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Israël connait un racisme florissant (vidéo)

dimanche 20 octobre 2013 - 13h:03

David Sheen

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Une décision de la Haute Cour israélienne le 16 septembre a ordonné l’annulation d’une loi autorisant la détention pour une durée indéfinie, des demandeurs d’asile en provenance d’Afrique, et a déclenché le jour suivant une manifestation de protestation à laquelle participaient des centaines d’habitants de Tel-Aviv.

Bloquant le croisement à l’entrée du marché Hatikva dans le sud de Tel Aviv, pendant une heure et demie, des Israéliens juifs ont condamné la décision du tribunal, qui impose que les 2000 Africains emprisonnés en Israël sur la base de la loi invalidée, soient libérés dans les 90 jours.

Ces dernières années, le sud de Tel Aviv a vu arriver quelques 30 000 ressortissants africains non-juifs, pour la plupart entrés dans le pays en traversant la frontière désertique d’Israël avec l’Égypte.

Les Israéliens opposés à leur présence les accusent de migrer vers Israël uniquement pour gagner plus d’argent que ce qu’ils pouvaient espérer dans leur pays d’origine, tandis que les défenseurs des Africains affirment que la plupart d’entre eux ont fui des régimes dictatoriaux et des campagnes de nettoyage ethnique .

Attiser les flammes

L’amendement invalidé est représentatif des efforts non dissimulés du gouvernement israélien pour dissuader les ressortissants africains de venir [en Israël] et convaincre ceux qui sont déjà dans le pays de repartir rapidement. D’autres mesures anti- africaines mises en œuvre par le gouvernement comprennent la construction de clôtures aux frontières et le refus d’accorder le statut de réfugié ou un permis de travail même temporaire à la grande majorité des demandeurs d’asile.

Sans aucun moyen légal de subsistance, la plupart des Africains reste pauvres, vivant dans les seules zones où ils peuvent se permettre : les quartiers qui étaient déjà pauvres au départ.

Certains Israéliens venus de la gauche politique et du centre ont exhorté le gouvernement à accorder le droit de résidence pour les demandeurs d’asile, ce qui leur permettrait de contribuer à l’économie, de gagner leur vie et de soulager quelque peu le fardeau économique qu’ils peuvent représenter sur les quartiers les plus démunis, comme dans le sud de Tel Aviv. Mais l’extrême droite politique et religieuse, qui gouverne sans interruption depuis 2009, refuse d’envisager cette possibilité car elle s’oppose avec véhémence à toute proposition qui permettrait à un nombre important de personnes non-juives de rester dans le pays sur le long terme.

Au cours des trois dernières années , des habitants en colère du sud de Tel Aviv ont à plusieurs reprises manifesté dans la rue, traversant les quartiers désormais habités par un nombre important d’Africains, exigeant qu’ils soient tous expulsés du pays. Les députés de droite ont cherché à marquer des points politiques en participant aux manifestations et en attisant les flammes de la haine raciale. Avec des élections municipales prévues pour le 22 octobre, plusieurs candidats au conseil municipal de Tel Aviv et Jaffa comptaient gagner des points en participant à la manifestation du 17 septembre avec leurs militants et leurs pancartes et banderoles.

Effrayant

La vidéo ci-dessus, que j’ai saisie lors de la manifestation, donne au spectateur un aperçu rapide mais des plus effrayants de l’ultra-nationalisme qui s’est développé en Israël au cours des dernières années. L’organisateur de la manifestation qualifie tous les Africains d’esclaves, sous les acclamations de la foule.

Michael Ben-Ari , un ancien membre du parlement israélien, la Knesset, appelle à la loi martiale pour empêcher « dix millions de Chinois, cinq millions d’Indiens et vingt millions d’Africains » d’entrer dans le pays et de faire d’Israël - aujourd’hui un « État juif » - un « État multinational ». On voit et on entend des enfants crier : « le peuple exige l’expulsion des Soudanais », pour la plus grande joie de leurs parents !

Mais ce qui ressort pour moi comme l’épisode le plus révélateur de la soirée est mon entrevue avec un soldat israélien de 20 ans, en civil, qui dit qu’il a peur d’être attaqué quand il marche dans le quartier, même quand il est armé avec un fusil d’assaut. Quand j’ai demandé ce qui lui était arrivé et qui avait suscité ces craintes si fortes, il m’a répondu que l’angoisse le saisissait quand il voyait des personnes non- juives - des Africains - fumer et faire la cuisine à l’extérieur, lors du Yom Kippour, jour où ces comportements sont interdits aux personnes juives.

Il est difficile d’imaginer qu’il puisse y avoir une seule personne juive dans le monde en dehors d’Israël, qui en sortant de la synagogue le jour du Yom Kippour et en voyant une personne non-juive tirer sur sa cigarette ou se préparer un hamburger sur un barbecue, qui craingne alors soudainement pour sa vie.

Le fait qu’il s’agisse là du ressenti d’un soldat israélien prêt à en découdre, de Tel Aviv - la plus grande ville à majorité juive dans l’histoire du monde - nous amène à supposer que cette crainte des demandeurs d’asile africains a probablement plus à voir avec la propagande parrainée par l’État et consistant à diaboliser personnes « non-juives et non-blanches », qu’avec des caractéristiques supposées que la propagande raciste attribue à ses victimes .

* David Sheen est écrivain et réalisateur de films. Né à Toronto au Canada, il vit aujourd’hui à Dimona. Son site internet est http://www.davidsheen.com et il peut être suivi sur Twitter : @davidsheen

8 octobre 2013 - The Electronic Intifada - Vous pouvez consulter cet article à :
http://electronicintifada.net/conte...
Traduction : Info-Palestine.eu


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