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Les douaniers européens n’ont rien à faire à la frontière de Rafah !

mardi 5 février 2013 - 06h:04

Mahmoud AbuRahma

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L’Union européenne doit abandonner l’idée, remise sur le tapis le mois dernier, de redéployer sa mission de surveillance de la frontière entre la bande de Gaza et l’Égypte.

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Rafah - Les observateurs de l’EUBAM se sont toujours pliés aux ordres israéliens, et ont de fait contribué au blocus imposé sur le territoire palestinien.

La Mission d’assistance frontalière européenne au point de passage de Rafah (EU-BAM), n’aidera pas les Palestiniens ou ne contribuera en rien à la paix.

En réalité, cette mission bât en brèche les propres objectifs affichés par l’UE pour la région.

L’UE devrait chercher à jouer un rôle plus significatif pour avancer vers la paix et la justice, sans tomber dans le panneau israélien.

En insistant sur le redéploiement de la mission de Rafah à Gaza, il apparaît que l’UE imagine devoir jouer un rôle sur le terrain, plus que de vouloir concrétiser ses intérêts et objectifs stratégiques dans la région.

Pour être cohérent, l’UE doit faire pression pour tenir un véritable rôle qui soutienne sa vision d’une solution à deux États en facilitant les mouvements des Palestiniens entre les deux zones palestiniennes de Gaza et de Cisjordanie.

Un atout ou un mal ?

L’UE BAM n’est plus nécessaire. Le passage de Rafah est ouvert et il travaille à la capacité maximale permise par la situationt. En moyenne, 800 Palestiniens traverse la frontière vers l’Égypte chaque jour, jour. Même si c’est loin d’être idéal, au moins cela répond aux besoins les plus urgents d’un nombre important d’habitants de Gaza qui ont besoin de voyager à l’étranger.

Dans l’exploitation du passage frontalier, l’Égypte respecte ses engagements découlant de l’accord de 2005 sur la circulation et l’accès, signé entre Israël et l’Autorité palestinienne.

Les observateurs de l’UE en poste à Rafah, entre Novembre 2005 et Juin 2007 ont été nécessaires pour assurer que les titulaires de documents d’identité palestiniens indiquant une résidence dans la bande de Gaza, soient autorisés à traverser la frontière, ce qui correspond à la tâche que l’Égypte assure aujourd’hui, mais sans être obligé de fermer le passage à chaque caprice israélien.

Lorsque la mission était opérationnelle, Israël avait pour habitude de déclarer la zone frontalière une zone militaire fermée, privant ainsi les observateurs de l’accès à Rafah et provoquant la fermeture périodique du passage [comme de bien entendu, les douaniers européens logeaient en Israël... N.d.T].

Un retour à cette situation serait catastrophique pour la population de Gaza et causerait des dommages supplémentaires à la réputation déjà bien compromise de la mission de l’UE-BAM et de ses patrons à Bruxelles.

Compte tenu de la fragile situation sécuritaire dans la bande de Gaza et le Sinaï, on ne s’attend pas à ce que les observateurs de l’UE vivent dans la bande de Gaza ou en Égypte. S’ils vivent en Israël ou en Cisjordanie, Israël conservera le dernier mot pour décider si oui ou non ils peuvent accéder à Rafah. Le nombre de fois où Israël a stopper les mouvement de la population de Gaza, est bien connu de l’UE.

Rafah serait alors fermé, encore et encore, et les Palestiniens dans la bande de Gaza seraient à nouveau empêchés de voyager pour raison de santé, de travail, d’études et autres besoins vitaux.

Permettre à nouveau la politique de séparation ?

Tout aussi important, l’accent mis sur Rafah trouve son origine dans la stratégie israélienne d’isoler toujours plus Gaza, plaçant ce territoire aussi loin que possible de la Cisjordanie afin d’empêcher un État palestinien de se matérialiser dans les territoires palestiniens occupés. Cette stratégie n’est plus un secret pour personne.

Aussi récemment que le 24 septembre 2012, le gouvernement israélien a informé la Haute Cour israélienne sur sa « politique de séparation, qui est fondée sur des motifs politiques et de sécurité », afin de justifier une politique interdisant totalement l’un accès aux universités de Cisjordanie pour les étudiants de Gaza.

’Union Européenne a vivement critiqué l’expansion des colonies qu’Israël entreprend sur les territoires Palestiniens, car cette pratique risque d’hypothéquer ses objectifs dans la région, notamment la solution de deux états sur la base des frontières de 1967.

Cependant, lorsqu’il s’agit du blocus israélien sur la Bande de Gaza, l’UE continue à mettre l’accent sur l’amélioration des conditions socio-économiques et la prévention de la détérioration de la situation humanitaire.

Ainsi, l’UE semble ne pas réussir à comprendre qu’il existe un lien puissant entre l’implantation et la colonisation de la Cisjordanie et sa séparation de la Bande de Gaza. En fait, ces deux politiques constituent ensemble la formule de division dont se sert Israël pour éliminer l’idée de la création d’un Etat Palestinien.

En concentrant ses efforts sur la circulation entre Gaza et l’Egypte, l’UE s’impliquera inévitablement dans le jeu de séparation israélien qui met en échec tous les objectifs européens dans la région.

L’alternative

Si la Mission d’Assistance Frontalière de l’Union Européenne n’est plus la bienvenue au niveau du point de passage de Rafah, quel rôle jouera donc la Mission pour répondre aux attentes de l’UE ? De plus, comment l’UE emploiera-t-elle cette mission de façon à ce qu’elle soutienne et soit en harmonie avec ses objectifs dans la région ?

Pour répondre à ces interrogations, trois scénarii possibles surgissent. Le premier serait que la mission se place dans le seul point de passage commercial entre Gaza et Israël. Le second choix pourrait être envisagé comme une force navale située sur les côtes Gazaouies pour faciliter le commerce.

Mais il faut préciser qu’en endossant l’un de ces deux rôles, l’UE se verra impliquée dans un régime de fermeture illégale et de blocus. Aucune des deux positions ne saura se traduire en un rôle stratégique contribuant à la réalisation des objectifs et ambitions affichées de l’UE dans la région.

Le troisième scénario possible pourrait cependant s’avérer avantageux si l’on imagine une présence de la mission dans le but de renforcer la paix et de garantir le respect du droit international et le soutien à la politique de l’UE dans la région. Autrement dit, la Mission d’Assistance Frontalière de l’Union Européenne à Rafah devrait chercher à aider les Palestiniens et à assurer leurs mouvements entre la Bande de Gaza et la Cisjordanie.

Et c’est en jouant ce rôle que l’Union Européenne contribuerait à la création de liens vitaux entre ces deux régions Palestiniennes en comblant le fossé crée par Israël. Cette position améliorerait également les conditions socio-économiques, surtout si Gaza et la Cisjordanie parviennent à établir un commerce et un échange de marchandises. En outre, elle proposerait la création d’un état Palestinien, un grand pas en avant considéré comme la pierre angulaire des objectifs de l’UE dans la région.

Cette idée ne tombe pas du ciel. L’affirmation selon laquelle le territoire palestinien représente une seule unité géographique a été soutenue par les Accords d’Oslo. Au cours de ces Accords, un passage sécurisé a, pendant peu de temps, été ouvert entre Gaza et la Cisjordanie.

En outre, l’Accord de 2005 sur le « Movement and Access » (Liberté de circulation des personnes et des marchandises), établi sous les auspices du Quatuor dont l’UE est membre inclut un article qui stipule que les convois de cars et de camions reliant Gaza et la Cisjordanie devraient circuler facilement. Malheureusement, Israël a, une fois de plus, enfreint cet accord, empêchant l’entrée en vigueur de cet arrangement.

Si l’UE voudrait apporter son assistance en sélectionnant une partie de l’Accord de 2005, pourquoi choisir de superviser le bon fonctionnement du passage de Rafah ? Pourquoi surveiller un commerce et des échanges effectués sous un blocus illégal ? Pourquoi ne pas choisir tout simplement un rôle qui aiderait l’UE à aboutir à ses objectifs tracés pour la région ? Ce scénario est le seul en conformité avec la stratégie affichée de l’Union Européenne.

Toutefois, cette option ne semble pas être facile à appliquer si l’on se réfère à la qualité des relations tissées entre l’UE et Israël tout au long des dernières années. Mais depuis quand les options optimales étaient-elles les plus faciles ? L’UE a fait preuve de courage en insistant sur la poursuite de cette mission, laquelle constituerait un rôle significatif dans la région et non pas un rôle rien que pour le plaisir de le faire.

* Mahmoud AbuRahma est responsable de la communication à Al Mezan, l’organisation de défense des droits de l’homme - Gaza.

9 janvier 2013 - Ma’an News - Vous pouvez consulter cet article à :
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