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En échange d’armes israéliennes, l’Ouganda signe un pacte où il accepte les réfugiés africains dont Israël veut se débarrasser

samedi 31 août 2013 - 06h:30

Richard Silverstein

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La culpabilité juive est un phénomène de la diaspora. Elle ne semble pas être arrivée jusque dans le lexique sioniste.

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De l’homme africain fort (Museveni) à l’homme fort sioniste
(Avi Ohayon/GPO)

C’est l’une des nombreuses et épouvantables ironies de l’histoire du sionisme moderne, où un pays que Theodor Herzl avait autrefois considéré comme un site pour sa patrie juive, l’Ouganda, a signé un accord secret pour accepter les milliers de réfugiés africains dont Israël veut se débarrasser. Les seuls à ne pas saisir l’ironie sont le Premier ministre d’Israël, Netanyahu, et la plupart de ses concitoyennes et concitoyens. Depuis longtemps, ils se souviennent de leur situation de sans-abri qui a amené l’État d’Israël à exister. Depuis longtemps ils se souviennent des préjugés et de la violence qui ont conduit les juifs à fonder une patrie où ils pourraient se sentir en sécurité et poursuivre une nouvelle vie (en volant la patrie d’un peuple – ndt).

Curieusement, les autorités ougandaises ne semblent pas au courant de l’accord et le nient dans cet article de Reuters.

Cet accord est véritablement un pacte signé avec le diable. L’un de ses partisans déterminants, et confident de l’homme fort de l’Ouganda, Museveni, est Rafi Eitan. C’est l’ancien espion du Mossad responsable de l’affaire Jonathan Pollard, qui a conduit Israël dans la situation la plus tendue qu’il n’a jamais connue avec les Renseignements américains.

Israël va fournir à l’Ouganda de nouveaux systèmes d’armement que ce pays pourra utiliser pour renforcer le régime autocratique de sa présidence. Pour servir à d’autres interventions de Musevini au Congo et au Rwanda, et à ses combats contre les rebelles dans les provinces du Nord. Ces armements incluent des drones sophistiqués, des canons automoteurs, des systèmes de surveillance, et des perfectionnements pour les MIG 21 de l’armée de l’air, notamment une formation des pilotes en Israël.

L’Ouganda est l’un des pays d’Afrique connus non seulement pour avoir déclaré illégale l’homosexualité, mais pour leurs assassinats d’homosexuels. Museveni a gagné les « élections » par une victoire écrasante. Des journalistes ont été menacés et la presse est limitée. Ce nouveau pacte servira à ratifier l’ensemble particulier des haines et préjugés nationaux.

Bref, Museveni et Israël s’entendent comme deux larrons en… paradis (ou ailleurs, plus bas). Israël aime les hommes forts. Les plus brutaux sont les meilleurs. Il a eu une histoire d’amour avec Moubarak, il a aimé tous les rois, notamment Hussein (de Jordanie) et Hassan (du Maroc). Il aimerait les Saoudiens s’il n’y avait pas l’inconvénient de l’intolérance wahhabite de ces derniers à l’égard des juifs.

Ce qu’Israël perd de vue, c’est qu’il est connu par les « amis qu’il garde ». En d’autres termes, si vous couchez avec des dictateurs, vous vous réveillez avec leurs puces. Ce n’est pas par hasard qu’en tant que démocratie, Israël est étranglé par son gouvernement ultra-nationaliste, qu’il se rapproche de plus en plus de personnages africains peu appétissants comme Museveni et Mugabe.

Dans le cas présent, tout Israélien lisant ceci se demandera (bien que ce soit improbable) comment les réfugiés expulsés seront traités en arrivant dans leur nouveau « foyer ». Un journaliste ougandais a déclaré ceci :

« Les migrants venant d’Israël seront probablement envoyés dans des camps gérés par l’Agence des Nations-Unies pour les réfugiés. "Les conditions de vie qui existent dans ces endroits sont épouvantables" dit Nkunda. Ce sont en fait de vastes prisons et les réfugiés ne sont pas autorisés à sortir sans l’autorisation des autorités. Nous les appelons des "entrepôts pour êtres humains". »

Notez cette autre ironie : les expulsés, non reconnus par Israël comme des réfugiés, seront conduits dans des camps gérés par les Nations-Unis pour… réfugiés. Cela signifie que la seule partie qui refuse de reconnaitre qu’ils sont des réfugiés, c’est Israël (car cela signifierait qu’ils ne sont pas expulsables). C’est cette même nation qui a été créée par des réfugiés pour être un refuge pour personnes déplacées. Cette ironie pourrait bien être un peu pénible à contempler, tant il y en a dans cette histoire.

Si Netanyahu et les nationalistes radicaux d’Israël avaient un quelconque sens de la culpabilité juive, vous pourriez les mettre dans l’embarras avec cette pléthore d’ironies. Mais la culpabilité juive est un phénomène de la diaspora. Elle ne semble pas avoir être arrivée jusque dans le lexique sioniste.


Lire aussi notamment :

- Les visages mal cachés de l’« Israélafrique » - Gilles Meunier
- Israël à la conquête de l’Afrique - M’hammedi Bouzina Med

29 août 2013 - Blog de Richard Silverstein - traduction : Info-Palestine/JPP


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