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Attentat en Turquie : la piste syrienne ne convainc pas

mardi 14 mai 2013 - 08h:45

Kharroubi Habib - Le Quotidien d’Oran

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Ankara a échoué à faire endosser par la communauté internationale la responsabilité du double attentat à la voiture piégée dont la ville turque de Reyhanli a été le théâtre samedi dernier.

Même ses alliés américain et européens se sont gardés de lui emboîter le pas. Dans leur réaction à cet attentat, aucun d’entre eux n’a repris l’accusation formulée par les autorités turques à l’encontre de la Syrie aussitôt qu’il ait eu lieu. Preuve s’il en est que même ces « amis » de la Turquie ont jugé précipité et sans fondement démontrable les allégations d’Ankara incriminant le régime syrien.

Les autorités turques ont d’ailleurs elles-mêmes dû user d’un langage moins directement accusateur contre Damas après que leurs services de sécurité eurent interpellé neuf personnes toutes de nationalité turque qu’ils déclarent soupçonner être les auteurs du double attentat. Elles ont d’autant été contraintes à se montrer après cela moins affirmatives dans la désignation du présumé commanditaire de l’attentat qu’elles doivent faire face à une véritable levée de boucliers dans la presse et l’opposition du pays contre leur politique d’implication sans réserve de la Turquie aux côtés de la rébellion anti-régime syrien.

Erdogan et son gouvernement ont peut-être escompté que l’attentat qui s’est produit à Reyhanli allait faire taire les critiques qui se sont élevées dans le pays contre le fait qu’ils ont fait de celui-ci « une partie prenante dans la guerre civile syrienne ». C’est tout le contraire qui a lieu car ces critiques se sont multipliées en amplifiées depuis l’attentat. Une partie de la presse turque a éreinté le gouvernement d’Erdogan en estimant que le massacre de Reyhanli « est le produit des politiques belliqueuses du pouvoir ».

L’opposition politique turque n’a pas été moins sévère que la presse dans la critique de la politique syrienne de ce gouvernement. Kemal Kilicdaroglu, chef du courant social-démocrate de cette opposition, a même appelé Erdogan et son gouvernement à « revoir sa politique étrangère ». Une interpellation qui intervient la veille où le Premier ministre turc s’apprête à se rendre à Washington pour tenter de faire renoncer Barack Obama à la poursuite de la recherche d’une solution politique négociée au conflit syrien ainsi que l’on convenu Sergueï Lavrov et John Kerry lors de leur rencontre à Moscou.

L’opinion turque n’est certes pas favorable au régime de Damas mais elle désapprouve néanmoins dans sa grande majorité l’engagement total et sans retenue des autorités du pays aux côtés d’une opposition armée dont le fer de lance est constitué de combattants dont le fanatisme religieux heurte les convictions de laïcité et de tolérance qui sont les fondements de l’Etat turc. Contrairement à Erdogan, ses concitoyens craignent à juste titre que la victoire militaire de cette opposition syrienne où l’extrémisme religieux prédomine, propulsera aux commandes du pouvoir en Syrie un régime dont la Turquie aura tout à redouter. D’où leur désapprobation de l’entêtement d’Erdogan à poursuivre son soutien à cette opposition alors même que les principaux alliés de la Turquie manifestent de plus en plus de réserves à apporter à cette opposition l’appui et l’aide qu’elle leur réclame.



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- Attentat en Turquie : pourquoi Damas et pas d’autres commanditaires ? - 13 mai 2013

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