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Israël interdit à des touristes de se rendre en Cisjordanie

dimanche 23 juin 2013 - 07h:48

Leona Vicario – Palestine Monitor

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« Avec ces moyens, Israël effectue un transfert silencieux rapide et efficace de la population palestinienne pendant que celle-ci vit à la merci des autorités de l’occupation israélienne ».

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Une délégation de touristes religieux d’Amérique du Nord s’est vu récemment interdire d’aller en Cisjordanie à son arrivée à l’aéroport Ben Gourion près de Tel Aviv. Les autorités israéliennes à l’aéroport leur ont interdit d’entrer dans les zones de Cisjordanie sous contrôle de l’Autorité palestinienne sans une autorisation d’entrer de l’armée israélienne, comme cela a déjà été rapporté par Amira Hass de Haaretz.

Les visiteurs, des ecclésiastiques chrétiens états-uniens qui venaient en Israël et en Palestine apporter leur concours aux communautés chrétiennes à Jérusalem-Est et en Cisjordanie, ont été forcés de signer un accord avec les autorités israéliennes garantissant qu’ils n’entreraient pas dans les territoires sous contrôle civil et militaire palestinien (Zone A), sans une autorisation expresse du Coordinateur des activités gouvernementale dans les territoires (COGAT), l’organisme qui gouverne de facto l’occupation israélienne en Cisjordanie.

Le quotidien israélien Haaretz a publié un extrait de la déclaration, traduite en anglais, que les touristes ont été priés de signer :

«  1 – Je comprends que cette autorisation ne m’assure une entrée et une visite qu’en Israël, et il m’a été expliqué que je ne peux pas entrer dans les régions sous le contrôle de l’Autorité palestinienne sans une autorisation préalable du Coordinateur des actions du territoire et j’accepte de me comporter conformément à ces règles.

« 2 – Je comprends que dans l’éventualité où j’entrerais dans une zone sous le contrôle de l’Autorité palestinienne sans l’autorisation appropriée, toutes les actions juridiques pertinentes seront engagées contre moi, y compris l’expulsion et l’interdiction d’entrer en Israël pendant une période pouvant aller jusqu’à dix années.  »

Malgré leur accord, les membres du groupe n’ont reçu aucune autre information de la part de l’Autorité israélienne de la population, de l’immigration et des frontières sur la procédure à suivre pour obtenir l’autorisation d’entrée nécessaire.

Le contrat stipule explicitement que l’autorisation doit être approuvée par le Coordinateur des activités gouvernementales dans les territoires. Le premier paragraphe du contrat fait référence spécifiquement à une autorisation du « Coordinateur des actions du territoire » ; cependant, les signataires n’ont jamais reçu d’instructions procédurales leur disant comment il fallait faire, et aucune information utile n’est disponible sur le site du COGAT.

« Notre expérience des mesures israéliennes nous apprend que toujours les Israéliens tentent de rendre les choses confuses et ambiguës par un manque de transparence  » explique Ghassan Abdullah, militant de Right to Enter  ; une campagne populaire axée sur la défense du droit d’accès, de circulation et de résidence dans les territoires occupés contre les mécanismes de prévention que les Israéliens mettent en œuvre en contrôlant unilatéralement tous les postes-frontières.

« Ils maintiennent l’incertitude et l’arbitraire volontairement, pour permettre aux responsables aux frontières et aux ministères une large mesure de variantes dans leurs actions. Il est difficile de trouver une "loi" qui réglemente leurs mesures. Ils sont prêts à des compromis dans certains cas, lorsqu’il y a pression diplomatique ou scandale médiatique. C’est pourquoi nous exigeons toujours l’adoption et la mise en œuvre par Israël d’une politique claire, documentée et transparente  », conclut Ghassan.

Explications officielles : la porte-parole de l’Autorité israélienne de la population, de l’immigration et des frontières, Sabine Haddad, a expliqué que la décision de savoir qui est autorisé à entrer en Cisjordanie – une région qu’elle appelle par son nom biblique, « Judée et Samarie » - appartient aux Forces de défense israéliennes, plutôt qu’au ministère de l’Intérieur qui a compétence sur l’entrée des étrangers en Israël. « Quand un touriste étranger arrive à un poste-frontière international et que l’on croit qu’il veut entrer en Judée et Samarie, il doit être informé (de la procédure) et on doit lui demander de promettre d’obtenir une autorisation du bureau du Coordinateur avant d’entrer –, cette autorisation constitue une condition essentielle (de l’entrée dans les zones sous contrôle de l’Autorité palestinienne), » a soutenu Haddad dans une déclaration écrite à Haaretz.


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(Dessin de Carlos Latuff)




Restrictions constantes pour les visiteurs en Cisjordanie

Ce genre de mesures s’inscrit en contradiction avec certaines parties de la propagande que l’État d’Israël utilise pour tenter de promouvoir le tourisme religieux. Le même organisme impliqué dans le dédale bureaucratique désigné plus haut, le COGAT, déclare dans l’un de ses communiqués de presse, « Nous représentons la Coordination des activités gouvernementales dans les territoires, qui donne la liberté à quiconque d’exercer son droit religieux  ».

Toutefois, le contrôle effectif d’Israël sur les frontières palestiniennes empêche tout accès pour tous les types de touristes, religieux ou non, aux territoires occupés, surtout les touristes qui sont suspectés d’être des journalistes, ou liés aux Palestiniens, ou des militants.

En septembre 2012, une délégation internationale de militants a été empêchée de passer la frontière au pont du Roi Hussein alors qu’elle tentait d’aller en Cisjordanie depuis la Jordanie, et c’était la troisième tentative de la campagne « Bienvenue en Palestine » ; une mission visant à sensibiliser sur les problèmes de liberté de mouvements pour les Palestiniens issus des politiques en cours pour les isoler.

Les touristes arrivant à l’aéroport Ben Gourion d’Israël peuvent aussi se voir demander, et doivent le fournir au risque sinon de se faire expulser, les mots de passe de leur messagerie ou comptes Facebook pour des raisons liées à la « sécurité » de l’État. « Ceci est pratiqué que dans des cas exceptionnels, après avoir eu accès par ailleurs à des indications utiles à charge  » a soutenu le procureur général israélien, Yehuda Weinstein, en réponse à une plainte relative aux procédures de recherche intrusives déposée par l’Association pour les droits civils en Israël, en avril. Contrairement à l’argumentation de Weinstein, ceux qui font l’objet de cette exigence sont généralement des touristes suspectés d’être des visiteurs possibles de la Cisjordanie, comme le soutient Right to Enter. L’organisation déclare aussi que cette pratique a été renforcée.

« Il faut noter qu’Israël s’est réservé le pouvoir exclusif sur l’état civil et la délivrance des cartes d’identité pour les Palestiniens, les visas des visiteurs et les permis de travail pour ceux qui n’ont pas la carte d’identité pour les TPO (territoires palestiniens occupés) », rapporte Right to Enter sur son site. « Avec ces moyens, il effectue un transfert silencieux rapide et efficace de la population palestinienne pendant que celle-ci vit à la merci des autorités de l’occupation israélienne ».

Pour ceux qui subissent de telles pratiques, la campagne Right to Enter propose d’agir ainsi : informer sa mission diplomatique avant l’arrivée à Tel Aviv ou son Consulat à Jérusalem, informer les organismes concernés de son pays d’origine, et en informer le public – c’est-à-dire contacter les médias ou engager un avocat israélien.

17 juin 2013 - Palestine Monitor - traduction : Info-Palestine/JPP


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