16 septembre 2017 - CONNECTEZ-VOUS sur notre nouveau site : CHRONIQUE DE PALESTINE

La presse israélienne ne donne pas cher de la peau d’Ehoud Olmert

jeudi 3 mai 2007 - 06h:30

Benoît Vitkine - Le Monde

Imprimer Imprimer la page

Bookmark and Share


Elle-même très acerbe depuis plusieurs mois, la presse israélienne semble avoir été surprise par la violence des critiques contre Ehoud Olmert contenues dans le rapport sur la conduite de la guerre au Liban. Pour le Yedioth Aharonot, l’un des principaux quotidiens israéliens, "la commission Winograd a osé faire ce qu’aucune autre commission n’a fait avant elle, mettant sur le même plan la responsabilité ministérielle d’une personnalité politique et la responsabilité criminelle".

JPEG - 7.5 ko
Pour la presse israélienne, la démission d’Ehoud Olmert est "inéluctable"
(Ph. AFP/Menahem Kahana)

La question que se posent tous les éditorialistes, mardi 1er mai, est désormais celle de la démission d’Ehoud Olmert. Elle est "inéluctable", pour le Yedioth Ahronot. "Même si cette démission ne devrait pas se produire avant plusieurs mois. Le premier ministre va engager une bataille pour sa survie, jusqu’à la publication de la version complète du rapport [au mois de juillet] et peut-être même après."

"L’entourage d’Olmert a conscience de l’amère vérité : il ne peut rester premier ministre après un tel rapport", écrit Maariv. Pour le Yedioth Ahronot, les conclusions du rapport Winograd sont, en fait, encore plus cruelles : "Ce qui ressort de ce rapport est un appel au public à juger sévèrement le premier ministre. La commission laisse l’opinion décider de la suite". Une subtilité qu’Haaretz décrit d’une manière qui rend compte de la lourdeur de l’atmosphère qui règne sur la scène politique israélienne : "Eliahou Winograd a placé la corde autour du cou d’Olmert et a serré. Reste à savoir qui va donner le coup de pied dans le tabouret sur lequel se tient le premier ministre".

Tzippi Livni en embuscade

A cette question, trois réponses possibles, selon les journalistes israéliens : Ehoud Barak, qui pourrait se positionner comme une alternative à Olmert ; Tzippi Livni, qui apparaît aujourd’hui comme le successeur le plus probable à l’actuel premier ministre ; la rue, enfin, qui prépare des manifestations monstres dans tout le pays. Haaretz décrit le jeu d’équilibriste auquel se livre Mme Livni, la ministre des affaires étrangères du gouvernement Olmert, "obligée de garder ses distances avec M. Olmert, dans ses mots et jusque dans le langage de son corps".

Un éditorialiste d’Haaretz va plus loin. "La question de la responsabilité personnelle appartient au passé", écrit-il. "La question qui se pose maintenant concerne le futur : ce gouvernement Olmert peut-il diriger le pays si survient une nouvelle guerre - ce que les renseignements estiment plus que probable -, et gagner ? La réponse est clairement ’non’".

Le quotidien de la droite conservatrice, Jerusalem Post, cherche lui aussi à élargir le débat en se projetant dans l’avenir, un avenir duquel M. Olmert est déjà absent : "Avec tout le respect dû au premier ministre, la carrière politique d’Ehoud Olmert n’est pas la question centrale qui doit être posée à l’agenda politique. Ce qui est plus critique est de faire en sorte que ce pays soit gouverné par des hommes et des femmes capables de protéger le peuple d’Israël."

Benoît Vitkine - Le Monde, le 1er mai 2007

(Avec AFP) - Première démission dans le gouvernement Olmert.

Le ministre sans portefeuille Eytan Cabel a annoncé, mardi 1er mai, au cours d’une conférence de presse, sa démission du gouvernement d’Ehoud Olmert. "A la suite de la publication de ce rapport, je ne peux pas rester dans un gouvernement dirigé par Ehoud Olmert", a affirmé M. Cabel, expliquant que le premier ministre qui "a perdu la confiance de la population doit démissionner immédiatement". -
LEMONDE.FR avec AFP et Reuters

Ehoud Olmert ne veut pas que le rapport Winograd soit exploité "à des fins politiques"

La crise politique prend de plus en plus d’ampleur en Israël après la publication, lundi 30 avril, d’un rapport mettant en avant les responsabilités du premier ministre, Ehoud Olmert, et du ministre de la défense, Amir Péretz, dans les ratés de la guerre au Liban de l’été 2006. A tel point que ce dernier, issu du Parti travailliste, pourrait présenter sa démission dès mercredi, selon Radio Israël et la radio de l’armée israélienne. Citant de proches collaborateurs de M. Péretz, les médias israéliens indiquent qu’il envisagerait de démissionner "dans les prochaines heures".

Ce serait ainsi le deuxième ministre à quitter ses fonctions après son collègue sans portefeuille Eytan Cabel, également travailliste, qui a démissionné mardi, estimant que M. Olmert a "perdu la confiance de la population" et "doit démissionner immédiatement".

Tzipi Livni pourrait remplacer Ehourd Olmert

En effet, depuis lundi, les appels à la démission du premier ministre se multiplient, à l’intérieur même de son propre camp. A ses détracteurs, M. Olmert a répondu, mercredi, lors d’une réunion spéciale du cabinet consacrée au rapport Winograd : "A tous ceux qui sont pressés de tirer avantage du rapport à des fins politiques, je dis de ne pas se précipiter." Une façon détournée d’affirmer une nouvelle fois qu’il ne quittera pas son poste. "Il n’y a pas de doute que le rapport met en évidence des échecs extrêmement sérieux dans la conduite [de la guerre] par le gouvernement, et surtout moi-même", a-t-il cependant reconnu, annonçant que son gouvernement allait mettre en place "une équipe pour tirer et appliquer les conclusions de la commission Winograd", du nom d’un ancien juge qui la préside.

Après plusieurs députés de Kadima - le parti de M. Olmert -, c’était au tour, mercredi matin, du chef du groupe parlementaire de cette formation d’estimer que le premier ministre devrait quitter son poste. "Un dirigeant ne peut diriger un peuple que s’il jouit d’une légitimité et s’il a sa confiance. Le premier ministre devrait agir de manière responsable et démissionner pour qu’une nouvelle coalition soit formée par Kadima", a déclaré Avigdor Yitzhaki, qui a même menacé de de quitter ses fonctions si M. Olmert ne le faisait pas.

Manifestation prévue jeudi

Selon la radio militaire, Avigdor Yitzhaki a évoqué, mardi, avec des députés de son parti le remplacement éventuel de M. Olmert par la ministre des affaires étrangères, Tzipi Livni, qui, selon la télévision publique, devrait faire connaître son point de vue sur cette affaire mercredi. Le groupe parlementaire du Kadima doit également prendre une décision à ce sujet jeudi, lors d’une réunion spéciale du Parlement consacrée aux conclusions du rapport, qui estime que M. Olmert a essuyé "un échec sévère".

Une grande manifestation appelant à la démission de MM. Olmert et Péretz, le ministre de la défense, également épinglé dans le rapport, est prévue jeudi à Tel-Aviv à l’appel d’organisations de gauche et de droite, d’associations de réservistes et de familles des soldats et civils tués l’été dernier au Liban. Enfin, un pourvoi déposé mardi devant la Cour suprême d’Israël en vue de démettre le premier ministre de ses fonctions a été rejeté dans la journée.

Le Monde.fr avec AFP et Reuters, le 2 mai 2007


Les articles publiés ne reflètent pas obligatoirement les opinions du groupe de publication, qui dénie toute responsabilité dans leurs contenus, lesquels n'engagent que leurs auteurs ou leurs traducteurs. Nous sommes attentifs à toute proposition d'ajouts ou de corrections.
Le contenu de ce site peut être librement diffusé aux seules conditions suivantes, impératives : mentionner clairement l'origine des articles, le nom du site www.info-palestine.net, ainsi que celui des traducteurs.