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De rêveurs, Ezzeddine Qalaq et les affiches révolutionnaires de Palestine (2/3)

jeudi 10 janvier 2013 - 07h:07

Rasha Salti – Manifesta

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Ezzeddine Qalaq est né en 1936, dans un village près de Jaffa. Avec la Nakba, sa famille est déplacée dans un camp de réfugiés en Syrie, près de Damas. Il étudie la chimie à l’université de Damas, rejoint le Parti communiste et passe un bref séjour en prison pour activités subversives. Il voyage en Arabie saoudite et y travaille pendant près de deux ans comme professeur. Il part pour préparer un doctorat ès lettres, sa véritable passion, à l’université de Poitiers, en France. C’est là qu’il rejoint la branche de l’Union générale des étudiants palestiniens, et qu’il s’y distingue, un chef naturel est né. Yasser Arafat le nomme représentant de l’OLP en France une fois qu’il a réussi son doctorat, et il s’installe à Paris en 1973. Le 3 août 1978, Qalaq est assassiné avec son confrère, Adnan Hammad, dans l’explosion d’une bombe dans son bureau à Paris. Telle est, brièvement, sa biographie en style wiki.

Constitution en cours d’une exposition virtuelle. Affiches de la Révolution palestinienne.


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Ezzeddin Qalaq en France,
photo fournie par Claude Lazar




Voir la première partie


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Il y a un premier l’impératif, fournir les générations de réfugiés dans tous les pays où ils ne peuvent « voir » physiquement la Palestine, avec des images de leur patrie. L’autre impératif est de démystifier l’allégation sioniste qui prévaut selon laquelle la Palestine est « une terre sans peuple pour un peuple sans terre », comme avancée par Golda Meir (Premier ministre d’Israël de 1969 à 1974). Cette déclaration ou « représentation » dénie aux Palestiniens le droit d’exister. L’État israélien se réfère systématiquement aux Palestiniens en parlant de population « arabe  » de Palestine, avec l’objectif explicite de « normaliser » la fusion des réfugiés palestiniens au sein des sociétés arabes d’accueil, sapant leurs discours et actions pour le droit au retour et à récupérer leur patrie. Les affiches représentent explicitement le peuple de Palestine et la myriade de manières dans lesquelles ils appartiennent à leur terre. Ainsi, par exemple, les oranges de Jaffa labellisées dans le monde entier comme un produit « israélien » sont récupérées comme un symbole natif de Palestine ; ainsi pour les oliveraies de Galilée. La robe folklorique traditionnelle palestinienne est reproduite dans ses versions plurielles comme la marque d’un symbole national de l’identité palestinienne.

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Les révolutions inventent le monde et réinventent leurs peuples. Les Palestiniens sont passés de paysans à révolutionnaires, de victimes sans défense à hommes et femmes de courage façonnnant leur propre avenir malgré tous les obstacles insurmontables dressés devant eux.

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Les affiches jouent un rôle dans la propagation de l’histoire nationale de la Palestine, ripostant à l’allégation sioniste selon laquelle celle-ci n’a jamais exité, ou qu’elle est « mort-née » en 1948. Dans le même temps, les affiches enregistrent une mémoire collective transmise oralement, et forgent les évènements importants comme des étapes que les réfugiés ont vécues de première main. Le 15 mai, jour où Israël fête son indépendance, a été baptisé alternativement le « Jour du Martyr » et le « Jour de la lutte palestinienne », geste qui célèbre le courage et la ténacité des Paletiniens en dépit de leur catastrophe, et leur tentative d’inverser le lourd sentiment défaitiste de perte et d’humiliation.

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L’une des étapes importantes de la révolution palestinienne est un affrontement armé qui a eu lieu entre un commando palestinien et l’armée israélienne, dans le village d’al-Karama en Cisjordanie occupée, en 1968. Alors que les Palestiniens se battent jusqu’au dernier homme et subissent des pertes, la bataille est remarquable parce que le bataillon de l’armée israélienne a lui aussi de lourdes pertes, et il bat en retraite, laissant sur le champ de bataille ses chars d’assaut calcinés et les corps de ses soldats tués. Le lendemain matin, les journaux publient les photos qui provoquent une onde de choc à travers le monde arabe ; pour la première fois depuis l’humiliante défaite de 1967, l’espoir et la dignité sont rendus à la révolution palestinienne. Des milliers sont galvanisés et se portent volontaires pour combattre aux côtés des Palestiniens. En outre, par un étrange coup du sort, en arabe, « al-karama » signifie « dignité » : la bataille et sa double signification deviennent en fait un mythe de base dans la révolution palestinienne. Énormément d’affiches sont produites pendant les années qui suivent commémorant la bataille d’al-Karama.

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Une autre date importante est marquée par le 30 mars 1976, quand les Palestiniens vivant en Israël manifestent contre la confiscation de leur terre à Sakhnin, en Galilée, et sur lesquels tire l’armée israélienne. Six sont tués et d’autres grièvement blessés. L’information se propage et déclenche de nouvelles protestations chez les Palestiniens du monde entier. L’OLP institue le 30 Mars, « Jour de la terre » et fournit les affiches à chaque commération.

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A suivre : 3e partie

Cette projection virtuelle a été inspirée par une exposition que l’on m’avait invitée à organiser en 2008, intitulée « Affiches de la Révolution palestinienne – La collection Ezzeddine Kalak ». Elle s’intégrait dans MASARAT Palestine, saison artistique et culturelle dans la communauté française de Wallonie-Bruxelles, une initiative du Commissariat général aux Relations internationales et de la Délégation générale palestinienne à l’Union européenne, en Belgique et au Luxembourg, sous le haut patronage du ministère des Relations internationales, Mahmoud Darwich, et avec le soutien du ministère de la Culture.

Conception et exécution : Les Halles de Shaerbeek, Bruxelles. Affiches de la Révolution palestinienne. La collection Ezzedine Kalak a été recueillie au Mundaneum, centre d’archives et espace d’exposition à Mons, Belgique du 7 novembre au 21 décembre 2008. L’exposition était parrainée par le Commissariat général aux Relations intérieures et la Délégation générale palestinienne à l’Union européenne, en Belgique et au Luxembourg.

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Rasha Salti est auteure et commissaire d’exposition indépendant vivant à Beyrouth. Ses recherches portent sur le cinéma et les arts visuels ; elle écrit régulièrement sur des questions politiques et sociales. En 2010, avec Kristine Khouri, elle initie un projet de recherche à long terme sur l’histoire de l’art moderne dans le monde arabe. (Sources : Marseille Expo

Manifesta - traduction : Info-Palestine/JPP


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