16 septembre 2017 - CONNECTEZ-VOUS sur notre nouveau site : CHRONIQUE DE PALESTINE

Pour les Palestiniens

mercredi 9 mai 2007 - 05h:44

Gamil Matar - Al-Ahram Weekly

Imprimer Imprimer la page

Bookmark and Share


Pas un réfugié, pas une concession de plus. Les dirigeants arabes doivent reconnaître et honorer la volonté de la nation arabe qui croit dans une Palestine arabe, écrit Gamil Mattar*.

Le sommet arabe de Riyad a affirmé sans équivoque certains principes, ou du moins c’est ce que nous pensions. L’impression générale était que le sommet avait pris à c ?ur la situation du peuple arabe, et en particulier de sa partie la plus lésée qui, c’est le moins que l’on puisse dire, est au bout de son rouleau.

Les Arabes ne furent pas les seuls à retirer cette impression des discours qui ont précédé, accompagné et suivi le sommet. L’Occident aussi, à en juger par certaines réactions négatives émanant de Washington et d’ailleurs reflètant l’influence sioniste.

Or, un organe de la Ligue arabe a annoncé que deux Etats arabes entretenant des relations avec Israël avaient été chargés de se rendre dans ce pays pour expliquer à ses responsables l’initiative de paix arabe.

Le geste, dit on, serait une manière de faire redémarrer les négociations directes. Cette annonce ne m’a pas surpris à l’encontre de beaucoup d’Arabes, même parmi les mieux informés. Leur surprise tenait à plusieurs raisons.

D’abord, ils n’avaient pas imaginé que les dirigeants arabes laisseraient passer la chance qui leur est offerte actuellement de plaider leur cause.

Cette chance, il y en avait plus d’une, et elles étaient toutes très solides. Elles se présentaient dans une jolie corbeille très nette qui contient le bourbier américain en Irak, les problèmes intérieurs d’Israël, et le conflit touchant à la capacité nucléaire de l’Iran ; traitées convenablement, toutes ces questions pourraient aider les droits et la cause des peuples de la région.

Dans un recoin de ce panier se trouvait aussi l’humeur actuelle du peuple arabe lequel a exprimé son profond désir de retrouver sa confiance en soi, en sa culture et en ses gouvernements.

Surprenant était aussi le fait que, par principe ou par convention ou simplement par peur pour sa réputation, la Ligue arabe n’ait jamais parlé directement à Israël. Personne ne s’était donc attendu à ce qu’un organe de la Ligue arabe délègue et mandate certains de ses membres pour parler à Israël. Les deux membres en question auraient pu y aller séparément ou même ensemble en leur capacité de gouvernements souverains ayant des relations avec Israël et désireux d’aider la Ligue arabe. Ce n’est pas toutefois ce qui s’est passé.

Il y avait un autre but et il est apparu de plus en plus clairement quel était ce but, à savoir, comme l’a dit récemment la Secrétaire d’Etat aux affaires étrangères, Condoleeza Rice : aider Israël à reconnaître publiquement ce qu’il avait pratiqué sur son propre sol. Son gouvernement est présenté par l’Occident comme un bastion de la démocratie alors qu’en fait, c’est une démocratie pour ses citoyens juifs uniquement. C’est un Etat séculier en surface, mais essentiellement religieux et avec ça, extrémiste en matière religieuse.

Bishara est la preuve vivante de l’idée fausse que l’on se fait des origines de la diaspora palestinienne telle qu’elle est racontée par Israël. Peu d’étrangers savent que la liberté, voire la vie même de Bishara sont en danger s’il rentre en Israël. En d’autres mots, peu de gens à l’étranger se rendent compte qu’il est devenu un réfugié de plus parmi les millions de réfugiés palestiniens dispersés dans le monde contre leur volonté.

Qu’allons-nous donc faire de lui ? Allons-nous le laisser errer, recevoir de la part de certains des condoléances et des encouragements tandis que d’autres parmi nous suggéreront que nous pourrions faire des concessions quant à la question des réfugiés ? Allons-nous signaler aux milliers de Palestiniens victimes de racisme en Israël, privés d’espoir dans un avenir sûr et sauf, que nous allons rester les mains dans les poches quand eux aussi devront trouver un refuge ?

Je suis doublement désolé pour Bishara, désolé devant ce qui l’attend, quel que soit le pays où il choisit de se réfugier car je crains que sa forte personnalité et sa rigueur ainsi que ses vues idéologiques et politiques ne lui vaillent des problèmes où qu’il vive dans le monde arabe. En outre, il se sentira responsable envers les centaines de Palestiniens en Israël qui ont très bien compris le message implicite de l’affaire Bishara et qui se préparent à présent psychologiquement à essuyer une épouvantable vague de la part des autorités israéliennes visant à provoquer un autre exode palestinien.

Nous sommes confrontés à une situation qui détonne de façon flagrante avec les attentes du sommet arabe de Riyad. Nous attendions avec impatience un répit qui nous aurait permis d’examiner les sources de nos faiblesses et les moyens éventuels de nous affirmer sur le plan international en tirant profit, par exemple, de nos relations avec l’Afrique et l’Iran.

JPEG - 13.2 ko
Gamil Matar

Cela, espérions-nous, serait suivi d’un mouvement dans la direction d’une « renaissance » de la diplomatie arabe, une sorte d’Intifada qui reflèterait en partie les frustrations et la colère accumulées dans les capitales arabes. Les chances étaient là et elles étaient essentielles. Je crois qu’elles le sont toujours et il n’est peut-être pas trop tard.

* L’auteur est directeur du Centre arabe pour le développement et la prospective.

3 mai 2007 - Al Ahram Weekly - Vous pouvez consulter cet article à :
http://weekly.ahram.org.eg/2007/843...
Traduit de l’anglais par AMG


Les articles publiés ne reflètent pas obligatoirement les opinions du groupe de publication, qui dénie toute responsabilité dans leurs contenus, lesquels n'engagent que leurs auteurs ou leurs traducteurs. Nous sommes attentifs à toute proposition d'ajouts ou de corrections.
Le contenu de ce site peut être librement diffusé aux seules conditions suivantes, impératives : mentionner clairement l'origine des articles, le nom du site www.info-palestine.net, ainsi que celui des traducteurs.