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Noël à Gaza

dimanche 25 décembre 2011 - 07h:33

Ruqaya Izzidien - al-Akhbar

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Ce Noël marque le troisième anniversaire de la guerre israélienne de 2008-2009 contre la bande de Gaza. Un hiver où Ramy El Jelda, âgé de 19 ans a vu sa maison bombardée juste deux jours après Noël. Il est retourné sur le site quelques jours plus tard pour trouver ses décorations de Noël éparpillées sur la route.

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Photo : Ruqaya Izzidien

« Les boules et les cloches étaient sur le sol. L’arbre avait été soufflé hors de la maison et était dans la rue. Nous avons pleuré. Voilà comment nous avons fêté Noël en 2008. »

Aujourd’hui, le petit nombre d’arbres de Noël qui ornent la bande de Gaza sont principalement en plastique et limités aux familles chrétiennes, aux halls des hôtels et aux restaurants des quartiers résidentiels. Le blocus israélien rend seules visibles les guirlandes des arbres de Noël dans l’obscurité fantomatique des huit heures quotidiennes de coupure de courant.

Pour Ramy et la communauté chrétienne, forte de 3000 personnes à Gaza, les célébrations des fêtes de Noël signifient aussi l’isolement et les restrictions pour voyager à Bethléem, en dépit des prétentions israéliennes à soutenir le contraire.

Mais cette année, il y a l’espoir d’une circonstance plus heureuse, malgré les obstacles auxquels les chrétiens palestiniens de Gaza continuent à faire face.

« Noël aide les enfants à se rappeler qu’ils sont jeunes », a expliqué Ramy, parlant des traditions de la communauté grecque orthodoxe qui célèbre Noël le 7 janvier. « Le jour de Noël nous allons à la maison de notre grand-mère et toute ma famille va déjeuner ensemble. C’est un petit Aïd (fête), mais nous le célébrons pendant trois jours et visitons les domiciles des uns et des autres. »

Jaber El Jelda, un parent éloigné de Ramy, est le responsable de l’Eglise orthodoxe, l’une des rares églises de Gaza avec l’Église baptiste et l’Église catholique de la Sainte Famille. Il a expliqué comment la communauté chrétienne orthodoxe marque l’occasion.

« Nous organisons une fête le premier jour de janvier et offrons des cadeaux aux enfants ; nous célébrons Noël avec des chansons, les coutumes folkloriques et la dabka, la danse traditionnelle palestinienne. Nous-mêmes, les membres de l’église Baptiste et des églises catholiques participons aux célébrations de chacun. Nous sommes comme un. »

Bien que Noël dans la bande de Gaza ressemble à celui dans d’autres pays, les similitudes sont extrêmement limitées comme l’explique Ramy : « Nous avons mis en place un arbre dans la maison et l’avons décoré avec des cloches. Nous mettons des bougies et du houx autour de la maison et les enfants reçoivent un peu d’argent en cadeau, appelé eideyya. »

Ramy considère que Noël dans la bande de Gaza est déconnecté des festivités à l’extérieur. « Noël dans la bande de Gaza est différent : c’est une célébration locale, non connecté au Noël du dehors. Ce n’est pas comme j’ai vu célébrer Noël dans les films. »

Bethléem, hors-limites : façade de la prétendue tolérance israélienne

Noël pour les Palestiniens de Gaza génère des complications beaucoup plus difficiles à résoudre que des questions de décorations pour des arbres. Petite minorité dans l’enclave côtière, la communauté chrétienne de Gaza devrait traditionnellement visiter Bethléem, Jérusalem ou Ramallah au moment des fêtes, rejoignant leurs familles et leurs communautés pour une pleine célébration.

Ramy a décrit comment cela se passe pour que les Chrétiens soient autorisés par le pouvoir israélien à visiter la Cisjordanie pour Noël. « Maintenant, ils ne donnent la permission qu’à quelques personnes et que vous devez avoir plus de 35 ans ou moins de 16 ans. Invariablement, si les parents reçoivent l’autorisation, les enfants ne l’ont pas ou vice versa. »

C’est un leurre qui selon beaucoup de Palestiniens, est exploité par les autorités israéliennes. Ces autorités ont annoncé que 500 Chrétiens seraient autorisés à célébrer Noël dans leurs lieux saints comme un « geste de bonne volonté ». Mais en termes pratiques, très peu de ceux qui sont admissibles ont le droit de faire le voyage de 80 kilomètres pour aller de Gaza à Jérusalem, et ceux qui y ont droit sacrifient alors un Noël avec leur famille.

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Vente de calendriers de Noël - Photo : Ruqaya Izzidien

Jaber a renoncé à demander une permission, car ses fils sont à l’université et le droit de se déplacer leur sera donc automatiquement refusé. « Mon oncle et mes cousins ​​vivent à Ramallah, mais je ne peux pas fêter Noël avec eux parce que mes enfants ont plus de 16 ans et sont donc trop âgés pour les permis. Comment pourrais-je sortir de Gaza pour célébrer Noël, si je ne peux pas emmener mes enfants ? C’est ridicule. »

Même la procédure pour recevoir la permission n’est pas fiable, a expliqué Jaber. « Mon frère est âgé de 52 ans et il voulait aller en Cisjordanie pour Noël ; les autorités israéliennes lui ont juste dit : ’bien que nous savons que vous n’êtes pas un terroriste, nous ne voulons pas de vous en Israël’. Il avait travaillé en Israël pendant environ 25 ans. »

Pour cette raison, Ramy considère que la machine israélienne de propagande exploite la communauté chrétienne : « Le gouvernement israélien fait cela pour profiter de nous, de sorte qu’ils puissent dire qu’ils permettent aux chrétiens de se rendre à Bethléem pour Noël, mais vraiment on ne peut pratiquement pas y aller. Ils nous exploitent pour améliorer leur image. »

Jaber a souligné combien la communauté chrétienne de Gaza souffre aussi à d’autres moments de l’année sous la férule des autorités israéliennes. « Notre prêtre et notre archevêque de Grèce font face à des problèmes pour se rendre à Gaza, même s’ils ont un passeport diplomatique. Ils doivent entrer par Israël, mais parfois, l’accès leur est refusé. »

Les relations entre Chrétiens et Musulmans

Ramy étudie à l’Université islamique dirigée par le Hamas, comme un certain nombre d’étudiants chrétiens à Gaza. On lui a offert une place à l’Université de Birzeit, mais il a été contraint de poursuivre ses études dans la bande de Gaza car Israël lui a interdit d’étudier en Cisjordanie.

Malgré cela, il apprécie son séjour à l’Université islamique et dit qu’il est exempté de certaines classes, comme l’étude du Coran, par respect pour ses croyances. « Tous mes amis sont Musulmans. Je ne m’inquiète pas si mes amis sont Chrétiens ou non. Mes amis Musulmans ici, à Gaza me souhaitent aussi un Joyeux Noël et viennent me rendre visite à cette occasion. Ce que les médias disent sur les Arabes et leur intolérance n’est pas vrai. »

Jaber convient que les relations entre Musulmans et Chrétiens sont très bonnes en général, bien que son église ait subi quelques rares agressions. « Il y a 4 mois, les câbles pour nos cloches de l’église ont été coupés, mais maintenant tout va bien. Le gouvernement a dit à la communauté de nous laisser tranquilles et cela nous a aidés. »

Il a souligné que de telles attaques sont pénibles mais qu’elles ne sont pas représentatives des Musulmans de Gaza dans leur ensemble : « C’est une minorité de gens qui créent des problèmes, la plupart des gens nous comprennent et pensent simplement que nous avons nos croyances et eux les leurs. »

Rana Baker est une palestinienne musulmane qui a étudié à l’école catholique de la Sainte-Famille à Gaza. « Ce fut une expérience formidable ; à l’école, mes camarades chrétiens faisaient le ramadan avec nous et nous célébrions Noël avec eux. Nous avions des livres islamiques et eux des livres chrétiens. Je n’ai jamais vu aucune discrimination et, en tant qu’étudiants, vous étiez jugés uniquement sur votre mérite scolaire. »

Rana fait remarquer que, aussi petites que soient les fêtes, la saison des célébrations de Noël est remarquée et appréciée dans la bande de Gaza, même par les Musulmans. « J’aime vraiment Noël, j’aime sortir avec mes amis chrétiens à cette époque de l’année. Je leur souhaite un joyeux Noël et ils font la même chose pour moi au moment de l’Aïd. »
« La relation entre Musulmans et Chrétiens à Gaza est vraiment bonne. La Palestine est l’un des rares endroits où les Musulmans et les Chrétiens sont vraiment proches. Nous sommes frères et s ?urs. »

24 décembre 2011 - al-Akhbar - Vous pouvez consulter cet article à :
http://english.al-akhbar.com/conten...
Traduction : al-Khalil


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