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La Maison Baramki : le Présent-Absent

lundi 10 septembre 2012 - 21h:21

PACBI

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Nous, Campagne palestinienne pour le boycott universitaire et culturel d’Israël (PACBI), appelons la société civile internationale à nous soutenir dans nos efforts pour que soit restituée la Maison Baramki à Jérusalem à ses propriétaires légitimes palestiniens, la famille Baramki.

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Des militants du groupe Boycott de l’Intérieur, Ronnie Barkan et Renan Raz, rendent hommage à Gabi Baramki, demandant au musée israélien qui occupe la Maison Baramki de rendre la maison pillée à la famille Baramki.




Quelle est l’histoire ?

En 1932, l’éminent architecte palestinien, Andoni Baramki, construit sa propre maison, époustouflante, à Jérusalem. Il la dédit à son épouse, Eveline. En 1948, durant la campagne de nettoyage ethnique sioniste, ou Nakba, la famille Baramki, comme des centaines de milliers d’autres Palestiniens, est déracinée et finit par se retrouver un court moment dans la bande de Gaza, avant Ramallah. La maison Baramki est transformée en avant-poste militaire : le poste Turjeman. La construction se situe sur la ligne de jonction entre ce qui est devenu Israël et ce qui est devenu la Cisjordanie, en face de la porte Mandelbaum, seul point de passage entre les deux côtés de la ville divisée de Jérusalem.

Après la guerre de 1967, Israël occupe le reste de la Palestine historique et place la Cisjordanie et la bande de Gaza sous son contrôle militaire. La porte Mandelbaum est supprimée et l’avant-poste militaire abandonné. Depuis, Andoni et Eveline Baramki, habitent à Jérusalem-Est maintenant occupée, où il leur est délivré des cartes d’identité israéliennes par les autorités israéliennes. L’armée israélienne n’a plus besoin de la maison en tant que poste, aussi la famille Bramki pense que son désir de récupérer la Maison pourra enfin se réaliser. Hélas, la demande de la famille est refusée par les autorités israéliennes en vertu de la loi raciste de 1950 sur les Biens des Absents, laquelle est utilisée pour piller les propriétés des Palestiniens chassés ethniquement durant la Nakba, et même des déplacés internes, qui tous sont déclarés « absents présents » (1). Cette loi tristement célèbre reconnaît la présence des Palestiniens déplacés internes en tant que « résidents » ou « citoyens » de l’État d’Israël, mais comme des « absents » quand il s’agit de leur propriété individuelle.

Jusqu’à sa mort en 1972, Andoni Baramki prend l’habitude de se rendre, chaque jour, à sa chère maison. Il en fait le tour plusieurs fois par jour, mais jamais, il n’obtient l’autorisation d’y mettre les pieds.

Après le décès de son père, Gabi Baramki continue l’action pour récupérer la maison familiale, mais en vain. En 1999, la Maison Baramki est transformée en « Musée sur la Couture » par la Fondation israélienne Jérusalem, qui annonce que par sa mission elle espère « faire avancer le dialogue entre nous, en dépit de nos points de vue différents. Nous devons nous engager dans un dialogue social basé sur ce que nous avons en commun et qui nous unit, plutôt que sur ce qui nous divise et nous tient séparés » (2). Ce projet est rendu possible grâce au « soutien généreux de la famille von Holtzbrinck » d’Allemagne.

L’histoire de la Maison Baramki est seulement l’une de milliers d’histoires similaires ; mais ce cas particulier illustre une injustice plus vaste. En août 2012, Gabi Baramki décède, laissant un riche héritage de luttes pour les droits palestiniens et le développement des institutions éducatives palestiniennes. La lutte pour la liberté, la justice et l’égalité des droits, à laquelle Gabi a consacré sa vie entière, continue.

Nous, à PACBI, voyons ce musée comme une incarnation de la criminalité, de l’hypocrisie, du vol de propriétés, de la colonisation, de l’oppression d’Israël et de son déni persistant de la présence même des Palestiniens et de leurs droits qui en découlent. Nous demandons que le droit international soit appliqué, et que la Maison Baramki soit rendue à ses propriétaires légitimes palestiniens, la famille Baramki.




Que peut-on faire ?

Des suggestions pour l’action :

  • empêcher Israël de participer à tout évènement architectural ou culturel à moins qu’il ne rende la Maison Baramki à ceux qui en sont les propriétaires de plein droit, qu’il admette et répare l’injustice inhérente à la confiscation massive de propriétés basée sur sa loi des « Absents-Présents », et qu’il abroge cette loi raciste ;
  • soulever la question de la Maison Baramki à chaque évènement architectural et culturel où Israël pourrait être présent, et insister sur l’obligation qu’a Israël de se conformer au droit international et de rendre les propriétés pillées à leurs propriétaires respectifs ;
  • explorer toutes les possibilités pour que soit reconnue complice de ce crime la famille allemande von Holtzbrinck (Verlagsgruppe Georg von Holtzbrinck, maison familiale d’édition Holtzbrinck, Stuttgart - 2,2 millions de dollars de revenus allemands ; 12 600 salariés - http://www.holtzbrinck.com/eng), puisque cette famille a concrètement facilité le transfert de propriété privée palestinienne à une institution culturelle israélienne, en violation du droit international - et peut-être bien du droit allemand. Ces fonds généreux de la famille/société allemande ne sont qu’un exemple de la façon dont l’aide à Israël par l’Allemagne, l’Europe ou les États-Unis fait de ces bienfaiteurs des partenaires dans les crimes plus largement perpétrés par l’État d’Israël. Cette aide à Israël a permis invariablement de dissimuler ses vieux crimes ou de faciliter les nouveaux ;
  • lancer toutes les options juridiques disponibles dans le droit international pour récupérer la Maison.




Qui cible-t-on ?

L’Unesco, toutes les institutions architecturales et culturelles, et toutes les organisations mondiales archéologiques et culturelles.


Références :

1 - Pour plus d’informations, voir par exemple :

  • Masalha, Nur (1992), Expulsion des Palestiniens : Le concept du "transfert" dans la pensée politique sioniste, 1882-1948. Beyrouth : Institut pour des études de la Palestine ;
  • Masalha, Nur (1997), Une terre sans peuple : Israël, le transfert et les Palestiniens - 1949-1996. Londres : Faber et Faber ;
  • Tom Segev, (traduction Arlen Neal Weinstein) (1998), 1949, les Israéliens d’abord. Henry Holt et compagnie, Bottom of Form.

2 - Voir : http://www.coexistence.art.museum/e...

6 septembre 2012 - PACBI - Traduction : Info-Palestine


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