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Les USA et le gouvernement norvégien de concert contre le boycott des universités israéliennes en Norvège

vendredi 2 septembre 2011 - 09h:50

Maureen - IE

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Des dépêches publiées cette semaine par Wikileaks montrent que le gouvernement US a manifesté avec le gouvernement de Norvège ses préoccupations à propos d’une motion pour le boycott des institutions universitaires israéliennes à l’université des Sciences et Technologies de Trondheim (NTNU) en Norvège.

Une dépêche du 10 novembre 2009, ayant comme objet « Une université norvégienne va voter sur le boycott des universités israéliennes » et désignée « non classifiée/ pour usage officiel uniquement », explique qu’un diplomate états-unien a appelé un diplomate norvégien pour lui demander quelle était l’opinion du gouvernement norvégien sur le vote à venir en faveur du boycott. Le diplomate norvégien a confirmé que la mesure de boycott était contraire à la politique de l’État norvégien.

La note indique aussi que le chef adjoint de la mission a également contacté son homologue israélien, Aviad Ivri, « pour s’assurer que les réponses et les actions de la mission israélienne intégraient bien la menace de boycott ».

La réponse du diplomate israélien illustre la façon dont le ministère des Affaires étrangères israélien est intervenu pour saper les actions répondant à l’appel palestinien de 2005 (*) pour le boycott, le désinvestissement et les sanctions (contre Israël).

Selon la dépêche :

« (Ivri) a déclaré que la proposition de boycott avait été précédée d’une série de six conférences anti-Israël à (Trondheim) qui a commencé en septembre 2009. Cet ensemble de conférences intitulé "Le conflit Israël/Palestine : quelle connaissance fondée sur la recherche ? " était soutenu par le président (de Trondheim), Torbjoern Digernes. L’ambassade d’Israël à Oslo a adressé un courrier à Digernes pour soulever des objections à toutes ces conférences, auquel le président a choisi de répondre par blog. Ses réponses ont suscité un débat dans le monde entier, un débat "que le président a perdu" selon Ivri. Et il ajoute, "Tout ceci est arrivé avant que nous apprenions le vote à venir (à l’université de Trondheim sur le boycott proposé)". Selon Ivri, un autre débat a depuis eu lieu dans la blogosphère sur le boycott et, dit-il, "L’université l’a perdu à nouveau". »

La dépêche raconte aussi comment Israël a soulevé la question du vote sur le boycott avec le ministère norvégien des Affaires étrangères et comment il a informé « deux rédacteurs en chef de journaux norvégiens, ce qui, toujours selon Ivri, " a abouti en fin de semaine à deux articles formidables s’opposant au boycott." L’ambassade à Oslo note que le président Digernes (de Trondheim) en est venu aujourd’hui à condamner clairement et publiquement le boycott proposé et envisagé par le conseil d’administration de la NTNU, tant dans une interview du 3 novembre avec le quotidien norvégien local, Adressa, que dans ses propos du dimanche 9 novembre, à l’intérieur d’un article d’une page condamnant le boycott, rédigé par Knut Olav Aamas, rédacteur en chef de la rubrique Culture/Débat du journal Aftenposten. »

La dépêche se termine par la mention « L’ambassade d’Oslo suit de près l’évolution de la situation et est prête à s’engager davantage si Washington signale une quelconque inquiétude (du gouvernement US) que nous pourrions utilement relayer vers le (gouvernement de Norvège) », ce qui laisse bien penser que la crainte initiale du boycott est venue de Washington.

Obama s’est exprimé sur ce boycott avant qu’on lui remette le prix Nobel de la paix.

Il a été question du vote sur le boycott à Trondheim à l’occasion d’une intervention lors de la réception du Président US Barack Obama à Oslo quand il a accepté le prix Nobel de la paix, en novembre 2009. L’information, classée document secret, et également révélée par Wikileaks cette semaine, dit ceci :

« Les dirigeants norvégiens et israéliens nous ont dit cet automne que la Norvège avait pris des mesures visant à améliorer les relations bilatérales avec Israël, notamment par des échanges notamment scientifiques et d’autres activités. Au début du mois de novembre, le gouvernement a condamné publiquement l’action privée dans l’université de Trondheim visant à boycotter les universitaires israéliens, qualifiant cette action de contraire à la liberté universitaire. Le conseil d’administration de l’université a unanimement condamné la proposition de boycott quelques jours plus tard, le 12 novembre ».

Il faut noter ici que dans le préambule de l’autobiographie de Nelson Mandela, le Président Obama situe le début de son action politique à son implication dans le mouvement de désinvestissement du campus contre le régime d’apartheid en Afrique du Sud).

La dirigeante de la droite norvégienne a applaudit à l’échec du vote sur le boycott.

La question du vote de Trondheim est venue aussi lors d’une rencontre entre Siv Jensen, dirigeante du Parti du Progrès, parti de droite de Norvège, et l’ambassadeur US en Norvège. Une dépêche de décembre 2010 rendue publique cette semaine désigne la déclaration qui suit comme «  non classifiée/pour usage officiel uniquement » :

« Interrogée sur ce qu’elle pensait du rôle (du gouvernement de Norvège) dans le processus de paix au Moyen-Orient, Jensen a expliqué que le Parti du Progrès s’est efforcé de créer un "contrepoids" à l’image déséquilibrée du conflit israélo-palestinien rendue par les médias norvégiens. Elle a indiqué que le Parti du Progrès défendait Israël et ses droits à exister comme État démocratique dans la sécurité, dans une région non démocratique qui lui était hostile. Elle s’est dite heureuse que le gouvernement de coalition rouge-vert (centre gauche : les Sociaux-démocrates, les Verts, et le Parti travailliste - ndt) se soit exprimée contre la proposition récente de l’université NTNU à Trondheim visant à boycotter les universités israéliennes ».

Jensen a aussi fait part de son inquiétude devant « la façon déséquilibrée dont les médias rapportaient sur le Moyen-Orient » en Norvège. Selon la dépêche, « L’ambassadeur a demandé si Jensen avait des idées précises sur des moyens pour susciter un équilibre ou une couverture neutre du conflit au Moyen-Orient dans les médias ou les débats publics universitaires en Norvège ». Elle a répondu, « Si vous (les USA) pouviez trouvez un moyen pour faire quelque chose à ce propos, ce serait merveilleux ».

Depuis le vote de Trondheim en 2009, le Département d’État US a répété qu’un partenariat pour combattre la « délégitimation d’Israël » était dans la politique du gouvernement. Les notes publiées cette semaine par Wikileaks montrent que cette politique est en ?uvre.

(*)


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Appel palestinien au BDS, du 9 juillet 2005




Sur le boycott des universités israéliennes, voir notamment :

- Pourquoi le boycott universitaire de l’université Ben Gourion par l’Afrique du Sud s’est-il enraciné ? - S. Vally, L. Boctor
- A propos des détracteurs du BDS et de leur quête de respectabilité - Campagne palestinienne pour le boycott universitaire et culturel d’Israël - PACBI
- La campagne de Boycott d’Israël : Arguments juridiques d’une campagne politique - Julien Salingue
- Omar Barghouti lance un appel aux célébrités pour qu’elles rejoignent la campagne internationale de boycott d’Israël - MEMO (Middle East Monitor)
- BDS : de nouvelles barrières tombent - Eric Walberg
- Les syndicats d’Écosse condamnent la Histadrut israélienne et confirment leur engagement pour le BDS - Sofiah Macleod - CESP
- Le mouvement syndical palestinien applaudit la décision du STUC de faire sien l’appel BDS palestinien - Le mouvement syndical palestinien
- Qui profite de la coopération universitaire UE-Israël ? - David Cronin
- Un moment historique pour le mouvement de boycott : l’université de Johannesburgh rompt ses relations avec Israël - BDS
- La PFUUPE soutient l’appel palestinien pour une campagne BDS - PFUUPE - PACBI

27 août 2011 - Blog de Maureen - The Electronic Intifada - traduction : JPP


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