Les fichiers dévoilent des perceptions négatives de différents dirigeants dans le monde, des appels répétés à une attaque américaine sur l’Iran, et les demandes de diplomates américains que soient espionnés des officiels d’autres pays.
La Maison Blanche a qualifié les fuites comme « irresponsables et dangereuses ».
Il y a plusieurs révélations explosives contenues dans les documents, dont des notes diplomatiques précisant comment les dirigeants arabes dans le Golfe ont exhorté à une attaque contre le « diabolique » Iran.
Les documents révèlent de sérieuses craintes à Washington sur la sécurité du Pakistan concernant son programme d’armes nucléaires.
Ils montrent également en détail les conseils donnés aux diplomates des États-Unis sur la façon de recueillir des renseignements et de transmettre des informations intéressant des agences d’espionnage américaines. Selon les médias, des personnalités des nations Unies ont été la cible de la collecte de renseignements par des diplomates américains.
Le fond de documents contient des allégations de corruption contre des dirigeants étrangers, qui sont soumis à de dures critique, avec Vladimir Poutine appelé « alpha-dog ».
Angela Merkel « évite les risques est rarement créative » , et Hamid Karzaï est décrit comme étant « poussé par la paranoïa ».
Les dirigeants du monde ont essayé d’anticiper les retombées diplomatiques de la publication prévue sur Wikileaks ce dimanche.
La première publication limitée intervient un jour après que l’avocat du département d’Etat américain ait menacé de poursuites judiciaires suite à la publication des documents confidentiels obtenus par une source inconnue.
Pendant ce temps, Julian Assange, le fondateur de Wikileaks, a déclaré dans un communiqué que la parution des documents classés sur le site Web dénonciateur équivalait à une « événement diplomatique » historique dans les affaires mondiales.
« Le matériel que nous sommes sur le point de divulgué couvre avant tout toutes les questions importantes dans tous les pays, » a déclaré Assange ce dimanche aux journalistes , depuis la Jordanie par liaison vidéo, à partir d’un endroit tenu secret.
Les États-Unis ont pris l’initiative inhabituelle d’envoyer une lettre à Wikileaks pour faire une mise en garde contre la libération imminente de quelque trois millions de documents secrets du gouvernement américain, qui mettraient « d’innombrables » vies en danger.
Le département d’Etat américain a publié la lettre de Harold Koh, premier avocat, le samedi soir. La lettre au fondateur du site de dénonciation, Julian Assange, a fait valoir que la publication des dossiers classés menacerait les opérations du contre-terrorisme au niveau mondial et compromettrait les relations des Etats-Unis avec leurs alliés [on se régale d’avance ... N.d.T].
Wikileaks a fait savoir que la prochaine livraison - d’ici quelques heures - aura sept fois la taille de la publication de 400 000 documents en octobre dernier et concernant la guerre en Irak, la plus grand fuite à ce jour dans l’histoire du renseignement des États-Unis.
Les documents classifiés couvriraient donc la correspondance entre les missions diplomatiques américaines à l’étranger et le Département d’Etat à Washington, et pourraient révéler des points de vue « peu flatteurs » qu’auraient les responsables américains sur leurs alliés de l’UE et d’autres pays proches comme la Russie, la Chine et l’Arabie saoudite.
Les gouvernements à travers le monde peuvent être secoués par la publication de câbles diplomatiques potentiellement embarrassants et dont Washington a voulu limiter les retombées.
Les diplomates américains ont abandonné leur week-end du Thanksgiving et se sont rendus au ministère des Affaires étrangères, espérant conjurer la colère concernant les câbles, lesquels sont des messages internes qui sont souvent dépourvus des subtilités diplomates appliquées en public.
Le site a également publié en juillet dernier 77 000 fichiers américains classés, concernant le conflit afghan.
« Violation du droit américain »
Dans sa lettre Koh affirme que la publication « mettra en péril la vie d’innombrables personnes innocentes », fera courir des risques à des opérations militaires en cours, et « mettra en péril la coopération en cours entre les pays ».
« Ils ont été fournis en violation du droit des États-Unis et sans tenir compte des graves conséquences de cette action, » a-t-il dit. Selon Koh, WikiLeaks devraient les retourner au gouvernement américain et détruire les copies en sa possession ou placés sur des bases de données informatiques.
[...]
Steve Clemons, un stratège politique et directeur du American Strategy Programme à Doha a déclaré à Al Jazeera que la réaction américaine à cette dernière série de fuites a été plus forte que dans le passé en raison de préoccupations essentiellement diplomatiques.
« Certainement, je ne placerai pas cela pas au niveau de vies perdues sur un champ de bataille. Il s’agit essentiellement d’un brouhaha diplomatique », a-t-il dit.
« Je pense aussi que le contenu de ces documents concerne beaucoup de ragots et d’insinuations ... et il va y avoir beaucoup de choses embarrassantes qui vont en surgir. »
« Il y aura des répercussions politiques lorsque les dirigeants étrangers vont lire ces documents. Et vous allez voir des gens, depuis [Asif Ali] Zadari au Pakistan, jusqu’à Nelson Mandela en Afrique du Sud - avec de mauvaises considération à leur égard dans ces câbles - en passant par le roi d’Arabie saoudite ... »
Toujours selon Clemons, quelque soit les conséquences pour les États-Unis, les fuites soulignent à quel point les gouvernements dépendent du secret.
« Dans une certaine mesure, je pense que le gouvernement des États-Unis, et d’autres gouvernements, ont beaucoup de responsabilité eux-mêmes. Ils ont tellement voulu élargir ce qui relève du secret officiel qu’il est maintenant très difficile de distinguer entre les secrets gouvernementaux devant être respectés, et ce qui devrait être mis à disposition du public. »
« Les gouvernements ont essayé de cacher leur embarras. Et je pense que WikiLeaks essaie de provoquer une réaction et un changement. »
Catastrophe diplomatique
Selon Der Spiegel, qui a obtenu un accès rapide aux fichiers, la publication contiendra plus de 250 000 câbles et 8 000 directives diplomatiques - la plupart datant des cinq dernières années.
Le magazine allemand a retiré son article résumant les données [de Wikileaks] après qu’il ait été brièvement mis en ligne.
En plus de Der Spiegel, le New York Times, The Guardian, Le Monde et El País auraient été autorisés à examiner les dossiers en priorité.
Selon des sources de la Maison Blanche citées par un correspondant du site américain Politico, aucun de ces documents n’est classé « Top Secret ». Mais 6% sont classés « secret » et 40% comme « confidentiels ».
Pour Mike Hanna d’Al Jazeera , rapportant de Washington, les fuites traitent de la correspondance « entre les diplomates des États-Unis et entre les ambassades des États-Unis ... non pas ce qui est dit à propos des ennemis, mais des amis [des Etats-Unis] ».
Il a dit que les fichiers pourraient contenir des informations particulièrement sensibles, auparavant « hors de la vue du public », quant aux perceptions des diplomates américains sur les crises en Israël et en Palestine.
Hanna a déclaré que les responsables américains ont souligné combien c’était la sécurité nationale - et non pas seulement un embarras public - qui était en jeu dans la diffusion prévue par Wikileaks.
Moins de 5% des dossiers traitent des pays de l’UE, selon OWNI, un site d’informations en français, avec un blog traitant directement des « StateLogs [documents d’Etat] ».
La spéculation fait rage sur l’inclusion de câbles traitant des liens des Etats-Unis avec des groupes séparatistes en Turquie, ainsi que des perceptions de la coalition gouvernementale du Royaume-Uni, et de la corruption de dirigeant politiques dans plusieurs pays.
Certains journaux britanniques ont rapporté dimanche que Louis Susman, l’ambassadeur américain, avait informé les autorités britanniques sur le contenu probable des documents.
Les documents peuvent inclure les rapports d’officiels à Washington et de diplomates à travers le monde, au sujet de questions sur lesquelles la Grande-Bretagne et les États-Unis ont collaboré étroitement, dont les guerres en Irak et en Afghanistan.
Les membres des anciennes administrations de Gordon Brown et Tony Blair ont été préparés à l’afflux de millions de documents.
Le journal Sunday Times a cité un fonctionnaire du gouvernement, avertissant que les citoyens britanniques dans les pays musulmans pourraient être pris pour cibles suites à la perception possible de points de vue exprimés comme « anti-islamiques ».
« La préoccupation du gouvernement britannique est que certaines des conversations diplomatiques peuvent contenir certaines phrases (critiques) sur certaines questions sensibles - soit par les États-Unis soit par la Grande-Bretagne - et qui pourraient être interprétées comme étant la preuve que nous marchions main dans la main avec le grand Satan pour attaquer l’Islam, » aurait déclaré le même fonctionnaire.
Les États-Unis pris au piège
L’administration Obama a déclaré plus tôt cette semaine qu’elle avait alerté le Congrès et avait commencé à informer les gouvernements étrangers que le site [Wikileaks] se préparait à sortir un énorme stocks de câbles diplomatiques dont la publication pourrait donner un aperçu depuis les coulisses de la diplomatie américaine dans le monde.
Les États-Unis affirment savoir depuis un certain temps que Wikileaks était en possession des informations diplomatiques.
Quelque 2,5 millions d’employés du gouvernement des États-Unis ont accès à SIPRNet - version sécurisée du gouvernement américain de l’internet civil - où les fichiers auraient leur origine.
Jusqu’à présent, personne n’a été accusé de les avoir transmis à Wikileaks, mais le soupçon se concentre sur Bradley Manning, un analyste du renseignement de l’armée américaine arrêté en Irak en juin et accusé d’avoir provoqué une fuite antérieure.
« Wikileaks est un obstacle absolument terrible à mon objectif qui est d’être capable d’avoir des discussions de confiance avec les gens », a dit James Jeffrey, ambassadeur américain en Irak. « Ils ne vont pas aider, ils vont tout simplement nuire à notre capacité à faire notre travail ici. »
Il a ajouté que toute personne dont « les discussions confidentielles vont se retrouver publiées dans la presse, va être très malheureuse et très en colère ».
L’amiral Mike Mullen, commandant des forces américaines et plus haut responsable militaire, a appelé WikiLeaks à cesser ses publication de documents, selon la transcription d’une interview à CNN ce dimanche.
« J’espère que ceux qui sont responsables de cela réfléchiront à un moment donné, à la responsabilité qu’ils ont pour des vies qui sont exposées [...] et qu’ils arrêteront de laisser fuir ces informations. »
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28 novembre 2010 - Al Jazeera - Vous pouvez consulter cet article à :
http://english.aljazeera.net/news/a...
Traduction : Info-Palestine.net