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Guerre de 67 : l’armée israélienne accusée d’avoir massacré des prisonniers

lundi 12 mars 2007 - 06h:14

Dina Ezzat - Al Ahram Weekly

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Benyamin Eliezer, actuel ministre israélien a-t-il donné l’ordre de massacrer 250 prisonniers de guerre égyptiens en 1967 ?

Les accusations de toujours d’un « massacre » israélien de prisonniers de guerre égyptiens pourraient temporairement compliquer les relations Égypto-Israéliennes, rapporte Dina Ezzat, mais elles ne les remettront pas en cause sérieusement.

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Binyamin Ben Eliezer - général de réserve et commandant de l’unité Shaked entre 1967 et 1970 - accusé d’avoir fait massacrer des prisonniers égyptiens et palestiniens (Photo : AFP)

30 ans environ après le voyage célèbre du Président Anwar EL-Sadat en Israel - non seulement pour faire la paix mais aussi pour faire tomber « le mur psychologique » qui sépare les Egyptiens des Israéliens - il semble que ce mur est toujours en place. Dix ans avant, les Egyptiens et d’autres Arabes ont été défaits et humiliés dans une guerre de six jours qui a entraîné l’occupataion de territoires arabes y compris Jérusalem Est ; et les rapports des brutalités israéliennes contre les Egyptiens (en 1967 comme dans d’autres guerres) ont, depuis la visite de Sadat, continué à perpétuer ce « mur psychologique » en dépit de la signature des accords de paix, situation que les israéliens décrivent fréquemment comme froide notamment au niveau gouvernemental.

Les commentaires d’Anwar Ali, un dépanneur mécanicien du centre ville en sont un exemple : « Ils ont voulu avoir la paix avec l’Egypte parce qu’ils ont réalisé qu’aucun pays arabe ne peut faire la guerre [pour libérer les territoires occupés] sans l’Egypte ; la vérité est qu’ils veulent que tout le monde se soumette, cela n’est pas la paix. » Ali est convaincu que l’ « Egypte fera une grande erreur si elle ne cherche pas vengeance » pour les massacres en 1967 de ses soldats par une unité de l’armée israélienne sous le commandement de Benyamin Ben-Eliezer, ministre de d’infrastructure actuellement « Ces hommes sont morts pour défendre nos vies et nous devons venger leur mort dans notre propre intéret. » dit Ali.

De tels sentiments ne sont pas rares : depuis que la TV israélienne a diffusé un documentaire suggérant la possible responsabilité d’une unité appelée Spirit of Shaked dans le massacre d’environ 250 prisonniers de guerre égyptiens dans la bande de Gaza en 1967, les relations diplomatiques se sont tendues. À la suite d’une réunion conjointe entre les Affaires Etrangères Arabes et les comités de droits de l’homme à la demande du porte parole de l’Assemblée, Fathi Surour, les députés ont exigé la rupture des relations diplomatiques pour condamner ce massacre comme un crime de guerre.

Ben-Eliezer a dû remettre une visite au Caire pour discuter de la coopération en matière de pétrole et de gaz avec le ministre de l’énergie Sameh Fahmi ; il a fait une déclaration niant le massacre de tout prisonnier de guerre sous son commandement. L’unité dit-il avait tué « un bataillon de fidayins Palestiniens opérant à partir de la bande de Gaza », et il a dit à Al-Ahram qu’il avait la preuve légale de cet évènement. Mais il reste évasif quant à la question de savoir s’il avait visé des Egyptiens : « Je parle de cet événement particulier, les 250. Il n’y avait aucun Egyptien dans ce secteur. »

Ni la presse ni les députés n’ont été convaincus. Écrivant dans le quotidien Al-Akhbar, le chroniqueur Galal Dwidar a résumé l’esprit des Egyptiens : « Il est parfaitement légitime que le gouvernement égyptien tienne compte de la demande du parlement et qu’il introduise des procédures légales contre les criminels impliqués... La paix ne signifie pas fermer les yeux sur des crimes de guerre. » Les O.N.G. s’associent à ce mouvement. Hier le Conseil égyptien pour les affaires étrangères (ECFA) a déclaré son intention d’évoquer la question devant les instances humanitaires internationales. Dans un déclaration à la presse, l’ECFA a indiqué qu’il porterait la question devant l’Assemblée générale de l’ONU et du Conseil de Droits de l’Homme de l’ONU.

Pour sa part, le ministère des Affaires étangères a convoqué ce dimanche l’ambassadeur israélien Shalom Cohen pour exprimer « sa consternation profonde », et a exigé « une clarification immédiate » de la part des Israéliens. Mardi, en marge d’une visite aux sièges sociaux de Bruxelles de l’union européenne, le ministre des affaires étrangères Ahmed Abul-Gheit a pressé son homolgogue israélien de lancer une enquête en la matière. Cohen s’est montré cependant intraitable. « Il n’y aura aucune enquête. Il n’y a rien à étudier, » a-t-il dit hier. Parlant aux journalistes après une réunion au ministère des affaires étrangères, il a insisté pour dire « pas un simple soldat[égyptien] capturé n’a été tué à Gaza. » Des documents appropriés ont été remis au ministère dit-il et d’autres matériaux sont en cours de remise : « J’ai senti que ce que j’ai dit est tombé dans de bonnes oreilles. Je suis confiant que nous sommes, Egyptiens et Israéliens, appelés à reprendre nos bonnes relations. »

La dernière fois que l’on a parlé de cet événement, quand les chercheurs israéliens avaient ressorti cette affaire et que Ben-Eliezer avait déclaré 300 soldats Egyptiens en vie en 1967 pour 900 déclarés par Sharon en 1956, les autorités égyptiennes ont accepté les explications israéliennes et le dossier a été classé. Si la question revient de nouveau sur la table, des sources indiquent que la décision ne peut être prise que par « des autorités beaucoup plus importantes » que le ministre des affaires étrangères. « C’est une décision très sérieuse qui aura beaucoup de répercussions politiques et militaires que l’Egypte doit considérer si elle décidait qu’elle a assez de preuves de la participation des fonctionnaires et des généraux israéliens dans des crimes de guerre et qu’elle doit les poursuivre pour qu’ils soient arrêtés et traduits en justice » a dit quelqu’un sous couvert d’anonymat. Au milieu des années 90 dit-il, la décision a été prise de mettre le dossiers en veilleuse, la même décision peut de nouveau être prise pour les mêmes raisons : « difficulté de constituer un dossier d’accusations politiques et militaires. »

Pourtant selon le professeur de droit international, Salaheddin Amer, il ne devrait pas être trop difficile pour les autorités égyptiennes de recuillir les preuves nécessaires à partir des témoignages des soldats israéliens et des témoins égyptiens directement impliqués : « D’un point de vue strictement légal, il n’y a aucune différence en matière de crimes dans l’élimination des prisonniers de guerre qu’ils soient Egyptiens ou des Palestiniens travaillant sous la commandement des égyptiensne. »

Amer envisage quatre scénarios de poursuite judiciaire :

1. présenter aux autorités israéliennes, les preuves nécessaires et exiger l’arrestation des responsables et leur mise en accusation en Israël ;

2. permettre aux autorités égyptiennes d’arrêter et de traduire en justice les coupables ;

3. Israéliens et Egyptiens travaillent ensemble à un dossier d’accusation ;

4. ou les autorités égyptiennes obtiennent une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU pour créer un tribunal international pour juger ces crimes de guerre.

« Évidemment, » a-t-il « c’est une décision politique et pas seulement une décision judiciaire. Si les individus pouvaient exprimer librement leurs opinions, le gouvernement aurait à prendre d’autres dispositions. » En attendant ceux qui se sentent concernés ainsi que les O.N.G. pourraient continuer à faire pression sur le gouvernement égyptien pour exiger soit une compensation financière soit une action judiciaire. Quelque soit le cas, c’est une question parmi d’autres dans les tensions diplomatiques récemment nées des pratiques de l’arbitraire et de l’agressivité d’Israel contre les Palestiniens sous occupation.

Hier le site Web du Cabinet du premier ministre israélien a invité les citoyens israéliens en Egypte et en Jordanie à évacuer immédiatement les deux pays, où le sentiment anti-Israélien pourrait compromettre leur sécurité. « Je pense qu’un jour, peut-être quand la paix Israelo-Arabe sera réelle, Israel devrait jouer la transparence. »

Reportage additionnel par Gamal Essam El Din, le Caire et Ashraf Abul-Houl dans les territoires occupés.

9 mars 2007 - Al Ahram Weekly - Vous pouvez consulter cet article à :
http://weekly.ahram.org.eg/2007/835...
Traduit de l’anglais par D. Hachilif


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