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MADIBA

jeudi 27 juin 2013 - 08h:49

K. Selim

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En Afrique du Sud mais aussi dans le monde entier, beaucoup ont cessé d’espérer et prient pour Nelson Mandela. L’homme est déjà dans l’histoire depuis longtemps et pourtant on ne se résignait pas vraiment à son départ. Inéluctable.

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Certains en perdent les mots au point de dire qu’il a « eu une belle vie ». Formule peu appropriée pour quelqu’un qui a combattu, perdu des amis et des proches dans la lutte et qui a passé vingt-sept ans en prison dont dix-huit au bagne de Robben Island.

Par contre, Nelson Mandela, par son humanité et son éthique, a transformé son extraordinaire et très dur parcours en une « grande vie ». Un exemple qui l’a fait entrer dans l’histoire de son vivant et qui contraint même ceux qui ont été pendant très longtemps complaisants avec le régime de l’apartheid à lui rendre hommage. Cet homme-là a été ferme dans les moments durs de la lutte pour la liberté et souple et généreux dans la victoire. Libéré en 1990, Nelson Mandela n’a gouverné que durant un seul mandat - de 1994-1999. Il a permis à l’Afrique du Sud d’éviter d’aller vers les affrontements. Il a permis au pays de continuer à fonctionner. Il s’est retiré officiellement de la vie publique mais tout le monde percevait son ombre puissante et pressentait qu’il était « là » et constituait un recours devant les grands risques.

La formule « Père de la Nation » a été assez galvaudée mais dans le cas de Nelson Mandela, elle est juste. Cet homme n’est pas un saint. C’est un homme bon d’une grande lucidité politique. Car, il ne faut pas l’oublier, l’Afrique du Sud n’est pas un paradis. Dans le domaine économique et social, les choses n’ont pas avancé et les tensions restent fortes. Nelson Mandela a montré à plusieurs reprises sa grande insatisfaction dans ce domaine. Très affaibli depuis plusieurs années, et même si cela était évoqué avec discrétion, on savait en Afrique du Sud que le vieux sage était atteint par la maladie d’Alzheimer. Et pourtant, il a continué à servir son pays même après avoir abandonné le pouvoir. En « tenant le coup », en repoussant la mort, Madiba qui était rongé par la maladie de ses poumons contractée au bagne de Robben Island, a continué à aider son peuple.

Il est en effet la seule personnalité politique indiscutée et indiscutable en Afrique du Sud. Il incarne un pays apaisé et réuni dans un destin commun plus grand que les couleurs de peaux et l’héritage empoisonné de l’apartheid. Un pays mythique qui ne tenait qu’à lui. L’Afrique du Sud est aujourd’hui toujours aussi divisée culturellement, économiquement et socialement. Les manifestations de racisme mesquin et la ségrégation ouverte ont certes disparu, le pouvoir est entre les mains de l’ANC mais les Blancs restent les maîtres du business et des mines ; le parti qui a conduit la résistance est déchiré par la corruption et la tentation policière. Ses dirigeants n’ont pas tous l’ascétisme souriant d’un Nelson Mandela. C’est sans doute cela qui pousse tant de Sud-Africains à prier. Ils appréhendent l’entrée définitive de l’homme dans l’histoire qui sera synonyme d’une absence. Ils craignent que la disparition du symbole du consensus mythique n’emporte avec elle l’idée d’un vivre ensemble possible.



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27 juin 2013 - Le Quotidien d’Oran - Éditorial


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