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L’union en fin de compte

vendredi 30 mars 2007 - 07h:06

Khalid Amayreh - Al-Ahram Weekly

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Après un dur et long travail, les deux principaux partis palestiniens, le Hamas et le Fatah, ont finalement réussi à mettre en place un gouvernement d’union nationale. Le nouveau gouvernement, basé sur les lignes de conduite de l’accord de la Mecque du 8 février pour lequel l’Arabie Saoudite a servi d’intermédiaire, a été approuvé par une majorité écrasante de l’opinion palestinienne.

D’après Mustafa Barghouthi le nouveau ministre de l’information, le gouvernement représente plus de 96% du peuple palestinien, et il peut donc être présenté comme étant le gouvernement le plus représentatif dans l’histoire de l’Autorité Palestinienne. Le gouvernement, dans lequel toutes les factions politiques palestiniennes sont représentées, sauf le Front Populaire pour la Libération de la Palestine, est dès à présent en train de développer une atmosphère d’optimisme parmi les Palestiniens.

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Le premier ministre palestinien Ismail Haniya (à gauche) et le président Mahmoud Abbas lors de la première rencontre du nouveau cabinet d’union palestinien à Gaza

Le gouvernement nouvellement formé a aussi attiré des réactions généralement positives à travers le monde arabo-musulman ainsi que dans la communauté internationale. La Norvège, la France, l’Italie, l’Espagne et la Suède ont montré une certaine volonté ou une tendance à traiter avec le gouvernement. La Norvège a été le premier pays en Europe à mettre fin à son boycott de l’Autorité Palestinienne, alors que la France a invité Ziad Abu Amr, le nouveau ministre palestinien des affaires étrangères, à visiter Paris. Tout le monde arabe, dont les leaders se rencontreront à Riyad ce mois, devrait reconnaître officiellement le gouvernement.

Comme cela pouvait se prévoir, Israël et son ange gardien, les Etats-Unis, ne se réjouissent pas du nouveau gouvernement. Israël a fait savoir qu’elle allait maintenir le blocage et d’autres mesures punitives contre les Palestiniens et leur gouvernement, en déclarant qu’il avait échoué à satisfaire les conditions imposées par le Quartet (les Nations Unies, les Etats-Unis, l’Union Européenne et la Russie). Ces conditions incluent le renoncement à la résistance armée, l’acceptation des principaux accords entre l’Autorité Palestinienne et Israël, et la reconnaissance d’Israël en tant qu’état juif. Dimanche, le cabinet israélien a voté le maintien du boycott du gouvernement palestinien, et le premier ministre israélien Ehud Olmert a déclaré qu’il s’attendait à ce que la communauté internationale maintienne sa pression sur les Palestiniens.

Lundi, les médias israéliens ont cité des « sources fiables » à Jérusalem-ouest en disant qu’alors que fissures commençaient à apparaître dans le front anti-palestinien, le blocage financier allait continuer. « L’histoire, c’est l’argent, et ils (les Palestiniens) ne l’obtiendront pas », a dit un officiel non identifié cité par Haaretz. « Tant que les Américains et les Européens maintiennent le gel de l’aide, et qu’Israël ne restitue pas les taxes palestiniennes retenues, le Hamas n’a rien gagné. »

Un tel discours optimiste de la part d’Israël semble faire partie d’un acte d’auto-assurance désespéré. Alors qu’il est vrai qu’Israël refuse toujours de remettre une taxe palestinienne qui s’accumule, estimée à 800 millions de dollars, saisie en violation de la loi internationale et poussant les Palestiniens au bord de la faillite si ce n’est la famine, Israël est consciente qu’elle ne tient pas toutes les cartes. Les Etats-Unis et l’Europe ont déclaré qu’ils traiteront avec le nouveau ministre des finances Salam Fayyadh. Et Abu Amr et Barghouthi semblent parfaitement acceptables pour une grande partie de la communauté internationale, notamment les états arabes et la Russie.

Il est très probable qu’Israël ait recours à ces tactiques testées et éprouvées d’harcèlement, ou même de sabotage, contre le nouveau gouvernement. En effet, Israël a envoyé son armée de manière frénétique à Naplouse, la plus grande ville du nord de la Cisjordanie, précisément le jour où le gouvernement prêtait serment. Il se peut aussi qu’Israël commence à arrêter des ministres du cabinet palestinien, particulièrement ceux affiliés au Hamas. Israël continue à retenir plus de 40 députés et ministres palestiniens, détenus arbitrairement depuis l’an passé.

Refusant d’être intimités, les Palestiniens espèrent que le nouveau gouvernement sera en meilleure position de mobiliser le soutien international et de mettre fin au grave siège économique auquel ils ont été confrontés durant un an. En effet, la levée du siège semble être la véritable raison d’être du nouveau gouvernement. S’il était laissé intact plusieurs mois encore, le siège pouvait très bien mener à une troisième Intifada violente.

En réalité, ceci est exactement ce à quoi le premier ministre palestinien Ismael Haniyeh faisait allusion dans son discours d’ouverture samedi. Dans une interview séparée, Haniyeh a réitéré : « Si vous ne respectez pas ce gouvernement, qui représente la libre volonté du peuple palestinien, vous êtes en fait en train de nous dire que nous n’avons d’autre choix que la violence ».

Du côté américain, les officiels et portes-parole semblent perplexes sur la manière exacte de traiter avec le nouveau gouvernement. D’une part, les Etats-Unis souhaitent garder des ouvertures vers les ministres n’étant pas du Hamas, notamment le ministre des finances Fayyadh, mais d’autre part, ils insistent sur le fait que le gouvernement doit néanmoins répondre aux exigences du Quartet.

Il est attendu que la position de Washington sur le nouveau gouvernement soit expliquée plus clairement la semaine prochaine lorsque la secrétaire d’état américaine Condoleezza Rice arrivera au Moyen-orient pour plusieurs visites dans des capitales-clés.

Entre-temps, la déclaration d’Israël disant qu’elle ne peut parler avec le nouveau gouvernement palestinien à moins qu’il ne satisfasse les exigences du Quartet ne semble être rien de plus qu’une diversion tactique ayant pour but de lancer la balle dans la cour palestinienne. En effet, Israël n’a jamais accepté de mettre en place les accords importants avec les Palestiniens. Sous le gouvernement de Sharon, Israël a dit qu’elle « respecterait » les Accords d’Oslo au lieu de les accepter. Clairement, Israël n’est pas en position de sermonner les Palestiniens concernant l’observation des principaux accords.

La vérité de l’affaire est que pour Israël, les exigences du Quartet sont une commodité qui dissimile sa propre intransigeance. Israël ne veut pas des Palestiniens en tant que « partenaires égaux » pour la paix, mais plutôt comme des vaincus suppliants, mendiant à Israël quelques chose, d’un permis de se déplacer à la ville voisine jusqu’à une permission d’emmener un enfant malade à l’hôpital à Jérusalem est.

L’attitude israélienne à l’égard du nouveau gouvernement palestinien est fourbe et révèle en partie sa faiblesse.

Avec la communauté internationale qui s’anime à nouveau devant la question palestinienne, Israël craint qu’elle ne soit mise aux mêmes normes que les autres états, normes qui impliquent le respect de la loi internationale et des droits de l’homme. Cela impliquerait aussi la fin de l’occupation illégale et des précédents plans israéliens sur le territoire palestinien.

Ceci est là où se tient la ligne rouge pour Israël. Ayant pratiqué cela depuis longtemps, il semble que la piraterie, la brutalité et l’assujettissement des Palestiniens sous la main de fer du sionisme soient plus faciles à supporter pour Tel Aviv que d’y renoncer.

23 mars 2007 - Al-Ahram Weekly - Vous pouvez consulter cet article à :
http://weekly.ahram.org.eg/2007/837...
Traduction : M. Ahmed


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