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Ashrawi demande aux diplomates de faire protéger la cueillette des olives
Témoignage de militants français

lundi 15 octobre 2012 - 10h:21

Ma’an

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Hanan Ashrawi, dirigeante de l’OLP, a écrit dimanche à des diplomates étrangers leur demandant de placer des observateurs auprès des Palestiniens qui cueillent les olives, pour dissuader les colons de les agresser.

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Un agriculteur sur sa terre à Yatta
(MaanImages/Elenora Vio)




« Étant donné le soutien d’Israël aux colons et son refus d’autoriser l’Autorité palestinienne à assurer une protection dans le territoire occupé, le peuple palestinien exige une intervention internationale pour assurer sa sécurité » écrit-elle dans sa lettre.

Les forces de sécurité palestiniennes sont limitées aux centres urbains de la Cisjordanie, désignés comme « Zone A » dans les Accords d’Oslo, laissant la plupart des ouvriers agricoles dépendre des forces israéliennes pour une intervention lors des agressions des colons.

Alors que commence la saison des cueillettes, les agriculteurs signalent des attaques quotidiennes de la part des colons israéliens en Cisjordanie.

Le coordinateur spécial des Nations-Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient, Robert Serry, s’est dit dimanche « alarmé » par les agressions répétées contre les agriculteurs et les destructions de centaines d’oliviers.

Jeudi, deux groupes israéliens des droits de l’homme ont publié des rapports critiques sur les autorités israéliennes pour leur incapacité à protéger les Palestiniens de la violence des colons, ou à enquêter sur ces agressions.

B’Tselem a déclaré jeudi avoir enregistré cinq agressions depuis dimanche, et a appelé l’armée et la police à enquêter sur chaque incident et chaque plainte où les soldats ne sont pas intervenus pour empêcher les agressions.

De son côté, le groupe Yesh Din indique que sur 162 agressions sur les arbres palestiniens depuis 2005, un cas, un seul, a conduit à une inculpation.

Le groupe fait savoir que 124 dossiers ont été fermés au motif, « auteur inconnu », 16 pour « insuffisance de preuves » et deux pour « absence de responsabilité pénale ». Les autres dossiers font toujours l’objet d’une enquête, ou bien aucune information n’a été fournie à leur sujet, alors que dans deux autres cas, les dossiers ont été perdus.

La carence de la police israélienne à mener des enquêtes sur les agressions « n’est qu’un aspect de sa carence constante et plus générale à faire appliquer la loi s’agissant des crimes idéologiques perpétrés par des citoyens israéliens contre les Palestiniens dans les territoires occupés » indique le groupe.


Voir aussi le : "5 - Activités de colonisation et agressions des colons contre les civils palestiniens et leurs biens" du rapport hebdomadaire du PCHR du 4 au 10 octobre 2012

Témoignage reçu ce jour de militants français (Vendée) en Palestine pour soutenir les Palestiniens dans la cueillette de leurs olives :

Message du 15/10/12 08:41

De : "jo.sline"

Objet : 1ère cueillette

Ce matin nous sommes partis en minibus pour le sud d’Hébron, près du village de Yata. Arrivée à 9 h30 sur le lieu de cueillette. Une petite parcelle de 30 oliviers environ, située en bas d’une colonie illégale (comme s’il y avait des colonies légales). En bas : c’est-à-dire 3 mètres plus bas seulement. Les paysans nous attendaient : deux hommes et une femme d’une soixantaine d’année et un ado de 13-14 ans. Nous, nous sommes 6 : les 5 Yonnais et Raoul.

A 10 mètres avant le champ, nous sommes arrêtés pas un colon (30-35 ans), kippa sur la tête, téléphone à la main. Avec lui : un jeune soldat (20 ans) au regard fuyant, mal à l’aise, arme à la main, un M16 braqué sur nous, le doigt à portée de la gâchette. Le colon lui dit où il doit se mettre et il obéit. Le colon s’en va puis revient avec aussi un M16 et un appareil photo, une casquette avec écrit « sécurité » dessus. Il a aussi une vague carte en couleur : tout est vert avec une ligne rouge. Un autre colon arrive, non armé, 30 ans, très beau. Et une jeep arrive, puis une autre, des soldats viennent, 6 en tout, tous avec un M16, tous le doigt presque sur la gâchette, arme pointée sur nous, les 6 se sont mis en cercle autour de nous, pour nous impressionner sans doute. Les téléphones sonnent de toutes parts, ceux des Juifs, ceux des Palestiniens. Les 6 s’en vont, il ne reste plus que 2 soldats face à nous, à 10 mètres à peu près, toujours prêts à tirer, c’est de l’intimidation qui ne nous intimide pas. Le deuxième colon demande à Christian d’où nous venons et si nous parlons anglais. Il répond « France » et « a little ». Puis il a demandé depuis combien de temps nous étions en Israël, et là Christian n’a pas répondu. Alors il est parti.

A 10 h 30 le jeune ado - Ali - prépare du thé et la dame sort de grosses galettes, (Pain au curcuma et à l’huile d’olive). Et on se met tous à manger la galette et à boire le thé. Au loin - car la colonie s’étend en longueur - nous voyons des petits enfants sortir de l’école peut-être, en file indienne, une femme adulte devant et une derrière, un militaire armé ferme la file.

Le chef, le lieutenant veut jouer les gentils et parle au propriétaire. La conversation se passe en hébreu, mais le paysan parle mal hébreu, il y mélange des mots arabes. Les Israéliens comprennent mais refusent toujours de parler arabe. L’adjudant dit qu’il faut attendre la réponse de la coordination. Un troisième colon arrive, un pistolet coincé dans le pantalon, à l’arrière, comme dans les films américains. Puis tout le monde repart, sauf le premier militaire qu’on a vu à notre arrivée. Il est seul face à nous, il n’ose pas nous regarder, il est en plein soleil, nous sommes à l’ombre sous les arbres, nous mangeons, nous attendons.

Vers 10 h 45, une autre jeep arrive et deux soldats en descendent, ils ont un béret vert, des gilets pare-balles et sont armés évidemment. Raoul nous dit qu’avec eux, il ne faut pas plaisanter ! Ce sont des professionnels, des militaires des forces spéciales. Pendant l’intifada, ils avaient ordre de poursuivre les jeteurs de cailloux, de s’acharner sur eux jusqu’à ce qu’il ait un bras cassé. « Quand on les voyait arriver, on s’enfuyait à toutes jambes ». Un béret vert discute avec le propriétaire du champ, puis s’en va. A 11 h 05, le lieutenant revient, et ça y est, le feu vert est donné : nous pouvons cueillir. On a attendu 1 h 35.

La cueillette se passe sous les yeux d’un colon et de un ou deux soldats évidemment. Pendant que nous cueillons, le propriétaire taille les arbres. Cela ne se fait pas normalement pendant la cueillette mais il sait qu’il ne pourra pas revenir dans son champ avant un an, alors il fait tout en même temps, cueillette et taille. On cueille, on s’approche d’un olivier à la base duquel un bassin a été construit, entouré d’une terrasse : les colons font comme si tout était à eux et se sont appropriés cet espace. Petit à petit, ils nous autorisent à cueillir plus loin puis tout à coup : stop, il faut qu’on parte ! On va un peu plus loin, on est tous autour d’un olivier qui donne en abondance. On ne pourra pas aller plus loin malgré l’insistance du paysan. Le ton monte et on rentre avec 4 sacs. C’est toujours mieux que le seau que les paysans pensaient récolter.

A 12 h 40 la cueillette est terminée et nous repartons. Le propriétaire va chercher sa voiture qu’il avait cachée pour que les colons ne se doutent pas de notre venue. Une jeep est garée un peu plus haut et nous regarde. On attend le bus sur la pierraille en plein soleil, il fait au moins 40°, la jeep nous regarde. Les paysans restent avec nous tant que le bus n’est pas arrivé. Et la jeep s’en va.

Ce qu’il faut savoir : Si un champ en Palestine n’est pas cultivé pendant 3 années consécutives, il revient automatiquement à Israël, d’où l’importance de ces actions. Sans étrangers, les paysans n’auraient pas pu aller dans cette petite parcelle. Nous avons cueilli pour faire environ 15 litres d’huile.

Raoul nous a dit que d’ici peu, la colonie, d’illégale va devenir officielle, elle va s’agrandir, la parcelle sera alors englobée dedans, car il y a toujours un « périmètre de sécurité » de 300 m de réquisitionné autour des colonies. La parcelle sera alors perdue pour les paysans.

Jocelyne et Marianne.

Bethléhem - 15 octobre 2012 - Ma’an - traduction : Info-Palestine/JPP


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