16 septembre 2017 - CONNECTEZ-VOUS sur notre nouveau site : CHRONIQUE DE PALESTINE

Les Palestiniens inquiets quant à la proposition de reconnaissance aux Nations-Unies

dimanche 11 septembre 2011 - 08h:58

PNN

Imprimer Imprimer la page

Bookmark and Share


A deux semaines de la réunion de l’Assemblée Générale des Nations-Unies au cours de laquelle sera introduite la proposition de reconnaissance de l’État palestinien, de sérieux doutes ont été émis dans le camp palestinien.

Au-delà des obstacles évidents que posent les menaces et les pressions exercées par les États-Unis et Israël, les Palestiniens s’interrogent également sur les conséquences de l’établissement d’un État palestinien. Malgré le désir d’auto-détermination, les angoisses se multiplient.

L’une des principales inquiétude ayant été soulevée concerne la représentation et le statut des 4,5 millions de réfugiés palestiniens à l’étranger. Si l’État palestinien est reconnu, les réfugiés risqueraient de perdre un ensemble de droits spécifiques qui leur permet aujourd’hui de vivre dans un État étranger, de bénéficier de sa protection et d’aides particulières. Ces droits sont le résultat d’une intense lutte politique menée par l’Organisation de Libération de la Palestine, le corps institutionnel qui représente tous les Palestiniens, aussi bien en Palestine occupée que réfugiés à l’étranger.

"La principale question qui se pose ici", pose le Centre Palestinien pour les Droits de l’Homme, "est de savoir si, après la reconnaissance d’un État palestinien, l’OLP sera toujours en mesure de maintenir son statut légal et politique en tant que représentant du peuple palestinien, en particulier par rapport aux réfugiés palestiniens".

Guy Goodwin, professeur de Droit international à l’Université d’Oxford, explique que "le mouvement visant à améliorer la présence des Palestiniens au sein des Nations-Unies en passant par la reconnaissance d’un État palestinien comporte toutefois le risque de la fragmentation du peuple palestinien - où l’État représenterait les Palestiniens de Palestine au sein des Nations-Unies tandis que l’OLP représenterait les Palestiniens hors de Palestine et hors des Nations-Unies. Une telle division s’inscrirait à l’opposé de l’intention originelle de la communauté internationale, lorsqu’elle a reconnu l’OLP. Le défi qui se poserait alors dans cette circonstance serait de parvenir à maintenir l’unité palestinienne".

Une autre inquiétude majeure concerne quant à elle la transparence et la légitimité des ambitions des dirigeants palestiniens. Selon "Stoppez le Mur", une campagne palestinienne populaire s’opposant au mur, "personne ne sait ce que contiendra le texte de la proposition qui sera présenté aux Nations-Unies. Plusieurs organisations palestiniennes, intellectuels et activistes ont affirmé qu’ils ne peuvent pas et ne soutiendront pas une proposition dont le contenu est inconnu. Le coeur du problème est que l’Autorité Palestinienne a avancé cette proposition sans consulter les Palestiniens et sans ouvrir de discussion et de débat public autour de celle-ci. Et ils veulent maintenant que les Palestiniens la soutiennent aveuglément. Ceci est représentatif d’un problème bien plus profond au sein du corps politique palestinien et appelle à davantage de transparence, de responsabilité et de participation populaire dans les processus gouvernementaux".

Les Palestiniens se rappellent avec angoisse l’insatisfaction des Accords d’Oslo de 1993, qui furent pour la plupart une déception majeure exacerbée par le manque d’information et de transparence de la part de les dirigeants palestiniens.

De nombreux Palestiniens considèrent qu’un effort concerté pour obtenir la reconnaissance d’un État palestinien et l’application des lois internationales serait salvateur et permettrait de sortir de l’impasse des négociations israélo-palestiniennes parrainée par les États-Unis, et du manque de progrès quant à l’occupation israélienne.

Toutefois, dans l’éveil du Printemps Arabe s’inscrivent de profonds appels à davantage de procédures démocratiques et de transparence au sein du corps politique palestinien, afin d’approfondir aussi bien la participation populaire que la légitimité des décisions politiques.

En l’absence de transparence et d’un consensus légitime, la proposition palestinienne de la reconnaissance d’un État palestinien aux Nations-Unies alimentera le scepticisme de nombre des palestiniens qu’il devrait représenter.

9 septembre 2011 - PNN


Les articles publiés ne reflètent pas obligatoirement les opinions du groupe de publication, qui dénie toute responsabilité dans leurs contenus, lesquels n'engagent que leurs auteurs ou leurs traducteurs. Nous sommes attentifs à toute proposition d'ajouts ou de corrections.
Le contenu de ce site peut être librement diffusé aux seules conditions suivantes, impératives : mentionner clairement l'origine des articles, le nom du site www.info-palestine.net, ainsi que celui des traducteurs.