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Cannes 2013 : "Omar” d’Hany Abu-Assad, l’équilibre entre cinéma de genre et efficacité

mercredi 22 mai 2013 - 12h:54

Frédéric Strauss - Télérama

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Avec “Omar”, Hany Abu-Assad retrouve le filon de ses débuts : suspense et réflexion, effets de cinéma et politique. Un numéro d’équilibriste bien tenu.

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Omar de Hany Abu-Assad.




Etonnant cinéaste, Hany Abu-Assad. Très doué et pourtant encore à la recherche d’une reconnaissance, d’une carrière. On avait un peu perdu de vue ce Palestinien (né à Nazareth en 1961) depuis Paradise Now (2005), film-choc sur des kamikazes partis se faire exploser dans des bus israéliens et soudain freinés dans leur élan, hésitant alors que le compte-à-rebours des bombes est lancé. Suspense et réflexion, effets de cinéma et politique : Omar, présenté à Un certain regard, revient à la même veine, comme à un bon filon. Ce mélange des genres n’est pourtant pas une recette facile.

Hany Abu-Assad suit à nouveau de jeunes Palestiniens prêts à passer à l’action, des amis d’enfance qui ont décidé de créer leur propre cellule de résistance et, un soir, descendent un soldat israélien, au hasard. Les représailles sont rapides, violentes et conduisent, non seulement, un des trois garçons en prison, mais prouvent que l’un d’eux est un traître. Omar, le seul qu’on sait innocent, est soupçonné par les siens et manipulé par les Israéliens, qui veulent en faire un collaborateur.

OMAR (2013) Excerpt from Richard Lormand on Vimeo.

Source : http://vimeo.com/66112156

Le récit que met en place, assez brillamment, Hany Abu-Assad mêle situations de guerre et guerre des gangs, soupçons, infiltration, manipulation. Ce sont là d’authentiques ingrédients du cinéma de genre, réunis par un metteur en scène qui sait superbement filmer, à la fois doué pour regarder les visages et pour emballer une course haletante à travers des ruelles. Ces qualités sont ici mises au service d’un propos qui touche une vérité délicate et n’a donc absolument pas l’innocence du cinéma d’action.

C’est une place un peu impossible que revendique Abu-Assad : on pourra toujours lui dire qu’il est trop dans l’efficacité et pas assez dans la subtilité de l’analyse politique. Qu’il veut trop tenir le spectateur en haleine pour pouvoir lui donner, en même temps, un point de vue critique sur ce qu’il voit. C’est vrai. Mais avec sa façon de n’être ni uniquement dans le cinéma d’auteur ni uniquement dans le cinéma commercial, Hany Abu-Assad signe en tout cas un bon film. Souvent captivant et qui réussit à rappeler la violence de son propos dans son tout dernier plan. De quoi vous donner à réfléchir pour de bon après un bon moment de cinéma.

21 mai 2013 - Télérama - Festival de Cannes 2013


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