Azmi Bishara

Le penseur et militant palestinien Azmi Bishara, ancien député à la Knesset, constitue une épine dans le dos d’Israël. Au cours de sa dernière visite au Caire, Béchara a annoncé sa démission de la Knesset. Cette décision a mis fin à une longue série d’accusations et de fomentations israéliennes qui l’ont poursuivi ces 2 derniers mois, réclamant son jugement.

La presse israélienne, les services de sécurité et les forces extrémistes de droite se sont ligués contre Béchara parce qu’ils ont estimé que ses idées constituaient un danger pour la doctrine sioniste qui fait d’Israël un Etat pour les juifs seulement. Et ce alors que des débats sont actuellement suscités à l’intérieur d’Israël autour du destin des Arabes de 1948 et de leurs droits à la citoyenneté. Et à l’intérieur du monde arabe, on parle de la nécessité de reconnaître le droit au retour des réfugiés, point qui constitue une partie indivisible de l’initiative arabe de paix.

Azmi Bishara est différent des autres militants palestiniens parmi les fils de Gaza et de Cisjordanie qu’Israël a enfermés dans ses prisons, comme Marwane Al-Barghouti. Bishara qui a été élu à la Knesset comme représentant du parti du Rassemblement, un des partis arabes à l’intérieur d’Israël, fait partie de ceux qui croient à la résistance et à la lutte sur les territoires et à la nécessité de tenir aux droits de citoyenneté sans renoncer à l’identité arabe. Et ce en partant du principe qu’« Israël appartient à tous ceux qui y vivent », conformément aux principes de la démocratie dont Israël se vante.

Bishara, ainsi que son parti, ont joué un rôle important et se sont engagés dans de nombreux combats juridiques et parlementaires lors des 4 cessions consécutives contre les lois qui persécutent les Arabes, violent leurs droits et les traitent comme un cinquième rang. C’est alors que les services de sécurité et les groupes extrémistes de droite le guettaient continuellement pour le frapper et frapper ses propositions qui mettent en danger les principes de l’Etat hébreu et sa prétendue démocratie. Et dernièrement, cette poursuite s’est transformée en accusations graves, exploitant ses contacts et ses visites en Syrie et au Liban pour l’accuser d’avoir communiqué des informations à l’ennemi et au Hezbollah.

Auparavant, les services israéliens de sécurité n’ont pas pu lui porter atteinte, alors qu’il défendait les droits de citoyenneté des Arabes qui constituent le cinquième des habitants d’Israël. Aujourd’hui, la société israélienne qui s’est transformée en rebut de colons alors que les anciennes élites d’immigrés européens n’existent plus, se trouve dans une impasse grave. En se débarrassant de Béchara, Israël met les Arabes d’Israël devant le choix suivant : subir le destin de Béchara ou devenir des citoyens de second degré en se soumettant au racisme imposé par l’Etat hébreu.

Selon certains avis, l’insistance du gouvernement d’Olmert à mettre fin au phénomène de Azmi Bishara coïncide avec le sommet de Riyad qui a, pour la première fois, fait tomber de nombreux tabous. Israël a alors cru que c’était la saison des concessions. Mais tout ceci n’empêchera pas Béchara de poursuivre sa lutte même s’il a quitté son siège à la Knesset. Il pourrait même tenter le risque de revenir pour affronter ses ennemis dans un jugement public qui mettrait à nu la démocratie d’Israël.

2 mai 2007 - Al Ahram Hebdo - Vous pouvez consulter cet article à :
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