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Les espoirs des Gazaouis pour de nouveaux horizons trahis par les meurtres des Égyptiens

jeudi 9 août 2012 - 10h:32

Nidal al-MUghrabi - Ma’an

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Bloqués chez eux et à l’étranger, à court de carburant et préoccupés par faim, les Gazaouis ne s’attendaient pas à cela quand le dirigeant islamiste Mohammed Mursi a été élu président de l’Égypte en juin.

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Les entrées dans les tunnels clandestins sont visibles sur la frontière entre l’Égypte et Rafah dans la bande de Gaza - 8 août 2012 .
(Reuters/Ibraheem Abu Mustafa)

Gaza ville (Reuters) - L’Égypte a fermé le seul point de passage pour voyageurs dans la bande de Gaza et s’apprête à boucher une myriade de tunnels de contrebande qui relient les deux territoires après que des activistes non identifiés aient tué 16 policiers égyptiens dans le Sinaï voisin, dimanche.

Le Hamas a rejeté les suggestions avancées dans les médias égyptiens prétendant que des Palestiniens armés auraient participé au massacre dans le Sinaï, et il a critiqué Le Caire pour avoir imposé « une punition collective » sur l’enclave côtière déjà appauvrie.

Mais l’Égypte ne manifestant aucun signe d’apaisement, des milliers de Palestiniens ordinaires se retrouvent bloqués durant le mois sacré musulman du Ramadan, tandis que les commerçants mettent en garde contre des pénuries si les tunnels restent fermés.

« Nous avons fortement espéré pouvoir voyager plus librement et effectivement, nous avons noté une amélioration dans le traitement quand nous traversions pour nous rendre en Égypte » dit Tareq al-Husary, 32 ans, peintre, de Gaza, parti en pèlerinage en Arabie saoudite avec sa mère malade. « Maintenant, nous sommes bloqués à l’extérieur de Gaza », dit-il, parlant au téléphone.

Foyer de plus de un million sept cent mille Palestiniens, Gaza est soumise à un embargo israélien serré depuis 2007. L’ancien dirigeant égyptien Hosni Moubarak aidait à imposer l’embargo pour lier les mains aux alliés islamistes de ses ennemis intérieurs.

Depuis la chute de Moubarak, l’année dernière, l’Égypte avait assoupli les restrictions aux passages des voyageurs au poste frontalier de Rafah, seule fenêtre sur le monde pour la grande majorité des Gazaouis, Israël refusant les visas de sortie pour tous, sauf cas exceptionnel.

La fermeture brutale de Rafah, qui voit normalement quelque 800 personnes par jour partir pour l’Égypte et au-delà (voir les rapports hebdo du PCHR), fait que de nombreux Palestiniens craignent pour leur emploi à l’étranger, tandis que d’autres sont inquiets pour leur visa qui pourrait expirer avant même de leur servir.

« J’espère toujours pouvoir être retourné à Dubaï avant le 15 août pour reprendre mon travail » dit Heyam Al-Kurdi, qui enseigne à Dubaï et était revenu à Gaza pour le mariage de sa fille.

L’ ?il sur les tunnels

La fermeture de Rafah a jusqu’à présent empêché 3000 Gazaouis de partir en Arabie saoudite pour l’ « Omra », un petit pèlerinage qui est censé prendre plus de valeur s’il est effectué durant le Ramadan. Eux et leurs agents de voyage risquent aujourd’hui de perdre jusqu’à 4 millions de dollars pour les frais d’hébergement, de transports et de visas payés à l’avance.

« La fermeture du passage est un désastre pour les entreprises du tourisme » dit Eid Hnaif, qui travaille pour une agence de voyage de Gaza.

Soucieux de montrer comment ils prennent au sérieux les meurtres du Sinaï, les dirigeants du Hamas ont ordonné dimanche la fermeture des tunnels clandestins pour empêcher toute personne impliquée d’entrer furtivement dans la bande de Gaza.

L’Égypte a longtemps fermé les yeux sur le commerce clandestin illicite, aussi d’apprendre mardi qu’elle avait déployé ses gros engins pour détruire les tunnels, par lesquels entrent toutes sortes de produits, depuis la nourriture jusqu’au carburant et aux matériaux de construction, a provoqué de vives inquiétudes.

Selon les Palestiniens, jusqu’à maintenant seuls les accès à quelques tunnels « secondaires » ont été mis hors d’usage. Mais Abu Awni, qui possède un tunnel, indique que les responsables égyptiens tentent aussi de découvrir ce qui passe par les principaux tunnels et qu’ils ont postés quatre ou cinq soldats aux différentes entrées.

« Quatre-vingt pour cent des produits alimentaires sur les marchés de la bande de Gaza proviennent d’Égypte. Ce qui nous arrive d’Israël (voir les rapports PCHR) n’est pas du tout suffisant », dit Abu Awni, dont les 40 salariés sont en train de paresser à la maison.

De longues files d’attente se sont formées aux stations essence dans toute la bande de Gaza lundi, quand la nouvelle a éclaté que les tunnels étaient bloqués. Deux jours plus tard, certaines pompes étaient déjà à sec, même si les Palestiniens disent qu’au moins deux pipelines de carburant vers l’Égypte fonctionnent toujours.

Mais Abu Awni prédit que les Égyptiens ne pourront pas, avant longtemps, fermer les tunnels, dont le nombre est estimé à un millier.

« A moins qu’ils ne créent d’autres passages pour le commerce, nous allons ouvrir cinq tunnels pour chaque tunnel qu’ils auront fermé. Ils ne peuvent pas laisser notre peuple mourir de faim » dit-il.

9 août 2012 - Ma’an - traduction : JPP


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