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Israël partage son savoir-faire criminel avec la Chine

samedi 26 février 2011 - 08h:00

Jimmy Johnson

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Le porte-parole de l’armée israélienne, le brigadier Général Avi Benayahu est récemment revenu d’un voyage en Chine où il a rencontré ses homologues chinois et d’autres officiels.

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Le but était d’approfondir les liens sino-israéliens aux niveaux politique, sécuritaire et militaire. C’est le dernier évènement dans des relations sécuritaires en pleine expansion entre Israël et la Chine, qui comprennent la technologie de drones [avions sans pilote], la formation au contrôle des foules, la surveillance, la collecte de renseignements etc... Ceci soulève la question de la façon dont le soutien officiel de la Chine à l’autodétermination des Palestiniens pourra coïncider avec son approvisionnement actuel des outils même qui servent à la pacification de la Palestine. De même, comment l’importation des systèmes israéliens d’occupation et d’apartheid menace-t-elle les droits des Uighurs, des Tibétains, et d’autres qui sont sous le contrôle de l’état Chinois ?

La Chine, ces dernières années, a fait face à des rébellions de plus en plus importantes au Thibet, au Turkestan Est, et de façon encore plus en évidence dans l’actuel malaise ouvrier focalisé au sud de la Chine où les grèves et les manifestations se produisent à une fréquence sans précédent. Après ses tentatives de contrôler sur l’information, le gouvernement Chinois a appris que la suppression complète de celle-ci est impossible. Ses relations politiques avec les Uighurs, les Tibétains et particulièrement les travailleurs sont différentes que celles d’Israël avec Palestiniens. Les Tibétains et les Uighurs disposent de certains statuts et droits protégés en tant que minorités et citoyens Chinois, et l’état, depuis 2008, a voulu à un certain degré améliorer les conditions de travail et réduire l’écart de revenu en faveur de la classe ouvrière mécontente.

Mais avec le militantisme et la résistance plus fortes des Uighurs et des Tibétain qui se concentrent sur l’autodétermination, la Chine fait face à un possible insurmontable défi pour convaincre des populations déjà mobilisées qu’elles devraient accepter le contrôle chinois. Les réponses fortes de la police aux troubles en 2008 au Thibet et en 2009 dans le Turkestan Est, combinées avec les longues pratiques de la Chine en ce qui concerne les limitations autoritaires sur les libertés civiles, indiquent que toutes les exigences qui se situeront en dehors de ce qui est considérés comme acceptable par l’Etat entraîneront une réplique très dure.

Les relations sino-israéliennes étaient généralement distantes avant les années 1980, mais cette décennie a vu le début d’un transfert significatif d’ames et de technologies vers la Chine. Ces premières initiatives incluaient le transfert en 1982 de technologie concernant des missiles et l’évolution de la flotte de chars chinois en dépit des relations politiques et diplomatiques plus étroites bien que gênées par la Guerre Froide et le Mouvement des non-Alignés, et plus particulièrement par les étroites relations militaires politiques d’Israël avec Taïwan. Mais à partir des années 1990, Israël est devenu « un fournisseur très important » de technologie militaire en Chine (La technologie des armes israéliennes aide la Chine, Los Angeles Times, le 13 juin 1990). Par ailleurs, des relations plus étroites ont été établies quand l’Israël s’est avéré être un fournisseur d’armes digne de confiance au cours de la période qui a suivi le massacre de la Place Tiananmen, alors que beaucoup de fournisseurs au niveau international avaient imposé un embargo sur les armes comme mesure de rétorsion. A l’époque Israël vendait des armes à beaucoup de régimes répressifs, dont certains touchés par des embargos officiels sur les armes comme l’Afrique du Sud de l’Apartheid.

Les deux nations n’ont établi des relations diplomatiques officielles qu’à la suite de la Conférence de Madrid en 1991, quand les stigmates de l’oppression des Palestiniens se sont trouvées diminuées par le début des entretiens officiels israélo-palestiniens, présentés alors comme les précurseurs de l’autodétermination palestinienne. Dans la période qui a suivi la fin de la Guerre Froide, Israël et la Chine ont développé des relations commerciales et militaires à une large échelle, en dépit du scepticisme et des interventions occasionnelles des Etats-Unis ces deux dernières décennies, spécialement lorsqu’il s’agissait de bloquer des ventes de systèmes et matériels militaires avancés.

Le propre projet d’avion de chasse israélien Lavi a été mis au point au milieu des années 80, et une partie de la technologie développée s’est retrouvée dans le jet chinois Jian-10 (Chengdu). Le transfert de la technologie du Lavi et le financement chinois d’un missile israélien ont accompagné de plus grandes ventes comme celles en 1994 d’environ 100 Harpie (avions sans pilote) en faveur de la Chine. Un autre aspect de leurs relations s’est développé dans la même période : l’intérêt manifestée par la Chine pour l’expérience israélienne de « pacification » de la Palestine et du Liban.

Depuis 2004 un grand nombre de systèmes israéliens de « sécurité interne » et de « pacification » ont été déployés en Chine. La société Israélienne On Track Innovations (OTI) a commencé à fournir des « cartes à puce » en tant qu’élément du système national d’identification chinois avec une partie de la même technologie biométrique fournie aux systèmes d’identification dans les checkpoints importants en Cisjordanie et à l’entrée de la bande de Gaza sous occupation. La compagnie Magal Systems, dont les systèmes de détection sont déployés sur le mur israélien d’Apartheid en Cisjordanie, a installé neuf systèmes locaux de détection pour les aéroports sur l’ensemble de la Chine, avec deux de plus en attente.

Ces transferts ont pu être employés de façon inoffensive, ou pour des systèmes salutataires, comme les cartes « futées » d’identification stockant l’information utile dans des cas d’urgences médicales. Mais leur genèse comme technologies d’occupation et de répression justifie largement une interprétation critique. De nombreux autres contrats de surveillance et de sécurité interne avec des firmes israéliennes comme Nice Systems, Dr. Frucht Systems et d’autres doivent être considérés sous un jour identique.

Moins inoffensive est la firme privée israélienne Sécurité Internationale et Systèmes de Défense [ISDS] chargée d’entraîner le personnel de sécurité chinois dans la perspective des Jeux Olympiques de 2008 de Pékin. L’ISDS « a été invitée pour fournir son savoir-faire et des informations au sujet de la terreur internationale, concernant principalement des menaces de groupes musulmans extrémistes en Asie » (L’expert israélien en matière de sécurité assure avec fierté son rôle aux Jeux Olympiques » Haaretz, le 10 août 2008). La menace déclarée d’attaques armées concerne en grande partie des organisations liés au nationalisme Uighur, à l’Islamisme et aux mouvement d’indépendance de l’Est du Turkestan, ce dernier étant le centre géographique des deux précédents. Avec l’attention internationale tournée vers la Chine pendant les Jeux Olympiques de 2008 de Pékin, la Chine était particulièrement préoccupée par toutes les actions qui pourraient distraire de l’apparat et fixer l’attention à diverses causes opposées au status quo.

La Chine était également préoccupée par d’autres sortes de résistance. La tête d’ISDS, Léo Glaser a déclaré à Haaretz : « Les Chinois craignent, notamment, qu’un groupe quelconque de manifestants puisse tenter de tirer profit de l’attention mondiale pour réaliser une action non violente mais provocatrice pour déshonorer les organisateurs Chinois » (L’expert israélien en matière de sécurité assure avec fierté son rôle aux Jeux Olympiques » Haaretz, le 10 août 2008). 

En plus des possibles manifestations d’Uighurs et de Tibétains, la police de Pékin se préparait à une protestatio venant d’une partie des 1,25 million de personnes déplacées de force pour mettre en place l’infrastructure olympique. À cet effet la police israélienne a formé des membres de la force de police chinoise dans un cours de six semaines qui a inclus, comme cela a été signalé dans Haaretz, « comment traiter une foule qui lance une émeute sur un terrain de jeu, et la façon de protéger les VIPs et expulser des manifestants des principales artères réservées au trafic » (« La police israélienne forme ses homologues chinois avant les Jeux Olympiques, » Haaretz, le 29 septembre 2008). L’article a noté que « bien que le point principal de la formation ait été de donner à la police Chinoise les outils nécessaires pour traiter des attaques terroristes, elle a également appris comment traiter des manifestations civiles de masse. » Des milliers de manifestations, de marches, d’affrontements et d’actes de désobéissance civile par les Palestiniens - qu’Israël traite de façon routinière avec une force meurtrière — ont fait d’Israël l’endroit où se rendre pour recevoir ce genre de formation.

Le malaise grandissant en Chine et au Thibet, conjugué aux efforts économiques et politiques de la Chine/politiques toujours croissants en dehors de ses frontières, ont déjà commencé à fixer un peu plus l’attention de la presse à la question des droits de l’homme et aux conditions de vie des travailleurs, des Uighurs, des Tibétains et d’autres, en plus des critiques habituelles sur les lamentables performances de la Chine quant aux libertés civiles. L’apprentissage par la Chine de la hasbara israélienne (la signification hébraïque est « explication » mais généralement le mot est traduit par « propagande ») va idéologiquement de paire avec ses efforts actuels de pacification.

La performance de la Chine en aura besoin et la visite en octobre dernier de Benayahu et de sa délégation de relations publiques succède à la visite en mars 2010 du Colonel Xeuping et d’une délégation de députés chinois qui ont visité Israël pour apprendre « les leçons de relations publiques apprises pendant la deuxième Guerre du Liban [juillet 2006] et lors de l’opération Cast Lead [décembre 2008 - janvier 2009] » (« Le porte-parole de l’IDF visite la Chine, » IDF, 20 octobre 2008). La délégation a également étudié « l’École de l’IDF [armée israélienne] pour le système de formation aux médias et l’intégration du porte-parole et de la planification opérationnelle. »

Xeuping a déclaré lors de sa dernière visite « l’Unité des porte-parole est très efficace et spécialement en cas d’urgence. » Avec des troubles réguliers dans l’ensemble de la Chine, les « cas d’urgence » nécessitant de déployer la hasbara israélienne sont à la hausse. Et l’adoption par la Chine des techniques répressives israéliennes signifie que le savoir-faire chinois sera basé sur l’industrie israélienne de la pacification en Palestine.

28 December 2010 - The Electronic Intifada - Vous pouvez consulter cet article à :
http://electronicintifada.net/v2/ar...
Traduction : Naguib


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