en représailles d’attaques israéliennes.

Apparemment, l’opinion est tout aussi circonspecte sur le succès d’une accalmie de longue durée. Lors d’un vote rapidement organisé sur le site Maan, 51,8 % des personnes qui répondent pensent que la trêve ne tiendra pas, et 25,8 % pensent le contraire.

C’est clair, la seule condition pour qu’une telle initiative puisse durer, c’est que des garanties en béton soient données assurant qu’Israël ne brisera pas la trêve au nom de sa « guerre contre le terrorisme ». Dans le passé, Israël a déjà assassiné des militants palestiniens alors qu’une trêve était effective sous le prétexte de sa « sécurité ». En outre, la violence de l’occupation se manifeste non seulement par des meurtres, des incursions et des maisons démolies. En Cisjordanie en particulier, le mur de l’apartheid se construit toujours et des centaines de check-points militaires israéliens entravent les déplacements et la vie de centaines de milliers de Palestiniens, chaque jour, pendant que 10 000 prisonniers politiques palestiniens dépérissent dans les prisons israéliennes.

Si ces points ne sont pas sérieusement abordés, chacun - Israël, Palestiniens, communauté internationale -, chacun sait qu’il ne faudra pas attendre longtemps pour la prochaine attaque aérienne israélienne ou incursion, et la prochaine contre-attaque des Palestiniens au nom de ceux qu’ils auront perdus, et de leur terre qu’ils continuent à défendre.

27 novembre 2006 - Miftah -
Joharah Baker peut être contactée à l’adresse : mip@miftah.org
source : http://www.miftah.org/Display.cfm?D...
Traduction : JPP


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