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Olmert : le début de la fin ?

samedi 31 mars 2007 - 06h:09

Samah Ziad - Al-Ahram Hebdo

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Soupçonné de délit d’initié, de transactions immobilières frauduleuses et de nominations politiques abusives, le premier ministre Ehud Olmert n’a jamais été aussi impopulaire. Il déclare pourtant vouloir se maintenir à la tête du gouvernement.

Ehud Olmert, tout en reconnaissant être un premier ministre « très impopulaire », se dit déterminé à s’accrocher à son poste. Dans une confession rare de la part de celui qui est considéré en Israël comme un « animal politique », Ehud Olmert a avoué la semaine dernière aux militants de son parti, le Kadima, qu’il était bien conscient de son impopularité. Mais que cela ne l’empêcherait pas pour autant de travailler et de se maintenir à son poste. Même si ces derniers jours, les médias israéliens comparent de récentes photos de lui, où il apparaît défait, blême, des cernes sous des yeux perdus dans le vide, à d’autres qui remontent à son élection, il y a seulement huit mois, et où il se montrait flamboyant.

« Je sais que je suis un premier ministre très impopulaire. Les sondages, l’opposition (le Likoud) et son chef, Benyamin Netanyahu, le répètent. Et il y en a même beaucoup parmi vous qui le soulignent aussi », a reconnu M. Olmert. Mais, s’est-il empressé d’ajouter, « je suis un vieux renard politique, et je sais parfaitement comment j’aurais pu me rendre plus populaire ». Et de défendre dans la foulée sa politique de rigueur économique, sa gestion de la guerre menée du 12 juillet au 14 août au Liban contre le Hezbollah. Mais pour faire oublier les « casseroles » qui se sont accumulées ces derniers mois, Olmert risque d’avoir fort à faire.

Dans le collimateur du contrôleur de l’Etat sur fond de guerre au Liban, il est soupçonné de délit d’initié dans la privatisation d’une banque, de transactions immobilières frauduleuses et de nominations politiques abusives. Quant à la commission d’enquête sur les ratages de la guerre au Liban, qui doit rendre ses premières conclusions en avril, elle pourrait lui recommander de remettre ses gants au vestiaire, comme l’écrit le Jérusalem Post.

La presse n’est pas tendre avec le premier ministre, les sondages non plus qui lui donnent 2 % de crédibilité au sein de l’opinion, et ses « amis » au sein du Kadima, encore moins. Sa cote de popularité sombre dans un abîme et fait surgir la perspective d’élections anticipées. Une autre récente étude réalisée par la chaîne privée de télévision « 10 » indique que 72 % des personnes interrogées estiment qu’il doit quitter ses fonctions. Jamais un premier ministre n’avait atteint un point aussi bas dans les sondages en Israël. La situation de M. Olmert rappelle la grande crise de confiance de l’après-guerre israélo-arabe de 1973, qui avait contraint Golda Meir, la première ministre de l’époque, à démissionner en raison de l’impréparation de l’armée à l’offensive lancée par l’Egypte et la Syrie. Mais, à aucun moment, Golda Meir n’était tombée aussi bas dans les sondages. Parmi les raisons invoquées pour justifier la dégringolade de M. Olmert, figurent en bonne place les ratés de la guerre menée contre le Hezbollah, puis une série de scandales financiers impliquant le premier ministre. Ces affaires ont érodé la confiance que l’opinion avait en M. Olmert, qui a pris ses fonctions en mai 2006 après la victoire de son parti Kadima aux législatives de fin mars. Ehud Olmert avait acquis ce capital de confiance à l’ombre de son prédécesseur, Ariel Sharon, dans le coma depuis plus d’un an. Cependant, l’échec de l’armée à empêcher les tirs de roquettes du Hezbollah sur le territoire israélien, ainsi que l’incapacité du gouvernement à assurer la protection des populations civiles du nord d’Israël ont bouleversé la donne.

Pour les commentateurs, l’avenir politique de M. Olmert pourrait dépendre des conclusions d’un rapport d’une commission d’enquête qui doivent être rendues dans les prochaines semaines. Une majorité des Israéliens (57 %), qui n’ont pas attendu le verdict de cette commission, souhaitent des élections anticipées. Pourtant, même si tout semble perdu pour le premier ministre, il pourrait être prématuré de rédiger son oraison funèbre politique. Il dispose, en effet et sauf défection, d’une majorité de 78 sièges sur les 120 que compte la Knesset. Mieux : la commission d’enquête sur la guerre du Liban pourrait lui servir de bouée de sauvetage. « Sans une recommandation explicite pour qu’il démissionne, (elle) pourrait même lui rendre service », écrit le Haaretz. Car, dans ce cas de figure, ajoute le quotidien, la Cour suprême ne s’empressera pas de considérer une requête pendante appelant à la démission de M. Olmert, et les « rebelles » du Kadima se calmeront. Enfin, les primaires travaillistes, prévues dans les prochaines semaines, pourraient permettre un remaniement de son gouvernement en remettant à flot l’ancien premier ministre et ex-chef d’état-major, Ehud Barak. M. Barak remplacerait alors, et avec plus de panache, le ministre de la Défense, Amir Peretz, lui aussi très impopulaire et en conflit ouvert avec M. Olmert.

28 mars 2007 - Al-Ahram Hebdo - Vous pouvez consulter cet article à :
http://hebdo.ahram.org.eg/arab/ahra...


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