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Palestine : pour que le nouveau gouvernement soit... nouveau !

vendredi 9 mars 2007 - 10h:10

Député Bassam Saleh

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Trois remarques positives au sujet de l’accord de la Mecque, contracté par les mouvements Fatah et Hamas, et étroitement parrainé par le Royaume Arabe Saoudien :

- d’abord, il interdit la poursuite des affrontements et des heurts sanglants qui ont impliqué l’appareil sécuritaire, -officiel et non officiel- et les groupes armés affiliés à chacun des mouvements Fath et Hamas ;

- ensuite, il préconise de remettre les désaccords et la lutte politique dans le cadre des institutions officielles, au lieu de la rue, ce qui offre la perspective de préserver la constitution du régime démocratique, en dépit de ses grandes imperfections ;

- enfin, reposant sur un consensus, il donne une base politique suffisante pour casser le blocus politique international qui pèse sur le gouvernement , battant en brèche le prétexte de l’absence de partenaire palestinien dans un processus politique, déréglé du fait de la volonté israélo-américaine.

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ismaïl Haniyeh, Premier Ministre Palestinien, chargé de former le nouveau gouvernement - Photo : AP/Hatem Moussa

Mais de ces aspects positifs de l’accord,on ne peut mesurer l’importance tant qu’ils n’ont pas été traduits dans la réalité :en effet,aucun des deux mouvements qui on conclu l’accord de la Mecque n’a obtenu d’avantage significatif ; les affrontements internes n’ont pas été le résultat d’une fatalité inéluctable et les deux parties en portent la responsabilité.

De plus si ces affrontement ont disloqué les fondements, les principes et les lois du régime politique, si les institutions ont été paralysées pendant la période de violences, c’est le reflet d’une volonté consciente de passer outre les organes démocratiques voués à gérer les désaccords et les luttes politiques dans le cadre du multipartisme et de la diversité ; un remodelage politique était possible, bien avant l’accord de la Mecque, sans avoir besoin de gaspiller tout ce temps et ces efforts pour reconnaître la nécessité de se rencontrer, garantie par le cahier des charges du gouvernement et le fait d’y souscrire.

C’est pourquoi le nouveau défi que présente l’accord, se présente sous deux aspects essentiels : le premier, c’est la gestion du combat politique, qui reste la question essentielle liée à la continuation effective de la lutte fondamentale contre l’occupation, pour la réalisation des droits du peuple palestinien ; cette gestion revient presque entièrement au président Abou Mazen, en tant que président du Comité Exécutif de l’OLP, qui gère ce dossier, avec l’assentiment du Hamas.

Le deuxième point, c’est la capacité du gouvernement à mener, en fonction des véritables priorités, les tâches fixées par la loi et la mise en oeuvre de la réforme prévue à laquelle aspirent les citoyens. Réaliser cet objectif le mieux possible, c’est ce qui soustend la formation d’un gouvernement d’union nationale avec la base politique et sociale la plus large.

C’est pour traiter ces questions qu’est nécessaire un gouvernement d’union nationale, non pas comme une fin en soi, mais un moyen pour une meilleure efficacité ; son caractère national se concrétisera à travers un travail politique sérieux d’une part, et d’autre part l’amélioration des conditions de résistance des citoyens, ce qui suppose l’amélioration de leurs conditions de vie et du niveau des services qui leur sont prodigués

A partir de là, il sera possible de remédier à la plus grande lacune de l’accord de la Mecque :c’est que, -bien que cela soit important pour la mise en ?uvre de l’accord-, il n’y a pas associé tous les citoyens et n’a pas entrepris de régler les vraies questions dont il est né, -car il n’est pas né du drame des derniers mois.

Ce règlement exige de la clarté, de la sincérité, et un changement véritable dans la méthode en ce qui concerne tous les sujets dont le président du gouvernement a la charge, dont le premier ministre désigné a la charge, ce dernier ayant mission de mener les consultations pour former le gouvernement d’unité et son programme.

Nous appelons à des changement véritables sur les points suivants :

Premièrement, sur le plan politique :

1- Il faut mettre fin au mécanisme politique reposant sur les négociations bipartites, sous le seul patronage américain, parce qu’il n’a pas mené aux résultats espérés et représentera un échec supplémentaire dont le président du comité exécutif, chargé de mener les négociations en son nom, portera la responsabilité ; à la place de cela, il faut exiger le retour au Conseil de Sécurité, qui doit se ressaisir du dossier puisque que la feuille de route ne sert plus à rien,pas plus que le quartette constitué sur une résolution du Conseil de Sécurité en 2002 lui fixant des objectif concrets qu’il s’engageait à remplir en trois ans ; ceci conformément à la décision officielle du précédent Secrétaire général des Nations Unies devant le Conseil de Sécurité en décembre 2002. où figure ce qui suit : « Le quartette a annoncé sa volonté de tenir un sommet de paix international, centré sur l’objectif énoncé dans la résolution 1393 : deux états démocratiques vivant côte à côte dans la paix et la sécurité, l’arrêt complet et définitif de la violence et du terrorisme, la fin de l’occupation qui a débuté en 1967, l’arrêt de la construction de colonies , la restauration des institutions civiles et sécuritaires liées à l’Autorité, la tenue d’élections, la conclusion de négociations pour un règlement final des questions en suspens dans un délai fixé à trois ans ».

2- La stratégie politique palestinienne peut être centrée sur le fait de ramener le dossier palestinien au Conseil de Sécurité et de demander la tenue d’un sommet international de paix, car le quartette ne se substitue pas au Conseil de Sécurité -comme le garantit la résolution 1397 (mars 2002)- : « Le Conseil a décidé que l’affaire resterait sous son contrôle ». Notons que tous les membres du Conseil de Sécurité, à l’exception de l’administration américaine, ont accueilli chaleureusement l’accord de la Mecque.

Deuxièmement : sur le plan du gouvernement et de ses priorités :

Le gouvernement n’est pas un nouveau haut comité de suivi ; il est l’instance exécutive du programme et des tâches qui auront des conséquences sur l’avenir concret du peuple qu’il gouverne ; il doit mener ce programme et ces tâches, autant que possible, avec des priorités claires, des orientations claires et une grande transparence, au service d’un vrai programme de réforme ; il est nécessaire de délimiter les tâches de ce gouvernement palestinien car il ne s’agit pas seulement d’un programme général mais d’un plan précis : pendant les cent premiers jours le gouvernement exposera aux citoyens les orientations réelles pour améliorer leur situation dans le cadre d’une orientation globale en vue d’une réforme dans les domaines suivants :

1- La sécurité et la loi

Il faut impérativement que, dans la clarté et l’unanimité, le gouvernement d’union nationale fasse cesser la dérive et l’anarchie sécuritaires, en consolidant l’appareil de la police palestinienne, pour que cessent les agressions contre les citoyens au nom de la Résistance, que soient poursuivis et traduits devant la justice tous ceux qui se livrent à de tels actes, que soient découverts les responsables de ces actes.

Il faut qu’il y ait accord sur une philosophie claire pour éviter que l’appareil sécuritaire ne soit reconstruit sur des bases partisanes et qu’il soit le théâtre des rivalités entre factions ; pour cela, il faudra ?uvrer, dans le cadre d’un accord, à intégrer tous les groupes armés, les milices et les brigades privées de la bande de Gaza, dans une armée nationale unique, la Sécurité Nationale, dont la reconstruction se fera sur une base professionnelle.

Dans le même temps, le gouvernement devra s’attacher à réduire le budget de la Sécurité -qui atteint environ 30% du budget général- au profit d’autres postes, avec des mesures équitable de mises à la retraite et d’encouragement en faveur de ceux qui désirent quitter les institutions sécuritaires pour s’orienter vers la vie civile.

Dans le même ordre, le gouvernement devra procéder à des améliorations sérieuses de l’appareil judiciaire et y consacrer les fonds nécessaires ; en tant que juge indépendant et juste, il devra veiller à ce que cette institution soit honnête, qu’elle suscite le respect en veillant à ce que ses décisions soient appliquées et que les dossiers en souffrance soient traités rapidement.

2- L’économie, la pauvreté et le chômage.

Le gouvernement devra améliorer les conditions de l’économie et annoncer son plan à ce sujet : le nombre précis de chômeurs auxquels ce plan garantira leur réintégration ; le mécanisme mis en ?uvre pour faire face au problème de la pauvreté et aux besoins des milliers de familles qui vivent sous le seuil de pauvreté ; les moyens d’action et le contrôle de ce programme

Il faudra des améliorations concrètes dans les domaines de la santé, de l’enseignement, des affaires sociales, de la famille, de la conditions des familles de martyrs et des blessés ; un soutien aux secteurs vitaux de l’économie palestinienne, et parmi eux, l’agriculture, avec la fourniture de ce qui est nécessaire à son renforcement.

Les orientations gouvernementales nécessitent un cadre clair, des priorités dans les tâches et les domaines économiques, et le retour à une structure d’équilibrage au sien du gouvernement .
Les slogans généraux ne suffisent pas ; ce qui est nécessaire maintenant, c’est un programme précis, dont le gouvernement assumera la responsabilité ; pour le mener à bien, il faut que les postes et la fonction publique soient ouverts, selon un seul critère :le droit du citoyen, qu’ils ne soient pas réservés aux membres de groupes politiques et à leurs partisans.

3- L’éducation et l’enseignement.

Ce qui distingue particulièrement le peuple palestinien, c’est son attachement à l’enseignement. En dépit de la supériorité, comparativement à nombre de pays voisins, qu’il avait précédemment acquise, il assiste à une régression visible dans ce domaine.

La restauration de l’appareil de l’éducation et de l’enseignement représente une responsabilité énorme, avec au premier plan, l’amélioration concrète des conditions des enseignants et du personnel, le recours à l’expérience de gens extérieurs et, - ce n’est pas le moins important-, la garantie de l’indépendance de l’enseignement et l’interdiction de toute tentative pour imprégner l’activité enseignante d’esprit partisan.

Avec tout le respect que nous avons pour le docteur Nasr Eddine Assha’er,il faut noter que l’année dernière se sont produits des phénomènes précis dans ce sens ; peut-être ne reflétaient-ils pas une orientation officielle, mais il importe que l’institution éducative ne soit pas exposée à des risques inutiles ; pour cela il serait bon que Hamas nomme rapidement une personnalité indépendante, - comme l’accord lui en donne le droit-, au poste de ministre de l’Education et de l’Enseignement ; et que le suivi de tous les changements dans ce ministère relèvent de la politique du gouvernement, et non du seul ministre.

La condition de la réussite du gouvernement, c’est l’accord qu’il réalisera sur ses priorités, son plan de
travail et sa philosophie ; c’est cela qui fondera son unité, ainsi que les efforts de tous ceux qui y participeront. Mais il devra s’appuyer aussi sur un véritable instrument de prise des décisions gouvernementales, sous la forme d’un conseil des ministres restreint.

Pour le citoyen palestinien, la plupart de ces questions ne sont pas nouvelles mais il veut qu’elles le soient aux yeux de son gouvernement.

Sera-t-il....nouveau, le nouveau gouvernement ?

Février 2007 - Vous pouvez consulter cet article sur :
http://www.aloufok.net/article.php3...
Traduction de l’arabe : Anne-Marie


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