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La solution à deux Etats ?

samedi 10 mars 2007 - 17h:12

Mohanad Abdul Hamid

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« Les Palestiniens auraient pu célébrer le sixième anniversaire de l’Etat palestinien, s’ils avaient accepté le plan de partition ou le sixième anniversaire de l’Etat palestinien s’ils avaient accepté la proposition d’Ehud Barak à Camp David en l’an 2000 » a dit Tzipi Livni lors d’une interview donnée jeudi au journal al-Ayyam. La déclaration de Livni est un apport intéressant au dialogue israélo-palestinien sur la solution à deux Etats.

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Mur de l’Apartheid près du checkpoint de Kalandia entre Ramallah et Al Qods (Jérusalem) - Photo : AP/Oded Balilty

A première vue, il semble que les Israéliens soient toujours figés dans le discours officiel de l’ère Ben Gourion. Le militant de la paix, Uri Avnery, fondateur de Gush Shalom, rappelle : « Quand j’étais jeune, ils - les dirigeants israéliens - nous disaient : « notre arme secrète est le refus arabe ». Nous tablions sur le « non » arabe alors que nous disions oui, ce qui veut dire que nous tendions la main vers la paix. La tactique a marché pendant une centaine d’années jusqu’à ce qu’Arafat retourne les cartes du jeu. Toutefois, le jeu et les joueurs sont restés les mêmes bien que les Arabes et les Palestiniens aient surmonté leur « non ».

Dès l’ouverture des archives israéliennes et la divulgation des documents officiels on découvrit ce qu’il en était des chances de paix que les Etats arabes et les dirigeants palestiniennes auraient gâchées. Dans son livre 1949 : Les premiers Israéliens, Tom Segev reprend cette citation de Ben Gourion : « Nous n’avons pas besoin de la paix car les Arabes en exigeront le prix : la modification des frontières ou le retour des réfugiés, voire les deux. Israël a finalement opté pour le statu quo ; les trêves nous suffisent ».

D’après le livre de Segev, publié en 1984, les négociations internationales après la guerre de 1948 ont eu lieu précisément à un moment où les Etats arabes étaient disposés à reconnaître Israël et à accepter le plan de partition. Toutefois, bien que les tactiques israéliennes visant à saboter les négociations de paix aient été exposées au grand jour, les dirigeants et l’élite israéliens ont continué à en user, malgré le changement des tactiques arabes et palestiniennes.

La fameuse déclaration de l’ancien ministre des affaires étrangères, Abba Eban, selon laquelle : « les Palestiniens n’ont jamais perdu l’occasion de gâcher une occasion » est toujours reprise par les Israéliens qui continuent à faire fi du point de vue arabe. Livni, que plus d’un demi siècle sépare de Abba Eban, est la dernière en date. Elle a répété cette citation sans aucun fondement. Livni n’en n’est pas restée là ; lors de son interview avec al-Ayyam, elle a ajouté : « nous croyons que les Palestiniens ne se battent pas pour un Etat palestinien, mais contre l’Etat d’Israël ». En fait, elle accuse ainsi les Palestiniens de rejeter la solution à deux Etats. La même accusation a été lancée lors de la septième conférence de Herzliyya en janvier, au cours de laquelle de nombreux officiels israéliens ont dit que les aspirations et les ambitions palestiniennes et arabes allaient au-delà de la solution à deux Etats et visaient la création d’un seul Etat arabe et islamique.

Certains penseurs israéliens demandent que l’on modifie la structure du conflit israélo-palestinien. Ils acceptent les propositions de la Commission Baker-Hamilton visant le règlement de la question palestinienne comme préalable de la solution des problèmes de toute la région. Le président du Likud et ancien premier ministre, Benjamin Netanyahu, exige l’inverse : pour résoudre les problèmes de la région il faut d’abord éliminer la cause palestinienne. La droite doute de la faisabilité de la solution à deux Etats et prétend que les Palestiniens ne sont pas prêts à l’accepter ni à partager la terre. La mise en doute des intentions palestiniennes a même gagné les rangs des gauchistes qui soutiennent la solution à deux Etats. L’écrivain A.B. Yehosha écrit : « les Palestiniens ne veulent pas deux Etats pour deux peuples. Ils veulent un Etat binational. Ils sont prêts à attendre trente à quarante ans pour avoir une majorité arabe ».

Pour beaucoup d’Israéliens, le partage du pays n’est plus possible car, disent-ils, le camp palestinien n’est pas disposé à vivre aux côtés de l’Etat d’Israël, Israël s’est servi initialement du refus par les Arabes et les Palestiniens du plan de partition des Nations unies pour justifier ses actes d’expansion, de guerre et d’occupation. Il blâmait le peuple palestinien pour la nakba et ses résultats. La pièce israélienne : « Israël seul tend la main vers la paix » a continué de se jouer sur la scène mondiale. Cette situation a perduré jusqu’à ce que le leadership palestinien ait accédé en 1988 aux exigences internationales et lancé une initiative de paix, tournant majeur dans la position palestinienne. L’initiative faisait droit à toutes les exigences israéliennes telles que le respect des résolutions de Nations unies, concernant particulièrement la solution à deux Etats, la reconnaissance des résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité de l’ONU relatives au droit d’Israël à des frontières sûres et reconnues, le renoncement à la violence et le recours au dialogue pour résoudre le conflit.

La réaction d’Israël a été d’asséner sa poigne de fer sur la main que les Palestiniens tendaient vers la paix et de chercher à écraser une intifada qui était en grande partie pacifique.

Les Accords d’Oslo ont été le deuxième épisode de l’initiative de paix palestinienne. D’après le livre d’Idith Zertal et Akiva Eldar Masters of the land : the settlers and the State of Israel, 1967-2004, Israël a donné suite à cet accord de la façon suivante :”Les départements gouvernementaux et non gouvernementaux chargés des colonies se sont employés à empêcher la solution politique que les Palestiniens avaient acceptée en créant le fait acquis sur le terrain.

Avec les 200 000 colons qu’ils ont installés dans les colonies édifiées en terre palestinienne, l’effectif total a atteint plus de 400 000 individus. Ces actions se sont déroulées avec la permission des autorités et conformément aux procédures officielles ; elles ont en outre bénéficié d’un généreux appui financier pour garder le contrôle du peuple palestinien et assurer la pérennité des colonies et de l’occupation ». Enfin, selon certains en Israël, c’est le peuple palestinien qui est responsable du rejet des résolutions des Nations unies alors que de leur côté, ce sont les Israéliens qui décident de les accepter ou de les rejeter.

Que va-t-il se passer maintenant ? Que veut Israël ? Il est très probable qu’il ne veut pas que les Palestiniens s’engagent à mettre en application les résolutions de l’ONU ; il veut que les Palestiniens se plient à ce que veut l’Etat occupant : la paix des vainqueurs, la paix du maître dans le cadre d’un nouveau système d’apartheid.

Le peuple et le leadership palestiniens ont accepté la réalité de la solution à deux Etats ; toutefois, Israël a soutenu les extrémistes et a mis des bâtons dans les roues des modérés. Pendant ce temps, la majorité du peuple palestinien attend toujours une solution à deux Etats réaliste à laquelle il continue de croire.

5 mars 2007 - Palestine Times
Traduction : amg


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