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La crise politique au Liban

mardi 27 mars 2007 - 05h:52

T. Hocine - El Watan

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Les divergences se creusent.

A l’approche du sommet arabe jeudi prochain à Ryad, le monde arabe fait face à ses crises. Et elles sont nombreuses, et souvent complexes. Comme la crise politique libanaise entrée dans son 2e trimestre.

Et rien n’indique qu’un règlement est possible, puisque même le secrétaire général de la Ligue arabe, qui avait entamé une médiation, semble avoir renoncé à poursuivre sa mission. Et pour cause, ses principaux interlocuteurs, qui avaient laissé croire qu’une solution allait être trouvée après leur double rencontre de la semaine écoulée, en sont à étaler leurs divergences. En ce sens, un des ténors de l’opposition libanaise, chef du mouvement Amal, mais aussi président du Parlement, accuse depuis quelques jours la majorité d’avoir torpillé un accord sur un nouveau gouvernement, sans toutefois fermer la porte au dialogue pour sortir le pays de quatre mois de grave crise politique.

Rompant un long silence, Nabih Berri a indiqué que 5 rencontres avec le chef de la majorité parlementaire, Saâd Hariri, n’avaient « pas permis de parvenir à un accord sur la création d’un gouvernement d’union ». L’opposition menée par le Hezbollah réclame un gouvernement élargi comprenant 19 membres de la majorité et 11 représentants des partis de l’opposition - Hezbollah, Amal et le Courant patriotique libre du général chrétien Michel Aoun. Elle veut également des amendements à la convention entre le Liban et l’ONU, destinée à créer un tribunal à caractère international pour juger les assassins de l’ex-Premier ministre Rafic Hariri, tué dans un attentat à Beyrouth en février 2005. L’opposition motive la place plus importante qu’elle réclame par la nécessité de tenir compte de l’équilibre des forces au Liban, où les décisions sur les sujets importants se font généralement par consensus entre les trois principales communautés religieuses (chrétienne, chiite et sunnite).

Or, en novembre 2006, les cinq ministres chiites ont démissionné plongeant le pays dans une grave crise politique. M. Berri a accusé des leaders de la majorité soutenue par l’Occident, d’avoir « comploté pour porter un coup fatal » à ses consultations avec Saâd Hariri, mettant en cause sans le nommer le député et chef druze Walid Joumblatt, reçu récemment par le président George W. Bush. Il a ajouté, lors d’une conférence de presse à Beyrouth, qu’il y avait eu lors des discussions avec M. Hariri, un « accord sur tous les autres points » litigieux, principalement la mise en place d’une commission chargée de rédiger des amendements à la convention sur le Tribunal international. L’opposition affirme ne pas être hostile à la création d’un tel tribunal même si elle veut y introduire des amendements, mais la majorité l’accuse de vouloir faire barrage à ce projet afin de dissimuler une éventuelle implication syrienne dans l’attentat qui a tué Rafic Hariri, père de Saâd Hariri.

Pour parer aux inquiétudes de la majorité au sujet du tribunal, M. Berri a indiqué que tous les membres du nouveau gouvernement s’engageraient, par écrit, à ne pas démissionner et à assister à toutes les réunions liées à cette question. La majorité accuse en effet les ministres chiites d’avoir démissionné pour empêcher l’adoption par le cabinet du projet créant ce tribunal. M. Berri a aussi déclaré avoir convenu avec M. Hariri que, une fois un accord conclu sur le gouvernement élargi, les 14 principaux dirigeants libanais se réuniraient en Arabie Saoudite pour signer ce texte, qui serait « parrainé » par le roi Abdallah. Tout en se disant disposé malgré tout à « poursuivre le dialogue », il a indiqué qu’il refuserait de convoquer le Parlement tant que le pays restera dirigé par un gouvernement « illégitime », car amputé de ses ministres chiites. Le chef du groupe parlementaire du Hezbollah, Mohammad Raâd, a salué « le courage de M. Berri qui a démontré qu’il tenait à un règlement qui préserve l’unité nationale ».

Dans la journée, des députés de la majorité se sont rassemblés au siège du Parlement pour réclamer une session de la Chambre destinée à ratifier le projet de création du tribunal. Sauf à croire que le contact est coupé, ce qui n’est pas encore le cas, le Liban s’enfonce dans sa crise.

T. Hocine - El Watan, le 25 mars 2007

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