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Egypte-Israël : Le Sinaï et la Palestine font l’unanimité

mercredi 2 mai 2012 - 11h:01

Chaïmaa Abdel-Hamid - Al-Ahram/Hebdo

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A quelques différences près, les programmes des candidats s’accordent sur la nécessité de développer le Sinaï et de soutenir la cause palestinienne.

Deux dossiers qui représentent sûrement une importance majeure pour une grande majorité des Egyptiens. Le 26 avril était l’anniversaire de la libération du Sinaï, fête marquant la fin de l’occupation israélienne et une occasion à ne pas rater pour les candidats de faire le déplacement dans la péninsule. Mohamad Morsi, Amr Moussa, Hamdine Sabbahi et Sélim Al-Awwa ont tous partagé les festivités avec les bédouins et les habitants de la région, longtemps délaissée par le régime de Moubarak. Un an après son départ, le Nord-Sinaï ne semble plus être sous la coupe d’une quelconque autorité. Certains analystes parlent même d’anarchie. Les bédouins se plaignent de l’insuffisance des investissements étatiques dans l’éducation, les transports et les autres services publics. Le statut particulier du Sinaï fait de cette région une part importante du gâteau pour les candidats qui promettent à ses habitants monts et merveilles. Une lecture rapide dans l’ensemble des programmes nous le dévoile.

Amr Moussa, par exemple, affirme vouloir créer une économie forte et développer le Sinaï. Il consacre un chapitre complet de son programme à ce sujet. Sur la page 27, on peut lire : « Il est temps de procéder à une réforme radicale sur cette terre en prenant en considération les coutumes des habitants de cette région (...). Le développement du Sinaï ne se fera qu’avec l’aide de ses habitants et de ses bédouins pour pouvoir les compenser ».

Aboul-Ezz Al-Hariri, candidat de gauche, lui, est très bref. En une seule phrase vers la fin de son programme, il souligne sa volonté de lancer « un plan national pour le développement du Sinaï basé sur le droit des habitants de posséder leurs terres ». Abdel-Moneim Aboul-Foutouh, islamiste modéré, n’a pas fait mieux. Une seule phrase toujours vers la fin de son programme : « Avec l’aide des habitants du Sinaï, nous allons utiliser les ressources négligées, faire des projets industriels et développer l’agriculture ».

Hamdine Sabbahi, le Nassérien, parle lui aussi d’un projet de « développement du Sinaï ».

Les candidats à la présidence ont donc tous et sans exception mentionné le Sinaï. « Tous les candidats ont parlé dans leurs programmes du développement du Sinaï, mais aucun d’entre eux n’a dit par quel moyen il fera venir l’argent nécessaire à tous ces projets », affirme le politologue Yousri Al-Azabawi. Et d’ajouter : « Que de bavardage électoral tout comme on le voyait avec Moubarak et le PND ».

Le Sinaï, qui a une grande importance stratégique, attend donc l’application de ces projets de développement. La frontière, que la péninsule partage aussi bien avec l’enclave palestinienne de Gaza qu’avec Israël, la rend particulièrement sensible aux répercussions du conflit israélo-palestinien. C’est là une autre question évoquée par les candidats à la présidence. Comme l’explique Mohamad Abdallah Younès, professeur de sciences politiques à l’Université du Caire, tous les candidats considèrent la cause palestinienne comme l’un des éléments-clés des relations égypto-israéliennes et égypto-américaines. Pour Abdel-Moneim Aboul-Foutouh, c’est une question de sécurité nationale pour l’Egypte. Un avis partagé par Mohamad Sélim Al-Awwa, qui appelle à une « normalisation avec la résistance palestinienne ».

« Il faut soutenir la cause palestinienne par tous les moyens légaux, et avec elle Jérusalem, qui est une question centrale pour tous les Arabes et les musulmans ». Aboul-Ezz Al-Hariri, lui, crie : « Non à la judaïsation d’Al-Qods et de la Cisjordanie ». Il appelle à « l’élimination des colonies et l’octroi du droit de retour aux Palestiniens ».

Amr Moussa, lui, tient un langage différent. On sent alors s’exprimer le diplomate. « L’Egypte doit retrouver ses bases en ce qui concerne la cause palestinienne comme l’une des priorités de la sécurité nationale. Nous allons respecter l’initiative arabe jusqu’à parvenir à une solution à ce conflit », dit-il.

La majorité des candidats se rejoignent dans leurs programmes sur un point. Ils accusent tous l’ancien régime d’avoir participé au blocus imposé à la bande de Gaza et d’avoir coordonné avec Israël pour fermer le passage de Rafah, faisant ainsi perdre à l’Egypte son rôle leader dans le monde arabe. Comment retrouver ce rôle ? Les candidats divergent sur cette question. Younès explique : « Le rôle de l’Egypte dans la question palestinienne reste au fond une source de désaccord entre les candidats. Ainsi, les candidats islamistes ainsi que le candidat nassérien sont pour le soutien des factions de résistance palestiniennes, alors que Amr Moussa et Ahmad Chafiq, les anciens de Moubarak, préfèrent faire pression sur Israël pour l’amener à faire des concessions. Et c’est selon eux l’approche la plus appropriée pour la prochaine période ».

Chaïmaa Abdel-Hamid


Voir aussi :

- Egypte-Israël : Nouvelle donne - Samar Al-Gamal - Al-Ahram/Hebdo

et les autres articles du Dossier d’Al-Ahram/Hebdo :

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Al-Ahram/Hebdo - Semaine du 2 au 8 mai 2012, numéro 920 - Dossier


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