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Les États-Unis n’ont plus d’argent pour reconstruire l’Irak

vendredi 9 mars 2007 - 17h:14

Adrien Jaulmes - Le Figaro

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Vingt et un milliards de dollars ont été dépensés par Washington, souvent en pure perte.

La reconstruction de l’Irak était l’objet du programme d’aide américain le plus ambitieux depuis le plan Marshall. Vingt et un milliards de dollars ont été versés par les États-Unis pour remettre sur pied les infrastructures d’un pays ravagé par deux guerres, mais plus encore par douze années de sanctions internationales. Quatre ans après, alors que ce programme touche à sa fin et que 90 % de ces fonds ont été dépensés, aucun grand projet symbolique n’a été mené à bien. Les habitants de Bagdad continuent à n’avoir qu’entre quatre et six heures d’électricité par jour, et les exportations pétrolières ont à peine retrouvé leur niveau d’avant-guerre. L’essentiel des fonds à disparu, comme absorbé par les sables de l’insécurité et de la corruption.

« Les résultats sont décevants, car le programme de reconstruction de l’Irak a dû être conduit sous le feu : ce n’était pas le cas du plan Marshall », explique au Figaro Stuart Bowen, directeur de l’inspection générale spéciale de la reconstruction irakienne, qui était de passage hier à Paris.

Cette agence fédérale provisoire a été créée en 2004 pour surveiller l’utilisation des sommes débloquées par le Congrès en faveur de l’Irak. Dès la première année, la gabegie qui règne sous le proconsulat de Paul Bremer inquiète Washington. Outre la rapacité des sociétés américaines, qui s’arrogent de juteux contrats, la mauvaise planification et l’absence de coordination entre les différentes agences américaines ou sociétés privées, entre civils et militaires, créent d’énormes gaspillages. À mesure que l’insurrection se développe, l’explosion des coûts de sécurité rogne encore des parts énormes de budget. Les rares étrangers impliqués dans des programmes de reconstruction ne se déplacent plus que sous de lourdes et coûteuses escortes.

Quelques mois après sa nomination, début 2005, Stuart Bowen signale que 9 milliards de dollars destinés à la reconstruction de l’Irak ont disparu en fraudes, corruption et salaires fictifs. Même s’il parvient à mettre fin aux gaspillages les plus scandaleux, il est trop tard. L’anarchie dans laquelle a basculé le pays oblige à une réorientation : il faut revenir sur la décision calamiteuse de Paul Bremer de débander l’armée et la police irakienne, en entraînant de nouvelles forces de sécurité : 43 % des fonds américains pour l’Irak y seront consacrés. Stuart Bowen se félicite que 328 000 soldats et policiers aient été formés, mais les coûts de ce programme ont connu une envolée spectaculaire. L’entraînement a été confié à des sociétés privées qui ont dégagé d’énormes profits, alors que les policiers irakiens manquent d’armes, de véhicules et de moyens de transmission.

De retour d’Irak, Stuart Bowen se dit « prudemment optimiste ». Il considère que le nouveau commandant américain, David Petraeus, et son plan de sécurité ont pris un « très bon départ », et que les « six prochains mois seront cruciaux ». Mais l’aide américaine à la reconstruction, commencée comme un généreux programme avant de s’évaporer dans l’affairisme le plus éhonté, n’a pas été reconduite. C’est un premier signe de désengagement américain.

Adrien Jaulmes - Le Figaro, le 9 mars 2007


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