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Le sionisme à Lyon : quand la mairie censure une conférence sur la Palestine

mercredi 16 février 2011 - 14h:38

Témoignage

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Certains l’attendaient depuis plusieurs mois, alors que d’autres ne pensaient pas y mettre les pieds, insuffisamment intéressés sur la question palestinienne pour se rendre à une conférence de cinq heures.

Et pourtant se fut nombreux et en colères, dégoutés aussi, vainqueurs finalement, que nous nous sommes rencontrés ce samedi 12 février pour protester contre un acte censure à ma connaissance inédit à Lyon. Récit d’une petite histoire qui en dit long.

C’est salle Rameau, à deux pas de la place des Terreaux, que devait se tenir de 18h à 23h une soirée réunissant un panel d’intervenants internationaux - l’avocat britannique Georges Galloway et des représentants des partis politiques et de la résistance Hezbollah et Hamas - pour débattre de la situation palestienne et israëlienne. La salle avait été réservée et payée trois mois à l’avance et l’autorisation de la mairie donnée. Précisons dès lors que les représentants Hamas et Hezbollah avaient expliqué préalablement aux organisateurs que, si leurs présences respectives venaient à mettre mal à l’aise les responsables politiques locaux, ils déclineraient leurs invitations pour permettre à la conférence de se tenir correctement.

Lorsque j’arrive place des Terreaux, je n’ai pu manquer les sirènes, d’abord lointaines puis hurlantes, de deux puis trois camionnettes de la police longeant la place. Puisque je me destinai à une docte conférence, je n’envisageai à aucun moment l’éventualité de recroiser ces messieurs. Malheureusement l’ambiance était plutôt au bleu devant la salle Rameau, une rangée de policiers à demi équipés barrant la porte, tandis qu’un groupe hétérogène et civil leur faisait front sur le trottoir d’en face avec l’attirail du manifestant (mégaphones, banderoles, drapeaux, tracts).

Au premier abord, j’ai pensé à un coup du Bétar - vous savez, ces jeunes sionistes violents qui s’entrainent dans les locaux du Ministère de l’Intérieur à Paris - et que la police avait été envoyée pour nous protéger. Je m’étais quelque peu trompé : ordre avait été donné par la mairie d’interdire manu militari la conférence. Motif : on [les policiers] ne sait pas ; toutefois, le lendemain Didier Delorme (directeur du cabinet de Jean-Louis Touraine, 1er adjoint au maire) plaidera auprès du Progrès que la mairie avait ignorée la présence du Hezbollah et Hamas jusqu’au jour même de la conférence. Peut-être que la connexion internet de Didier et Jean-Louis était en panne.

Je n’avais jamais connu jusqu’alors le sentiment de la censure : il est amer au goût et acide pour le cerveau.

Nous criions donc notre joie commune aux exécutants en bleus quand, une jeune femme s’approchant d’eux et leur adressant quelques paroles qui me restèrent inconnues, se fait malmener puis embarquer. La réaction est immédiate : nous nous approchons et tentons d’empêcher son arrestation ; mais toute réaction en entraîne une autre qui lui est réciproque : des visages durcis par quelques sadismes s’alignent et des matraques gesticulent. Aucun blessé jusque là, mais la situation s’est plus que tendue. Et voilà qu’un homme âgé (plus de 70 ans) s’approche à son tour, communique quelques instants avec les policiers, et finit par subir un traitement plus violent encore. Le groupe de manifestants - appelons-les ainsi - accourt pour une nouvelle fois tenter un sauvetage au milieu d’une certaine incompréhension. La réaction policière est cette fois-ci double : les coups se font plus rudes, plus aveugles aussi, agrémentés d’un nuage de gaz lacrymogène. J’ai vu trente secondes après notre échec un homme repartir le nez en sang et titubant, refusant d’être emmené à l’hôpital.

Jusque là les évènements nous annonçaient perdants, mais, comme précisé plus haut, c’est vainqueurs que nous étions déterminés à repartir. Par voie téléphonique mais aussi dans la rue même des gens de tout bord sont invités à prêter main forte, à appuyer nos revendications. Celles-ci, à la base acculées à un peuple marginalisé, lointain et colonisé, se retrouvent projetées en pleine scène publique grâce à la censure de notre mairie. Ce qui était conférence devient rassemblement. Et la conférence se tînt . . . dans la rue ! Deux conférenciers s’exprimèrent avec un soutien et une attention forts, conclus par quelques questions. Le rassemblement, peu avant 20h, se finit place des Terreaux, face à l’Hôtel de Ville protégé par les mêmes policiers dont deux - au moins - avaient l’haleine d’un vendangeur qui festoie - c’est là mon propre nez qui vous parle.

Enfin, la dispersion demandée nous prîmes nos routes respectives tout en ayant un sourire commun : le sionisme d’Etat, basé sur l’action violente, la propagande et la censure en France jusqu’en Palestine occupée, administra une claque pour en récupérer deux. Cet acte de la mairie est inédit pour ma propre expérience, mais j’espère qu’il ne sera pas le dernier.

Un grand merci au CRIF ou la LICRA - c’est une hypothèse ! - pour ce coup de main inattendu !

Témoignage d’un Homme

N.B : les personnes arrêtées ont été relâchées.

Communiqué par l’auteur


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