16 septembre 2017 - CONNECTEZ-VOUS sur notre nouveau site : CHRONIQUE DE PALESTINE

L’exception juive

lundi 12 mars 2007 - 17h:09

Emrah Kaynak

Imprimer Imprimer la page

Bookmark and Share


Les questions qui ont trait à la question juive sont particulièrement délicates et sujettes à de vives polémiques. Le champ d’investigation doit avoir pour seule limite la pertinence et la vérité et non la sensibilité vrai ou affectée des uns ou des autres.

Toute analyse qui n’est pas philosémite est ipso facto décriée comme étant le paravent d’un antisémitisme honteux. Il ne faut pas mettre sur un pied d’égalité la remise en cause de pratiques et valeurs d’un groupe en particulier et l’existence de ce groupe en soi. On feint de croire que Mahmoud Ahmadinejad appelle à l’élimination physique des juifs quand il plaide pour la désionisation de l’Etat d’Israël.

On n’a jamais accusé les détracteurs de l’URSS d’être anti-slaves et présumé qu’ils souhaitaient l’extermination de sa population. On qualifie invariablement d’antisémite toute personne qui fustige la politique colonialiste d’Israël. De nombreuses personnalités ont subi la vindicte publique pour avoir émis quelques réserves vis-à-vis de cette doctrine. Citons pour mémoire Pascal Boniface (chercheur à l’IRIS), Bernard Langlois (Politis), Rony Brauman (fondateur de Médecins Sans Frontières et écrivain), Edgard Morin, Daniel Mermet ou Tarik Ramadan devenus tous persona non grata du jour au lendemain.

Notre intention critique se limite à l’irréductibilité du juif qui lui fait adopter un point de vue communautaire, adhérer à une politique d’un pays étranger rétrograde qui serait le dépositaire de la dignité et de la liberté de son « peuple-classe ». Contre Sartre, nous pensons que le juif n’existe pas seulement dans le regard de l’antisémite (rien ne nous permet de le percevoir en tant que tel) mais dans l’inassimilabilité et l’exceptionnalité qu’il s’accorde sur base d’une prétendue élection divine. L’idée poussée à l’extrême crée un monde binaire entre ceux du dedans et ceux du dehors. Nous n’avons pas crée mentalement cette communauté organisée dans diverses structures (CRIF, UPJF, FSJU, La Ligue de défense juive) et qui compte sa radio, sa presse, sa télévision. Les organisations pro-palestiniennes ne sont pas constituées pour leur part par des Palestiniens mais par des hommes et des femmes de tout horizon indignés par une situation concrète.

D’ordinaire, les mobilisations des communautés résultent de l’hostilité à laquelle ses membres sont confrontés : l’adversité génère la construction identitaire de la minorité et sa politisation. Il n’y a pas pourtant une insécurité spécifique des juifs ailleurs qu’en Israël et les juifs ne sont pas non plus économiquement discriminés. Ils bénéficient au contraire d’un différentiel de représentation largement favorable dans les medias, le cinéma, la politique ou la finance par rapport à d’autres groupes culturels.

L’équation factuelle est évidente : alors qu’ils ne représentent qu’un 1% de la population française et les musulmans une dizaine, leur insertion professionnelle est sans commune mesure. Leur surreprésentation aux Etats-Unis dans les medias, les professions libérales ou la politique est encore plus édifiante. La discrimination positive des uns en faveur des membres de son groupe culturel recèle une iniquité à l’encontre d’autres. Le talent et le mérite sont censés être équitablement partagés au sein d’une nation. Il n’est pas impertinent de s’interroger dès lors sur les critères de sélection des invités de Michel Drucker ou d’Arthur ?

La structuration d’un groupe l’aide à propager sa vision du monde et à faire prévaloir ses intérêts économiques et politiques. Cette tendance qui se fonde sur le spirituel a en fait des origines bassement prosaïques. Nous ne craignons pas de dénoncer les orientations idéologico-politiques et le sionisme d’une partie non négligeable de juifs du monde entier et ce, non pas en raison d’une aversion irrationnelle du juif mais sur base de valeurs universelles comme la liberté, l’égalité, la solidarité, la paix, la raison, le bon sens.

8 mars 2007 - Proposé pour publication par l’auteur


Les articles publiés ne reflètent pas obligatoirement les opinions du groupe de publication, qui dénie toute responsabilité dans leurs contenus, lesquels n'engagent que leurs auteurs ou leurs traducteurs. Nous sommes attentifs à toute proposition d'ajouts ou de corrections.
Le contenu de ce site peut être librement diffusé aux seules conditions suivantes, impératives : mentionner clairement l'origine des articles, le nom du site www.info-palestine.net, ainsi que celui des traducteurs.