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La Knesset vote la loi contre le boycott, pendant que le Festival de la Littérature de Londres l’approuve

vendredi 15 juillet 2011 - 08h:17

Eleanor Kilroy - Mondoweiss

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« Là où les libertés fondamentales sont déniées et les solutions démocratiques bloquées, le boycott culturel par la société civile mondiale est une stratégie politique viable et efficace ; en fait, un impératif moral. »

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Débat au Southbank Center : "Pourquoi le boycott culturel ?"




La veille de l’adoption du projet de loi anti-boycott à la Knesset israélienne aujourd’hui, par une majorité de 47 voix contre 38, un débat sur le boycott culturel se tenait pendant le London Literature Festival au Southbank Center (centre culturel londonien), présidé par Naomi Foyle du groupe des Écrivains britanniques en soutien à la Palestine (BWISP).

La motion du débat énonçait : « Là où les libertés fondamentales sont déniées et les solutions démocratiques bloquées, le boycott culturel par la société civile mondiale est une stratégie politique viable et efficace ; en fait, un impératif moral. »

Pour soutenir la motion : Omar Barghouti, membre fondateur du PACBI (Campagne palestinienne pour le boycott culturel et universitaire d’Israël - http://www.pacbi.org/), et Seni Seneviratne, poète et artiste-interprète britanique sli-lankaise ;

contre la motion : Jonathan Freedland, chroniqueur au journal The Guardian et à la Jewish Chronicle, et Carol Gould, auteur, cinéaste américaine expatriée, et « critique intarissable de ce qu’elle considère comme un anti-américanisme et antisémitisme qui montent en Grande-Bretagne. »

Même si le président se réfère à l’appel palestinien pour le boycott d’Israël comme à « modèle de boycott », le débat était en théorie non spécifique à l’I/P. Seneviratne, qui est très bien informée sur l’expérience sud-africaine, ouvre le débat avec un poème de Brecht, Quand l’iniquité vient comme la pluie qui tombe, puis elle aborde l’histoire du boycott culturel, arguant que c’est à la population opprimée de décider si elle peut, ou ne peut pas, le supporter. Elle souligne que la stratégie de l’État israélien pour coopter la culture montre qu’il a compris que l’art ne dépasse pas la politique, de la même façon que d’autres pays ont craint et assassiné des intellectuels, et interdit le travail de producteurs culturels. Autrement, le débat a été entièrement axé sur l’I/P.

Comme on s’en doutait de la part de ceux qui s’opposent à la motion, il y a eu beaucoup de tentatives de diversion : « Regardez en Syrie, au Sri Lanka, en Arabie saoudite », de déformations : « Vous rejetterez les dissidents, les artistes, les écrivains, les universitaires », et de mensonges grossiers : « Il n’y avait aucun consensus au sein de la société palestinienne pour le BDS ». Pour perpétrer les mythes du sionisme libéral, il y avait Freedland, qui a commencé d’un air suffisant comme s’il était la voix de la sensibilité culturelle, du dialogue et de la coexistence, et il a fini, emporté et sur la défensive, face aux demandes polies de la partie adverse pour une cohérence morale et au rappel qu’aucun État commettant les crimes d’Israël « n’est le bienvenu dans le club des démocraties occidentales ».

Étant donné que Freedland reste toujours dans l’illusion voulue qu’il s’agit d’un conflit entre deux nations, et non d’un cas de colonialisme de peuplement, sa rhétorique vide n’est pas surprenante. Il aurait été souhaité cependant quelqu’un de moralement moins compromettant pour son équipe. Carol Gould a « judaïsé le débat » comme Barghouti l’a dit, et à un degré repoussant. Une déclaration particulièrement choquante de sa part fut que l’industrie d’Israël « se relevait des cendres de l’Holocauste ». Elle a conclu par une défense extraordinaire de l’ordre donné par la « colombe », le président israélien Shimon Peres, de bombarder le bâtiment des Nations-Unies à Qana, au Liban en 1996, qui entraîné la mort de plus de cent civils.

Barghouti et Seneviratne ont fait une équipe solide et bien que leurs approches sur le sujet soient différentes, le message était le même : « Nous ne convaincrons jamais les maîtres coloniaux de renoncer à leurs privilèges », aussi le boycott est une tactique légitime. Les partisans du boycott étaient en majorité ce soir-là, et la motion a été votée facilement.

Dans l’assistance, il y avait Tony Greenstein, et sur son blog, on trouve un bon résumé des débats : Débat à South Bank - Pour ou contre le boycott culturel d’Israël. Il a pris la parole directement après Gould quand celle-ci a souligné que « le boycott était un mot vénéneux dans l’histoire juive », et après sa pirouette bizarre dans une position clairement agressive selon laquelle elle «  n’avait aucune rancune » contre ses soi-disant ennemis, contrairement à ceux qui prônent le boycott.

Greenstein a développé sur l’histoire juive et les boycotts :

« Le seul boycott pendant la période nazie fut le boycott des produits allemands, organisé par les syndicats juifs et le mouvement ouvrier international. Ce qui fut appelé le boycott des boutiques juifs le 1er avril 1933 par les SA (membres des sections d’assaut nazies) n’était rien de tel - il s’agissait d’un siège armé, tout comme Gaza en fait l’expérience actuellement. Mais plus pertinent encore, les SA voyaient le "boycott" pour durer indéfiniment. Or Hitler l’a interrompu un jour après que Goering et les capitalistes allemands aient été pris de panique devant les conséquences du boycott des produits allemands par les syndicats juifs. Fin mars, Goering a appelé les dirigeants juifs allemands pour les rencontrer et ceux-ci lui ont dit qu’ils n’avaient aucune influence. Mais il avait invité aussi, après pression, la Fédération sioniste allemande qui, elle, s’est ouvertement déclarée opposée au boycott car c’était une façon "non sioniste" de faire les choses. Ce n’était pas surprenant, car le mouvement sioniste avait l’intention de mettre la main sur la richesse juive allemande (C’était dit ouvertement). Les sionistes ont donc conclu l’accord Ha’avarah (le 25 août 1933 - ndt), l’Accord de transfert, accord conclu entre l’Allemagne nazie et le Yishuv (juifs habitant la Palestine) ! 60 % des dépenses d’investissements du Yishuv entre 1933 et 1939 sont provenus de l’Allemagne nazie ! Mais ce qui bénéficiait au sionisme ne bénéficiait pas aux juifs. Les juifs qui ont pu profiter de Ha’avarah furent les juifs allemands riches qui auraient pu partir (d’Allemagne) de toute façon. Cet accord scellait le sort des juifs allemands ordinaires et pauvres pour lesquels aucune autre arme n’était disponible. Pour les intéressés, lire le livre d’Edwin Black, L’accord de transfert (1984). »

11 juillet 2011 - Mondoweiss - traduction : Info-Palestine


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