16 septembre 2017 - CONNECTEZ-VOUS sur notre nouveau site : CHRONIQUE DE PALESTINE

Confusion à Gaza : le Hamas très inquiet du drame de l’Égypte

samedi 6 juillet 2013 - 11h:02

Uruba Othman – Al Akhbar

Imprimer Imprimer la page

Bookmark and Share


Le Hamas n’est plus seulement une faction de la résistance, il est aussi une entité dirigeante qui sera liée par la logique des intérêts quand il s’agira de traiter avec le prochain régime en Égypte, quel qu’il soit.

JPEG - 24.6 ko
Une fillette palestinienne attend au terminal frontalier de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, pour passer dans l’Égypte voisine, le 4 juillet ; le passage a été ouvert pour des raisons humanitaires et permettre aux malades de traverser.
(Photo AFP – Said Khatib)




La bande de Gaza observe de très près les évènements qui se déroulent en Égypte, mais sans n’être rien de plus qu’un spectateur. Les réactions à Gaza restent dans les limbes ; Gaza ne peut ni pleurer le départ du pouvoir du groupe islamiste, ni le célébrer.

Seul le temps nous dira si Gaza va profiter ou souffrir de l’initiative de l’armée égyptienne de chasser Mohamed Mursi. En ces temps incertains, les Palestiniens de Gaza s’abstiennent d’exprimer publiquement leurs opinions, étant donné le soutien de leurs dirigeants au régime égyptien.

La dernière chose que veut le Hamas c’est de se mettre à dos le nouveau président égyptien – pas plus que les médias anti-Frères musulmans d’ailleurs -, de crainte que ces derniers n’en prennent ombrage contre lui.

Bien des préoccupations harcèlent le Hamas à Gaza, qui craint la résurgence des associés du régime Moubrak et de sa politique, y compris le blocus brutal de Gaza et de sa population. Certes, le régime dirigé par la Confrérie des Frères musulmans n’a pas aboli le traité de Camp David ni les accords gaziers avec Israël, ni fermé l’ambassade israélienne, ni encore mis fin au blocus de Gaza, mais il avait assoupli les restrictions sur Gaza en ouvrant le passage de Rafah, qui avait été fermé sous Moubarak.

Le Hamas n’est plus seulement une faction de la résistance, il est aussi une entité dirigeante qui sera liée par la logique des intérêts quand il s’agira de traiter avec le prochain régime en Égypte, quel qu’il soit. Des observateurs maintiennent que le Hamas – ce même parti qui a défendu l’administration de la Confrérie, même après qu’elle ait inondé les tunnels reliant Gaza à l’Égypte avec des eaux usées – souffrira seulement de l’effondrement de ce régime. Tout d’abord, la liberté de mouvement en Égypte pour les Palestiniens vivant à Gaza, garantie par les Frères musulmans l’an dernier, pourrait maintenant être une chose du passé.

Selon des fuites venant du Caire, les autorités égyptiennes ont l’intention d’arrêter tout dirigeant du Hamas qui entrerait sur le territoire égyptien. En attendant, l’armée égyptienne a renforcé sa présence le long de la frontière avec Gaza. Les tunnels ont été fermés presque complètement et le passage de Rafah est actuellement non opérationnel.

Tous ces signes sont inquiétants pour le Hamas. Des personnalités proches du groupe islamiste palestinien craignent le jour où une nouvelle guerre israélienne contre Gaza sera déclarée depuis le Caire, comme cela s’est produit en 2008 quand la ministre des Affaires étrangères israélienne de l’époque, Tzipi Livni, a laissé entendre l’opération Plomb durci, avant de rencontrer Moubarak.

Beaucoup comprennent aussi que l’agression israélienne de l’année dernière contre Gaza avait un goût différent de l’opération Plomb durci. En 2012, le Hamas n’avait pas le sentiment de combattre seul contre Israël. La Confrérie avait apporté son soutien moral et matériel, le Premier ministre de la Confrérie, Hisham Qandil, avait même insisté pour entrer dans Gaza même sous le feu.

Le Hamas a tout cela à l’esprit alors qu’il observe avec anxiété la chute de Mursi. Pour le Hamas, cela pourrait bien signifier que les médias égyptiens, qui luis sont déjà hostiles, deviennent encore plus durs et appellent à son renversement. Les opposants politiques du Hamas voient l’éviction de la Confrérie comme une aubaine pour le début de la fin pour tous les mouvements islamistes.

Rabah Mhanna, dirigeant du Front populaire pour la libération de la Palestine, a déclaré à Al-Akhbar, « Nous, au FPLP, soutenons le choix de l’écrasante majorité du peuple égyptien qui a décidé de renverser le régime de la Confrérie  ».

Mhanna était optimiste quant à une Égypte post-Confrérie. Dès que l’Égypte récupère, a-t-il avancé, le pays sera en mesure de répondre aux problèmes comme le blocus de Gaza. Peut-être qu’il commencera un nouveau chapitre de soutien à la cause palestinienne.

Pour Wissam Afifeh, analyste politique, il est peu probable que les relations Égypte-Gaza reviennent à ce qu’elles étaient sous Moubarak : « Les forces politiques égyptiennes opposées aux Frères musulmans ne sont pas intéressées pour reproduire le blocus et retrouver ces scènes de malades bloqués, incapables de sortir de Gaza ».

Pour Afifeh, il est probable que les nouveaux dirigeants d’Égypte mettent la pression sur le Hamas pour qu’il fasse quelques concessions pour la réconciliation avec le Fatah, mais il a écarté toute escalade brutale contre le Hamas.

L’analyste politique a nié également que la Confrérie des Frères musulmans ait apporté un changement radical dans la situation de Gaza, surtout en ce qui concerne le blocus. « Nous devons attendre jusqu’à ce que la stabilité intérieure soit restaurée en Égypte, avant de pouvoir accorder notre attention aux questions étrangères » a-t-il dit.

Afifeh a estimé que le Hamas ne se précipiterait pas pour exprimer sa solidarité avec la Confrérie en ces moments difficiles pour elle. « Le Hamas va traiter avec les dirigeants de facto, tout comme il avait traité auparavant avec le régime Moubarak » a-t-il dit. «  Le Hamas n’est plus seulement une faction de la résistance, il est aussi une entité dirigeante qui sera liée par la logique des intérêts quand il s’agira de traiter avec le prochain régime en Égypte, quel qu’il soit. »
<br<

Du même auteur :

- Gaza se lève : les « Rebelles » palestiniens contre l’occupation

Gaza, le 5 juillet 2013 - Al-Akhbar - traduction : Info-Palestine/JPP


Les articles publiés ne reflètent pas obligatoirement les opinions du groupe de publication, qui dénie toute responsabilité dans leurs contenus, lesquels n'engagent que leurs auteurs ou leurs traducteurs. Nous sommes attentifs à toute proposition d'ajouts ou de corrections.
Le contenu de ce site peut être librement diffusé aux seules conditions suivantes, impératives : mentionner clairement l'origine des articles, le nom du site www.info-palestine.net, ainsi que celui des traducteurs.