16 septembre 2017 - CONNECTEZ-VOUS sur notre nouveau site : CHRONIQUE DE PALESTINE

Le théâtralisme d’Olmert

mercredi 11 avril 2007 - 15h:44

Khaled Amayreh - Al-Ahram Weekly

Imprimer Imprimer la page

Bookmark and Share


Le Premier ministre israélien est occupé à faire un exercice de relations publiques. Entre temps, les affaires continuent de marcher comme d’habitude, puisque son armée projette de mener une attaque massive contre Gaza, comme l’a rapporté Khaled Amayreh de Jérusalem-Est.

Au lieu de donner à l’initiative arabe de paix l’attention qu’elle mérite, le Premier ministre israélien s’est livré jusqu’ici à un exercice de relations publiques dans une tentative de minimiser les pas que le monde arabe a essayé de faire vers l’Etat hébreu. Il espère ainsi détourner l’attention de la communauté internationale de l’intransigeance d’Israël.

Malgré que le monde arabe présente Israël avec une branche d’olivier qui comprend la paix et la normalisation des relations en échange de la fin d’occupation, la réponse d’Israël n’a été que le rejet catégorique.

BMP - 172.9 ko
Ehoud Olmert

Pour essayer de camoufler son mépris évident envers ce geste pour la paix, Ehud Olmert s’est livré à un jeu de subterfuge, en prétendant qu’Israël est certes préoccupé pour la paix, mais uniquement à travers des négociations directes avec les dirigeants arabes. Cette déclaration arrive au moment où le gouvernement israélien continue de refuser de négocier avec le gouvernement palestinien démocratiquement élu.

Dans un entretien au journal Time, Olmert a déclaré que si le Roi saoudien consentait à le rencontrer, il serait étonné de l’ouverture et du désir de paix des Israéliens.

“ Je peux vous assurer que si j’avais l’occasion de rencontrer le Roi Abdallah - occasion que je n’ai pas - il serait très étonné d’entendre ce que j’ai à dire”.

Olmert qui a décrit le sommet de Riyad comme une « preuve du changement », a assuré qu’il serait d’accord pour participer à un sommet régional, l’idée étant que les problèmes de la région n’ont rien à voir avec les 40 ans d’occupation israélienne de la Palestine, mais sont seulement le résultat de la non-reconnaissance d’Israël.

Les déclarations d’Olmert ne sont rien d’autre que l’expression d’un double langage. Le Premier ministre israélien sait que si Israël ne renonçait pas aux bénéfices tirés de la guerre de 1967 et n’autorisait pas le rapatriement des réfugiés, les chances d’une paix durable entre Israéliens et Palestiniens et aussi avec le monde arabo-musulman dans son ensemble, seraient presque néants. Pourtant, Olmert continue de croire que le fait de s’agiter politiquement peut remplacer de véritables qualités d’homme détat. Il n’est pas prêt à payer le prix de la paix et se livre à la place de cela à des tactiques de diversion en exaltant son besoin de discuter directement avec les dirigeants arabes.

Israël s’est engagé sans succès dans des négociations de paix avec les Palestiniens depuis 15 ans, et pendant des dizaines d’années avec les Arabes. Quel serait le but d’engager d’autres débats si ce n’est que pour essayer de cajoler ou de brutaliser la partie arabe afin de la pousser à accepter l’occupation et la colonisation des terres palestiniennes par des suprématistes ashkénazes ?

Israël et l’Autorité palestinienne ont négocié depuis 1993, pourtant au lieu de mettre fin à l’occupation et reconnaître le droit du peuple palestinien à sa liberté, indépendance et dignité de base, l’Etat israélien était occupé à construire plus de colonies juives sur des terrains volés et à bâtir des barrages routiers et des check points d’apartheid en transformant les centres qui accueillent la population palestinienne en des camps de concentration.

Olmert ne se contente pas de refuser les ouvertures de paix arabes et non-arabes, il veut également déclencher une guerre civile entre les palestiniens et cherche à voir les Etats arabes pousser Israël à augmenter son blocus endurci sur Gaza.
Lors des derniers sondages d’opinion, la côte de popularité d’Olmert a atteint le niveau sans précédents de deux pour cent. Si 98% des Israéliens ne font pas confiance en leur leader, comment pourrait-on s’attendre à ce que quiconque le fasse ?

Son appel à des négociations directes avec le monde arabe doit être considéré comme une autre tactique de fuite, et un moyen pour gagner du temps et diluer le discours de l’ensemble du monde arabe vis-à-vis de la cause palestinienne.
En outre, Olmert est très affaibli sur le plan politique par la prédiction de la majorité des experts israéliens qu’il est peu probable que son gouvernement entravé dans son ensemble puisse survivre jusqu’à la fin de l’année. Cette faiblesse pourrait réserver beaucoup de problèmes aux Palestiniens dans la mesure où Olmert serait tenté de poursuivre les opérations militaires et de s’engager dans une politique de démagogie dans une tentative désespérée d’assurer le soutien publique. En effet, cette semaine le chef d’état major israélien Gabi Ashkenazi a déclaré qu’Israël projetait de lancer une incursion de grande envergure dans la Bande de Gaza afin « d’empêcher le Hamas de prendre plus de force ».

Il est plus probable néanmoins que le véritable objectif est de détruire le gouvernement palestinien, d’éliminer les responsables palestiniens, en particulier ceux affiliés au Hamas et de déstabiliser une scène politique palestinienne bénéficiant d’un minimum de stabilité et de normalité après la signature de l’accord de la Mecque le 8 février dernier et la formation d’un nouveau gouvernement d’union nationale.

L’une des autres buts importants mais non avoué d’une nouvelle invasion dans la plus grande prison à ciel ouvert au monde est de tenter de localiser et libérer le soldat israélien capturé il y a neuf mois. Une mission de ce genre accomplie avec succès serait d’un grand renfort moral pour Olmert et son gouvernement.

Il est fort probable qu’Olmert continuera de répéter les appels pour la paix et de réitérer continuellement l’expression de son désire sincère qui vient du c ?ur d’engager des négociations avec les chefs d’Etats arabes. Pendant ce temps, son armé continue de violer le peuple palestinien et de voler sa terre natale parcelle par parcelle. C’est une stratégie qui continuera tant que les dirigeants du monde seront prêts à garder le silence face à l’entêtement israélien.

Cette semaine, la Chancelière allemande Angela Merkel a fait un autre pèlerinage en Israël pour demander d’autres réparations pour le Holocauste. Merkel qui n’a rencontré que des membres du gouvernement qui n’appartiennent pas au Hamas, a rendu les Palestiniens responsables de tout, du processus de paix avorté jusqu’aux sanctions occidentales paralysantes. Un responsable palestinien a décrit l’attitude de Merkel comme « impudente et honteuse ».
« Cette femme, comme tous les dirigeants allemands depuis (Konrad) Adenauer, se sent esclave des juifs. Je pense que même si Israël faisait subir aux Palestiniens un holocauste à part entière, les dirigeants allemands ne protesteraient même pas... La dépravation politique allemande semble ne pas connaître des limites. »

Khaled Amayreh - Al-Aharam Weekly, le 9 avril 2007
Traduction de l’anglais : Thouraya Ben Youssef


Les articles publiés ne reflètent pas obligatoirement les opinions du groupe de publication, qui dénie toute responsabilité dans leurs contenus, lesquels n'engagent que leurs auteurs ou leurs traducteurs. Nous sommes attentifs à toute proposition d'ajouts ou de corrections.
Le contenu de ce site peut être librement diffusé aux seules conditions suivantes, impératives : mentionner clairement l'origine des articles, le nom du site www.info-palestine.net, ainsi que celui des traducteurs.