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Qui en premier ... la révolution syrienne ou la résistance libanaise ?

jeudi 24 novembre 2011 - 07h:03

Nasri Assayar - Alssafir

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Il est certes malheureux que le choix soit devenu la révolution ou la résistance, écrit Nasri Assayar.

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Rassemblement de l’opposition dans la ville syrienne de Idlib - Photo : Reuters

I _ Pour la révolution syrienne...mais...

Absolument pour cette révolution parce qu’elle a lutté et payé un prix immense pour éliminer la dictature... Pour cette révolution syrienne, l’un des bourgeons du printemps arabe, parce qu’elle a porté l’insigne de la liberté et élevé l’importance de la dignité ainsi que la noblesse de la justice... Pour cette révolution syrienne pour tout ce qu’elle a entrepris, donné et promis...

Pour elle, cette révolution, parce que sa légitimité est la fille de ses souffrances, de ses objectifs et de la dote élevée qu’elle a payé au bénéfice de la patrie. Pour elle, cette révolution, parce qu’elle ressemble par ses jeunes, par ses hommes et par ses femmes à la révolution tunisienne et à la révolution égyptienne. Et ne serait-ce que parce que ces deux révolutions ont réussi à mettre fin à deux règnes dictatoriaux passés maître dans la corruption et le féodalisme. Pour cette révolution syrienne, parce que se trouver du côté du régime et du pouvoir relève de la honte politique, malgré ce qui lui revient comme le mérite de faire face aux politiques occidentales pro-israélienne en terme de soutien et d’assistance. Comme appartient à ce régime la position pratique et audacieuse, voire extrémiste, de soutien à la résistance populaire islamiste au Liban, nationale en Palestine et de libération en Irak.

Malgré tout cela, se trouver du côté de la révolution syrienne est un devoir patriote, humain et moral que dictent la politique des grands rêves : le retour du peuple à la première place de la politique où il tient les rênes de ses affaires, de sa dignité, de sa liberté, de son futur et de ses intérêts. Et un devoir dicté également par un fort désir de balayer les régimes despotiques qui ont piétiné les c ?urs de leurs peuples pratiquement un demi siècle durant.

Mais depuis avant-hier précisément, être du côté de cette révolution n’est plus possible. Malgré le poids de ce qu’elle a payé jusqu’à maintenant. Et la raison de cela est que la révolution, qui dirige notre espoir, est maintenant dirigée par les espoirs des régimes arabes les plus dictatoriaux et oppressifs. Des régimes qui appartiennent aux « familles » de la communauté internationale et qui ont adopté le style des mafias politiques.

II _ Une révolution sous commandement du Levy arabe.

On ne peut être que du côté, et jusqu’au bout, d’une révolution qui est dirigée par son peuple jusqu’à la victoire, mais cela est impossible quand une révolution est dirigée par des régimes arabes accusés de tous les maux d’une dictature immorale, de féodalisme et de communautarisme criminel. Dès le départ, ces régimes sont contre leurs peuples. De jour comme de nuit, ils vivent de leur répression, du bakchich qu’ils leur soudoient quand ils sentent que la colère peut exploser. Et ils se gardent les capacités pétrolières qui leur permettent de subordonner les autres peuples et les autres États.

Impossible d’être du côté de la révolution : elle a promis de ne pas demander le soutien extérieur, puis elle a finit par livrer son commandement politique et ses affaires futures à des États dirigés par les intérêts d’Israël et auxquels la révolution ne refuse aucune demande.

Impossible de faire confiance à l’Amérique qui a traqué la Palestine dans tous les coins du monde pour l’empêcher d’obtenir une présence symbolique au sein des organisations internationales. Peut-elle être la protectrice de la démocratie en Syrie ? Personne ne s’imagine que Bernard Henry Levy, « prophète » de Sarkozy qui lui inspire les politiques d’ingérence pour des raisons humanitaires, être purement démocratique, lui dont l’esprit, la pensée, la morale sont contaminés par un sionisme féroce. Précédemment, ce « prophète » a dirigé la campagne d’ingérence de l’Otan en Libye et a contribué à l’étreinte à Paris avec la révolution syrienne. Comment est-il possible d’être avec la révolution et avec Bernard Henry Levy ?

Non, impossible d’être avec la révolution, les nouveaux leaders le seront : les Arabes sous commandements de l’Émir de la politique des casinos du Qatar, l’Occident sous commandement de ses bourreaux embourbés dans la félicité de la colonisation et les initiateurs de la lutte contre tout ce qui critique Israël ou appel à son boycott, même culturel, en les terrifiant par des accusations d’antisémitisme.

Non, mille fois non, impossible d’être pour la révolution, ces mois ont été glorieux, promettaient la démocratie, la liberté et le patriotisme. Finalement, la révolution a livré sa direction à des gens qui ont pour seul mot d’ordre d’égorger la résistance au Liban. Personne ne nous opprime comme nous a opprimé la communauté internationale.

III _ Pour la résistance... mon c ?ur à la révolution

Entre la révolution, qui peut aboutir à des destins tragiques et non rentables, et la résistance forteresse de la confrontation, miracle d’accomplissement, promesse de libération - libération de la Palestine - le choix définitif est que tout révolutionnaire droit, cultivé, engagé et conscient des dimensions des politiques occidentales, est du côté de la résistance.

Entre la révolution, dans sa robe arabe et internationale, et entre la résistance dans sa jubba (ndlr : vêtement fait le plus souvent de drap, semblable à une robe à manches longues), sa cape (abaya) et son arsenal, je choisis la résistance. Et, mon c ?ur va à la révolution. J’ai découvert que la Ligue arabe ne pouvait pas rester cachée sinon dans la tunique de l’hypocrisie... La Ligue arabe veut s’en prendre à la tête de la résistance en passant par la Syrie. Israël a déjà essayé, et dans son sillon les Arabes et le monde, de déraciner la résistance et il échoua dans une défaite militaire. La résistance a été victorieuse grâce à ses forces, à l’excellence de ses hommes, à la ténacité du soutien syrien et à la capacité des flux iraniens. Les arabes des temps noirs, nomment « la guerre de juillet », poliment, une aventure, ils ont fait le pari du soutien à la guerre israélienne, avec certains acteurs libanais, en se disant sans doute qu’il feront tomber la tête des forces de la résistance et du refus.

Les arabes des temps noirs, du pétrole noir et des États européens blancs ont noirci leur visage lorsque la résistance arracha par son opiniâtreté une victoire stratégique unique dans l’histoire de l’art militaire. Depuis l’époque de ces temps noirs, la résistance au Liban est confrontée au harcèlement politique, médiatique et communautaire. La résistance n’a pas glissé vers ce que l’on attendait d’elle : la guerre civile entre Sunnites et Chiites. Elle s’est tourné vers une augmentation de l’armement, la prière quotidienne et la prosternation permanente. Son arme n’est ni de construction divine ni du Mahdi mais plutôt d’un proche et lointain stock qui arrive au Liban depuis la Syrie.

Entre une résistance que le monde traque mais en vain, et, entre une révolution qui court après le monde afin qu’il la dirige, le choix est d’être du côté de la résistance.

Au départ, la révolution et la résistance étaient supposées se trouver dans la même tranchée. Mais, pour des raisons objectives profondes d’assistance et d’influence la résistance s’est rangée au côté du régime. Cela est compréhensible et acceptable. La résistance n’est pas responsable de la nature du régime, au contraire elle interroge le citoyen syrien lambda sur la politique de ce régime. La politique du régime était permanente, fournissant le soutien et le réseau sécuritaire à la résistance. Et l’abandon de cela relève de la folie ou du suicide. La résistance a sacrifié la révolution afin de sauver ce qu’elle avait accomplit ainsi que les qualifications acquises dont elle dispose pour les confrontations et batailles futures. Le souci de la résistance était de trouver une solution qui réalise la réforme et la transition pacifiste vers une nouvelle période syrienne.

Le régime syrien ne peut pas faire cela et la révolution n’est pas en mesure d’imposer cela au régime... Bien sûr le régime en Syrie porte la responsabilité de la tournure qu’ont pris les événements mais surtout il porte la responsabilité d’empêcher la révolution de demander la protection internationale. Et on le lui a souvent dit, mais il n’écoute pas ou ne veut pas écouter.

A ce stade, les choix restent claires :

soit une révolution sous commandement de États de la communauté internationale qui a pris parti pour Israël, à travers ses agents arabes issus des régimes dictatoriaux éternels, soit une résistance contre Israël et la communauté internationale avec ses agents régionaux. Et dans ce cas, la guerre sera ouverte depuis le Golfe avec ses régimes jusqu’à l’Algérie menacée dans sa stabilité et dans son régime si elle dit non au « Guevara » Qatar.

IV _ Futur de la guerre ouverte

Quel futur demain ?

La scène régionale est féconde de cauchemars de guerres :

- une guerre civile communautaire sectaires en Syrie
- une guerre d’usure contre le régime du côté des forces armées protégées localement et armées internationalement
- des guerres politiques peuvent aboutir à une forme d’ingérence sécuritaire/militaire accompagnée d’un blocus économique.
- un déplacement de la guerre intérieure syrienne vers son environnement régional:le Liban est candidat pour cela, au Sud comme au Nord, où la Force d’urgence internationale (ndlr : Finul, Force intérimaire des Nations Unies au Liban) est traitée comme les États qui sont pour le soutien à l’ingérence en Syrie
- une expansion de la violence jusqu’à ce qu’elle atteigne le Golfe dont les eaux vivent au rythme du vacarme des déclarations contre le nucléaire Chiite iranien.

Quel futur demain ?

Assayyed Hassan Nassrallah a averti de l’effet domino si un assaut est donné sur la Syrie. Assayyed Ali Khameneï a averti de la frappe d’une main de fer sur tout ce qui essayera un assaut sur l’Iran. Quant aux États de la Ligue arabe, ils ont déjà ouvert la porte aux vents internationaux, s’il venait une tempête, ni le Golfe ni la Méditerranée n’y échapperaient.

Le régime syrien, sur le plan de sa structure et de sa relation avec son peuple, ne déroge pas à la règle des régimes dictatoriaux, sauf qu’il ne s’agit pas de la Tunisie, de l’Égypte ou de la Libye. Le régime syrien est une partie du système régional qui a des profondes racines, des solides relations et des buts stratégiques qui se sont ancrés depuis des décennies. C’est un régime soutenu par les forces régionales iraniennes et libanaises. Cela n’est pas négligeable de par leurs forces et et leurs capacités d’action. Et la valeur de ces forces est de n’être pas subordonnée aux exigences du système international. Elles se sont presque soulevées et révoltées contre lui. L’Iran a déjà vécu depuis la naissance de sa révolution des blocus intermittents, des grandes guerres, directement ou indirectement mais, en quelques décennies, il a réussi à les traverser et à construire un État aux capacités technologiques et nucléaires. Cela est le miracle iranien.

De même la résistance a vécu, depuis le déclenchement de ses opérations au Liban sud, des situations de blocus, d’agressions, de batailles (1993,1996, 2000, 2006) et malgré tout cela, elle est à chaque fois ressortie plus forte que ce qu’elle n’était... Quant à la Syrie, elle vit, depuis la bataille de Maysaloun, des confrontations dures, des guerres perdues et elle ne se rend pas du tout.

Soit on reste ensemble, soit on tombe ensemble.
Le danger qui frappe à la porte de la Syrie n’épargnera pas les portes arabes et régionales. Tout le monde est dans l’ ?il du cyclone.

V - Correctif

Il est certes malheureux que le choix soit devenu la révolution ou la résistance. Situation de déchirement personnel et moral impossible à qualifier quand il s’agit de prendre parti.
Entre la révolution et le régime, la prise de position est facile. Tu choisis la révolution.

Entre la révolution et la résistance, tu te dédoubles. Une de tes deux moitiés ici et l’autre là....Tu ne cicatrises pas. Tu es seulement consterné. Tu dis si... tu persévères dans ton choix d’être du côté de la résistance et ton c ?ur du côté de la révolution qui mérite la victoire, sinon...

Il est malheureux que les erreurs politiques soient onéreuses et leurs coûts soient des guerres, du sang, de la destruction et une absence d’horizon.

Qui voit parmi vous la lumière doit nous diriger vers elle. Dans ces temps arabe obscures, afin que nous recouvrions l’espoir du printemps arabe purifié de la souillure occidentale et de ses sollicitudes qu’il pratique de manière carnassière.

14 novembre 2011 - Alssafir - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.assafir.com/Article.aspx...
Traduction de l’arabe : Hazardomadaire


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