16 septembre 2017 - CONNECTEZ-VOUS sur notre nouveau site : CHRONIQUE DE PALESTINE

Institut d’Egypte : des milliers de documents inestimables détruits par le feu sous le nez de l’armée

vendredi 23 décembre 2011 - 07h:00

Radwan Adam - al-Akhbar

Imprimer Imprimer la page

Bookmark and Share


Contrairement aux affirmations venant du SCAF [conseil militaire au pouvoir en Egypte], l’armée égyptienne peut être largement critiquée pour l’une des pires catastrophes touchant le patrimoine égyptien : la destruction par le feu de milliers de livres et manuscrits anciens à l’Institut d’Egypte au Caire.

JPEG - 38.2 ko
Lors de l’incendie de l’Institut d’Egypte, très peu de documents ont pu être sauvés des flammes - Photo : REUTERS/Amr Abdallah Dalsh

Le patrimoine culturel égyptien a été profondément touché samedi. Des dizaines de milliers de livres rares d’Egypte et d’autres pays ont été brûlés sous les yeux de l’armée égyptienne qui contemplait l’incendie.

Le Conseil militaire a révélé ainsi son côté le plus laid, laissant apparemment se consumer l’Institut d’Egypte, une vénérable institution culturelle fondée par Bonaparte après sa campagne d’Egypte en 1798.

Le directeur de l’Institut, Mohammad al-Sharnoubi, pleurait sur la destruction de ce patrimoine précieux, alors que les soldats restaient les bras croisés ou de se moquaient de lui.

Plusieurs militants sont immédiatement venus pour protéger ce qu’ils pouvaient de ces livres rares. Ils ont à peine pu sauver une douzaine de livres rares, les remettant à un groupe d’officiers de l’armée. Eux et une délégation de la Bibliothèque d’Alexandrie ont livré les restes récupérés à la Bibliothèque nationale et aux Archives égyptiennes, lesquelles sont restées ouvertes toute la nuit pour recevoir les livres et manuscrits, sur ordre de son directeur, M. Abdel Hamid Chakir.

Sharbouni restait debout face à l’immeuble en feu, en criant « Catastrophe, c’est une catastrophe ! Regardez, l’histoire de l’Egypte est en feu ! » Il a attendu les voitures de pompiers, mais elles ne sont pas arrivés avant que l’incendie n’ait déjà détruit l’ancienne bibliothèque.

Craignant que l’homme n’ait une crise cardiaque, des manifestants et les étudiants de l’Université américaine au Caire l’ont fait asseoir sur le trottoir en face de l’Institut.

Certains des manifestants ont directement accusé le Conseil militaire d’avoir mis le feu afin d’en accuser les manifestants. L’un d’eux a accusé l’armée de ne même pas comprendre ce que voulaient dire les mots « Institut Egyptien », ni d’avoir la moindre notion de sa valeur historique. « Je jure que ceux sont eux qui ont mis le feu », a-t-il encore dit.

« La bibliothèque de l’Institut égyptien contenait près de 50000 livres, dont de nombreux manuscrits en exemplaires uniques. Ils auraient pu avoir été mis en sécurité en transport aérien, comme cela a été fait lorsque le Parlement a pris feu en août 2008, » a déclaré le directeur de l’Institut, al-Sharbouni.

Il a également demandé un procès de tous ceux qui sont liés à l’incendie qui a détruit ce morceau d’histoire de l’Egypte.

« Ces sont les manifestants qui ont sauvé le Musée égyptien du pillage dans les premiers jours de la révolution, et ils ont participé au sauvetage d’un certain nombre de livres de l’Institut. Quiconque a brûlé l’Institut veut tirer bénéfice du chaos dans le pays. Je demande une enquête juste et indépendante sur cette catastrophe qui a frappé aujourd’hui notre civilisation. »

Afin de superviser la restauration des livres et des manuscrits récupérés, le ministère de la Culture a fini par former un comité composé d’experts issus du Haut Conseil pour le patrimoine, le Haut Conseil de la Culture et de la Bibliothèque d’Alexandrie.

Toutefois, Khaled Azb, chercheur en archivistique et responsable des relations avec les médias à la Bibliothèque d’Alexandrie, a rabaissé l’importance de cette édécision, en disant : « C’est très tard. Mais bien sûr il fallait le faire ».

« La principale difficulté n’est pas la restauration. Certains livres seront restaurées, et d’autres sont disponibles en copies numériques, et peuvent être réimprimés. Le problème est de savoir combien de livres rares sont restés intacts ? Il y avait de précieux livres dans l’Institut, qui font partie de l’héritage de toute la civilisation humaine, pas seulement de l’Egypte. Nous allons essayer de faire revivre ce qui reste, mais ce qui est arrivé est vraiment un désastre sans précédent », a-t-il dit.

L’Institut d’Egypte fait partie des plus anciennes institutions culturelles en Egypte. Sa bibliothèque contient près de 200 000 livres, en plus de 50 000 manuscrits historiques et rares.

Les manuscrits les plus célèbres comprennent un atlas des arts de l’Inde ancienne, un atlas intitulé Haute et Basse Egypte, rédigé en 1752, en plus d’un Atlas allemand de l’Egypte et de l’Ethiopie qui remonte à 1842. La bibliothèque contient également la copie originale de la Description de l’Egypte, un ouvrage en 20 volumes écrits par des universitaires français et des experts de diverses spécialités, composé pendant la campagne militaire française en Egypte.

22 décembre 2011 - al-Akhbar - Vous pouvez consulter cet article à :
http://english.al-akhbar.com/conten...
Traduction : Info-Palestine.net


Les articles publiés ne reflètent pas obligatoirement les opinions du groupe de publication, qui dénie toute responsabilité dans leurs contenus, lesquels n'engagent que leurs auteurs ou leurs traducteurs. Nous sommes attentifs à toute proposition d'ajouts ou de corrections.
Le contenu de ce site peut être librement diffusé aux seules conditions suivantes, impératives : mentionner clairement l'origine des articles, le nom du site www.info-palestine.net, ainsi que celui des traducteurs.