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Israël détruit les moyens d’existence de la population bédouine

samedi 28 avril 2007 - 07h:16

Dukium.org

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Le gouvernement d’Israël est en train de détruire le moyen d’existence principal de la population bédouine en Israël : l’élevage de moutons, ce qui a pour conséquence d’intensifier leur pauvreté.

Plus de 80% des enfants bédouins vivent sous le seuil de pauvreté.

Plus de 25% de la population bédouine gagne sa vie en élevant des moutons.

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Démolition d’une maison bédouine dans le Neguev - Photo Dukium

Et malgré cela, le gouvernement israélien réduit exprès les terres de pâturage, détruit les puits, protège les fermiers laitiers juifs au dépens des éleveurs de moutons bédouins et refuse d’associer les éleveurs bédouins aux décisions concernant leur future.

Exemple : les terres de pâturage d’Al-Hibu - Cette terre sablonneuse est située à l’ouest du Néguev et est utilisée comme pâturage par la tribu El-Azazme. Israël a décidé d’y installer un important camp d’entraînement et a pris le contrôle de la terre pour la formation de l’armée. Il n’y a que la moitié des terres de pâturages qui soient aujourd’hui allouées aux bergers d’El-Azazme et ce uniquement pour une période de temps très limitée (entre la mi-février et la mi-avril) au lieu des quatre mois que la nature permet.

De plus, des parties de la « zone militaire » ont été morcelées pour les kibboutzim dans la zone pour une agriculture irriguée (les Bédouins ont droit ni à des terres agricoles ni à l’eau d’irrigation), puis la terre a été parcellisées pour des moshavim (une autre sorte de colonies agricoles juives) dans la région. Puis un millionnaire américain a reçu une parcelle de terre pour ériger une ferme d’autruches.

Enfin, dans la moitié de la zone militaire fermée en permanence, des serres ont été construites, des arbres fruitiers et des champs irrigués ont été plantés, des maisons ont été construites et tout cela a été remis aux colons juifs déplacés de la Bande de Gaza. Maintenant, déclare l’armée, ils ne peuvent même pas les autoriser à faire paître leurs troupeaux sur les terres restreintes restantes étant donné que l’armée a dû abandonner certaines des terres d’entraînement au profit des colonies agricoles juives suite aux échecs de la dernière guerre. Ainsi le revenu de milliers de familles bédouines va être détruit et ils seront réduits à vivre des aumônes que voudra bien leur donner le gouvernement.

Cette même zone militaire se trouve sur la frontière égyptienne. Le règlement ne permet pas aux militaires de s’entraîner tout près de la frontière. Dans le passé, les bergers pouvaient utiliser cette bande de terre comme pâturage mais ces deux dernières années, l’armée a décidé d’une punition collective : ils prétendent que des contrebandiers bédouins utilisaient cette frontière alors aucun Bédouin n’a plus le droit de mener son troupeau dans cette zone.

Autre exemple : la zone d’Ovdat - Ovdat est située plus au sud en zone aride. En conséquence il faut plus de pâturages pour nourrir les troupeaux. La grande majorité de Bédouins dans cette région vivent de la production provenant du cheptel. Le gouvernement considère la pâture comme négative malgré le fait que des peuples ont utilisé cette région comme pâturage bien avant la période d’Abraham. Il n’y a pas de revendications sur la terre, aucun dommage à la terre et à la nature étant donné que depuis 5.000 ans la « nature » s’est formée à travers les pâturages. Alors le gouvernement a parcellé cette région pour les ranchers juifs : des centaines d’hectares par ranch, à condition qu’ils les clôturent.

Le reste de la zone a été désigné par le gouvernement soit comme zone militaire d’entraînement soit comme réserve de la nature. Voilà : il ne reste plus rien pour les pâturages. Salman avait à une époque un merveilleux troupeau de centaines de moutons et de chèvres. C’était l’époque où il a aidé l’armée israélienne lors de ses opérations dans la région. Aujourd’hui, Salman a vieilli et n’intéresse plus l’état. Salman a aujourd’hui sept chèvres affamées. Deux chèvres sont mortes de faim le mois dernier étant donné qu’il ne pouvait plus les amener paître et qu’il n’avait plus d’argent pour leur acheter de la nourriture. Maintenant reste la question : comment nourrira-t-il ses enfants ?

Ces événements ne sont pas exceptionnels dans le Néguev. Des histoires semblables pourraient remplir des livres.

Le « Regional Council for the Unrecognized Bedouin Villages in the Negev » (RCUV) conjointement avec le comité des éleveurs de moutons ont déposé une pétition sous forme de requête à la Cour Suprême Israélienne pour protester devant le fait que cette année le gouvernement a refusé d’ouvrir environ 50% des terres de pâturage. La menace de cette pétition a fait que le gouvernement a ouvert une partie des terres - mais pas assez et pour une durée trop courte.

Mais ce combat du gouvernement israélien contre les moyens d’existence des bédouins est plus systématique - par exemple, la destruction des puits utilisés par les bédouins pour eux-mêmes et leurs troupeaux.

Il y a deux semaines, la « Patrouille Verte » (une patrouille quasi policière créée en 1978 pour contrôler les déplacements des bédouins et de leurs troupeaux et qui est sous la juridiction de la « Land Authority » israélienne) a confisqué à des gens qui étaient en train de les cueillir, plusieurs centaines de kilos de plantes ?protégées’.

Les officiers de la patrouille verte ont ensuite choisi de jeter ces plantes dans un puits qui sert à cette époque à abreuver des centaines de moutons chaque jour au moment où ils paissent et à beaucoup d’autres bêtes lors de leur long et pénible retour à la maison. Lorsque le Sheikh bédouin leur a demandé « pourquoi ? », la réponse qu’il a reçue était que « nos supérieurs sont d’accord ». Le puits est maintenant contaminé et les bergers doivent amener de l’eau de très loin à l’aide de tracteurs et de remorques.

Et un autre puits dans la région d’Ovdat a été rempli de sable la semaine dernière par quelque agence gouvernementale : soit la patrouille verte ou l’autorité de la réserve de la nature ou l’armée. Chacun blâme l’autre alors qu’en fait il est probable que cela ait été fait en collaboration entre ces différentes agences gouvernementales. Ce puits aussi avait probablement été utilisé depuis l’époque d’Abraham.

Et plus encore :

Il est difficile pour les bédouins d’obtenir des papiers pour le transport des animaux par manque d’infrastructure dans leurs villages non-reconnu. Il y a un an, la réglementation est devenue encore plus difficile. Le Comité des Eleveurs Bédouins de moutons a demandé les services vétérinaires pour faciliter les nouvelles réglementations. Le directeur des services vétérinaires a donné son accord. Une année a passée et les éleveurs attendent toujours...

Le Néguev a été touché par la fièvre aphteuse. Les réglementations édictées par les services vétérinaires ont pour but de protéger les intérêts des quelques fermiers laitiers juifs plutôt que ceux des éleveurs de moutons bédouins beaucoup plus nombreux et dans le besoin.

Le RCUV a organisé les éleveurs de moutons et ils ont élu le Comité d’Eleveurs de Moutons Bédouin.

Afin de travailler avec le gouvernement pour améliorer la production d’élevage, le Comité a demandé une réunion avec le directeur de l’Autorité de Pâturage. Le directeur des bureaux du ministère de l’agriculture dans le Néguev, Yoav Morag, a interdit à cet officiel de rencontrer le Comité des Eleveurs de Moutons Bédouin en dehors de sa présence. La réunion a été annulée et a été renvoyée à neuf mois ! Quand finalement nous nous sommes réunis, les premiers mots de Morag étaient : « Qui êtes-vous ? Je ne reconnais pas votre existence en tant que comité et organisme représentatif ». Aucune discussion positive n’a bien sûr été possible lors de cette réunion.

A cause du manque de soutien montré par Morag au bureau du Néguev, le Comité des Eleveurs de moutons Bédouin ont demandé une réunion avec le ministre de l’agriculture, Shalom Simhon, et avec la direction du Département de l’agriculture, Yael Shaltiel. La raison de cette réunion était de discuter sur les difficultés rencontrées par les éleveurs et les solutions possibles. Le député Haim Oron ainsi que d’autres députés et amis ont demandé que cette réunion ait bien lieue. Cela fait un an déjà et le ministre et son directeur du département refusent toujours de rencontrer le Comité des Eleveurs de Moutons Bédouin.

Comment pouvons-nous nous attaquer aux besoins des éleveurs quand nous ne pouvons même pas en discuter ?

Pour protester contre tout cela et avant tout contre la réticence à nous parler, nous organisons une manifestation jeudi 3 mai devant le ministère de l’agriculture à Beit Dagan.

Rejoignez-nous !

D’autres détails vous seront communiqués dans les jours à venir.
Pour plus d’information :V
Yeela Livnat Raanan, RCUV : tel : 054 748 7005 -
yallylivnat@gmail.com

The Regional Council for the Unrecognized Villages in the Negev
Tel : 972 8 628 3043
Fax : 972 8 628 3315

26 avril 2007 - http://dukium.org
Traduction de l’anglais : Ana Cléja


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