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En finir avec les mythes sur la migration

mardi 26 novembre 2013 - 04h:12

IRIN News

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L’opinion publique généralement négative sur la migration et les migrants est moins souvent fondée sur les faits, tels que le nombre réel de migrants qui arrivent dans un pays donné, que sur tout un tas d’idées reçues selon lesquelles les migrants voleraient les emplois des travailleurs locaux, augmenteraient les taux de criminalité et pèseraient sur les services publics.

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De nombreux migrants qualifiés de « clandestins » sont en fait des demandeurs d’asile, comme ce groupe de Syriens réunis devant un centre d’accueil en Bulgarie - Photo : IRIN/Jodi Hilton

De nombreuses études réalisées par des universitaires et des chercheurs réfutent la plupart de ces préjugés. IRIN examine ici les principaux mythes associés à la migration et fournit certains éléments qui les remettent en cause.

Mythe n° 1 : La majorité des migrants viennent des pays pauvres du Sud pour aller s’installer dans les pays du Nord, plus riches

Les faits : Moins de la moitié (40 pour cent) de tous les migrants dans le monde émigrent des pays en développement du Sud vers les pays développés du Nord. Selon les données du sondage Gallup publié dans le rapport État de la migration dans le monde 2013 de l’Organisation internationale des migrations, au moins un tiers des migrants se déplacent d’un pays en développement à un autre (Sud-Sud) ; et 22 pour cent d’un pays développé à un autre (Nord-Nord). Seulement 5 pour cent des migrants se déplacent du Nord au Sud. Ce pourcentage est faible, mais il ne cesse de croître.

Mythe n° 2 : Les migrations se multiplient

Les faits : Le nombre de migrants internationaux a atteint 232 millions en 2013 (contre 175 millions en 2000 et 154 millions en 1990), mais cette augmentation est principalement due à la croissance démographique. La part des migrants dans l’ensemble de la population mondiale est relativement stable et se situe autour de 2,5 et 3 pour cent. Plusieurs études ont démontré que dans les pays d’accueil des migrants, la taille de la population migrante est constamment surestimée, ce qui renforce l’idée que les migrants sont « trop nombreux ».

Mythe n° 3 : La lutte contre la pauvreté et contre l’absence de développement dans les pays d’origine des migrants permettrait de réduire la migration vers les pays plus riches

Les faits : Dans les pays pauvres, le développement socio-économique mène à une migration accrue, et non réduite, du moins à court et à moyen terme. Les migrants sont souvent décrits comme étant des personnes pauvres et démunies. Pourtant, migrer sur de longues distances exige des ressources considérables. M. Hein de Hass, directeur adjoint de l’Institut des migrations de l’Université d’Oxford, a souligné que migrer impliquait aussi une connaissance des opportunités qui se présentent ailleurs, qui témoigne généralement d’un certain niveau d’éducation et d’un accès aux médias modernes. Un développement accru permet à une plus grande partie de la population de pouvoir prétendre à la migration et de disposer des ressources nécessaires.

Mythe n° 4 : Des contrôles et des réglementations aux frontières plus stricts freinent les migrations clandestines

Les faits : Lorsqu’il n’y a pas d’autre solution d’un point de vue juridique, les migrants et les demandeurs d’asile sont plus susceptibles d’avoir recours à l’immigration clandestine. Souvent, cela signifie que les migrants doivent faire appel à des passeurs et emprunter des trajets dangereux, voire mortels. Des tragédies comme le récent naufrage au large de l’île italienne de Lampedusa, où 350 migrants ont perdu la vie alors qu’ils tentaient de gagner l’Europe, engendrent généralement des appels au renforcement des contrôles aux frontières qui ne font souvent que détourner les flux de migration clandestine plutôt que les réduire de façon significative. Paradoxalement, des études ont montré que des contrôles aux frontières plus stricts permettent d’éviter la migration circulaire et à court terme, dans le cadre de laquelle les migrants retournent régulièrement chez eux avant de repartir dans les pays d’accueil. Ces contrôles les forcent également à rester dans les pays de destination plus longtemps en raison des difficultés et des dépenses liées à la réadmission dans les pays.

Mythe n° 5 : Les migrants occupent des postes qui devraient revenir aux travailleurs locaux

Les faits : Les répercussions de l’immigration sur les marchés du travail sont complexes et variées, et dépendent du moment et du lieu. Dans les pays développés, surtout en période de croissance économique, les travailleurs migrants exercent souvent des emplois peu qualifiés et à faibles revenus que les travailleurs locaux refusent. Bien que la concurrence pour ces emplois puisse être accentuée en période de ralentissement économique, l’immigration peut aussi créer des emplois en stimulant la croissance économique. En outre, les entreprises créées par des migrants embauchent souvent des travailleurs locaux. Il existe une forte corrélation entre les taux d’immigration et les taux de croissance économique. Lorsque la croissance est faible et que les opportunités d’emploi se font rares, l’immigration ralentit.

Mythe n° 6 : Les migrants pèsent sur les services sociaux et les ressources publiques

Les faits : Dans de nombreux pays, les migrants (surtout les clandestins) ne bénéficient pas d’un accès aux services sociaux, tels que la santé publique et le logement. Lorsqu’ils ont accès au système de protection sociale, ils sont moins susceptibles de l’utiliser, en partie parce la population migrante est essentiellement composée de jeunes adultes dont les besoins en termes de santé et d’éducation sont moindres. Une étude réalisée par l’University College de Londres a révélé que les migrants récemment arrivés au Royaume-Uni sont à 45 pour cent moins susceptibles de recevoir des prestations sociales ou des crédits d’impôt que les Britanniques. L’étude a également conclu que les migrants apportaient davantage par l’impôt que ce qu’ils reçoivent en prestations sociales.

Mythe n° 7 : Les individus qui entrent illégalement dans un pays sont des immigrés clandestins

Les faits : Si le passage d’une frontière sans papiers constitue une violation des lois sur l’immigration, l’individu n’est pas pour autant un « clandestin », surtout s’il est demandeur d’asile. La Convention relative au statut des réfugiés des Nations Unies reconnaît le droit des personnes fuyant les persécutions d’entrer dans un pays en vue de demander l’asile, qu’elles soient ou non en possession de titres de circulation valides. Même dans le cas de ceux qui ne demandent pas l’asile, les violations des lois sur l’immigration sont considérées comme des délits de droit civil plutôt que des infractions pénales. Au cours de l’année passée, plusieurs médias ont cessé d’utiliser le terme « immigrant clandestin » et l’ont remplacé par migrant « sans-papiers » ou « en situation irrégulière ».

Mythe n° 8 : La plupart des migrants sont « clandestins »

Les faits : Pour des raisons évidentes, il est très difficile de recenser les migrants en situation irrégulière, mais ils ne représentent qu’une fraction du nombre total de migrants internationaux. Aux États-Unis par exemple, près de 25 pour cent de la totalité des migrants sont sans-papiers. En Europe, le taux est beaucoup plus faible, et entre 7 et 12 pour cent seulement de la « population étrangère » était constituée de migrants sans-papiers en 2008. Comme mentionné au point précédent, ceux qui fuient les persécutions et les conflits dans des pays tels que la Somalie, la Syrie et l’Afghanistan n’ont souvent d’autre choix que de passer les frontières sans papiers. Parfois, ils peuvent aussi avoir recours aux mêmes passeurs que les migrants économiques. Cependant, une fois qu’ils ont demandé l’asile, ils sont soumis à la législation relative aux réfugiés plutôt qu’aux lois sur l’immigration.

25 novembre 2013 - IRINI News - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.irinnews.org/fr/report/9...


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