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Israël refuse le "diktat" de l’initiative de paix adoptée au sommet de Riyad

samedi 31 mars 2007 - 06h:06

Gilles Paris et Michel Bôle-Richard

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Le sommet annuel de la Ligue arabe s’est conclu, jeudi 29 mars, à Riyad, en Arabie saoudite, par un appel aux pays membres à se reprendre en main. Dans son discours inaugural, mercredi, le roi Abdallah Ben Abdel Aziz avait dressé sans complaisance le tableau des "disputes perpétuelles" qui ont "amené la nation arabe à perdre confiance en elle" et qui ont discrédité une Ligue arabe "plus éloignée" aujourd’hui de "l’unité" que lors de sa création. "La discorde n’est pas notre destin", avait espéré le souverain saoudien, dont la diplomatie a tenté, au cours de ces derniers mois, de combler le vide au Moyen-Orient à un instant jugé plus périlleux que jamais par le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, présent à Riyad.

Au cours de ces deux jours, le roi Abdallah s’est donc efforcé de resserrer les rangs arabes, en recevant notamment à deux reprises le président syrien, Bachar Al-Assad. Ce dernier avait attaqué avec virulence, sans les nommer, en août 2006, les "demi-hommes", dont le souverain saoudien et le président égyptien Hosni Moubarak, qui avaient critiqué l’enlèvement un mois auparavant de deux soldats israéliens par le Hezbollah libanais. Très mordant vis-à-vis de l’opposition libanaise, le roi s’est efforcé de composer avec les deux délégations libanaises, celles de la majorité et de l’opposition, présentes à Riyad.

Le roi a également joué les médiateurs en parrainant une session de travail entre Ban Ki-moon et le président soudanais, Omar Al-Bachir, à propos du Darfour, et qui pourra peut-être permettre de lever les obstacles rencontrés par l’ONU sur le terrain.

Mais l’unité arabe souhaitée par le roi s’est surtout manifestée sur le dossier palestinien, avec la réaffirmation d’une initiative de paix arabe adoptée pour la première fois à Beyrouth en 2002, qui subordonne la normalisation des relations de la quasi-totalité des Etats arabes (à l’exception de la Libye) avec Israël en échange de l’évacuation des terres occupées par l’Etat juif depuis la guerre de 1967.

Cette "main tendue" arabe a cependant été repoussée par Israël. Shimon Pérès, vice-premier ministre, l’a qualifiée de "diktat", estimant que si "Israël acceptait cette initiative, des négociations n’auraient plus de raison d’être". Dans un entretien publié vendredi par le quotidien Haaretz, le premier ministre israélien, Ehoud Olmert, déclare être "prêt à avoir des discussions avec les Saoudiens concernant leur approche et leur dire quelles sont les nôtres". Avant de poursuivre : "Le sommet de Riyad est une affaire sérieuse mais ne nous faisons pas d’illusions, ils (les Arabes) veulent que nous revenions aux frontières de 1967 et ils veulent le droit de retour des réfugiés."

Dans un communiqué, le ministère des affaires étrangères israélien se contente de réaffirmer la volonté de négocier avec les Etats arabes modérés et "la nécessité d’établir un dialogue direct entre Israël et les Palestiniens". Ce qui est loin d’être le cas actuellement.

Le refus israélien de certains des principes de l’initiative arabe a été jugé "peu étonnant" par le ministre saoudien des affaires étrangères, Saoud Al-Fayçal, à l’issue du sommet. "Israël doit comprendre que la normalisation ne sera pas gratuite et que la paix a un prix", a précisé de son côté le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, convaincu qu’il revient désormais à Israël d’apporter la preuve de sa sincérité de parvenir à la paix avec les Palestiniens en permettant la création d’un Etat indépendant et viable.

La réaffirmation de cette initiative s’est accompagnée d’une prise de distance vis-à-vis de la politique régionale américaine, jugée improductive, comme l’a montré, aux yeux des Saoudiens, la dernière tournée en date de la secrétaire d’Etat, Condoleezza Rice. Dans son discours d’ouverture, le roi avait déjà dénoncé "l’occupation étrangère illégitime" de l’Irak. Sous couvert d’anonymat, des diplomates saoudiens ont précisé jeudi que la critique visait bien plus les Etats-Unis que l’Iran, mis en cause dans la déclaration finale du sommet, qui dénonce "la dangereuse et destructrice course à l’armement nucléaire" menaçant la région.

Si les Saoudiens ménagent tout de même leurs alliés historiques américains, il semble que le roi Abdallah n’attende plus rien de l’actuelle administration américaine. Sa décision, selon le Washington Post, de décliner une invitation du président George Bush pour le 17 avril plaiderait en ce sens, en dépit des dénégations entendues à Riyad.

Gilles Paris et Michel Bôle-Richard - Le Monde, le 30 mars 2007


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