A Oumm el Fahm, une localité à majorité arabe au nord d’Israël, les flics israéliens ont très violemment dispersé à coups de gaz lacrymogènes et de grenades assourdissantes des manifestants arabes israéliens protestant contre la tenue dans leur ville d’un rassemblement fasciste - Photo : Reuters/Nir Elias

La police israélienne a tiré des gaz lacrymogènes sur une foule de Palestiniens-Israéliens qui s’était rassemblée pour protester contre le défilé d’environ 70 membres du mouvement Notre terre d’Israël à travers la ville à majorité arabe.

Les manifestants juifs demandaient que le Mouvement islamique d’Israël, dirigé par le cheikh Raed Salah, soit rendu illégal.

Des dizaines de jeunes Palestiniens ont jeté des pierres sur les policiers qui avaient été déployés pour éviter une répétition des affrontements qui avaient eu lieu l’an dernier.

La police a répondu avec gaz lacrymogène et des matraques, nous rapporte Sherine Tadros d’Al Jazeera.

« Evidemment, la police attendait ce genre de violence qui n’a pas manqué de se manifester », dit-elle.

Quinze des manifestants palestiniens ont été blessés. Deux d’entre eux sont députés à la Knesset.

Aucun des manifestants de Notre terre d’Israël n’a été arrêté, mais dix l’ont été du côté palestinien.

Des policiers israéliens en civil ont été vus parmi les manifestants palestiniens, tirant des balles avec des armes de poing.

Les manifestants ont déclaré qu’ils pensaient que des munitions pour tuer ont été utilisées, une accusation que nie la police israélienne. [...]

« Provocation à long terme »

Des centaines de policiers anti-émeute ont été déployés ce mardi en prévision de la violence. D’autres unités sont également en état d’alerte dans le nord d’Israël et des hélicoptères patrouillaient dans le ciel [le tout pour assurer la protection de quelques dizaines de fascistes juifs - N.d.T].

Mais tandis que la police s’efforçait de faire tampon entre les manifestants et la population de la ville, les messages sur les banderoles - qu’Israël devait « être nettoyée » de ses habitants palestiniens - étaient tout à fait visibles.

« Cela fait partie d’une provocation organisée sur le long terme », estime Marwan Bishara, éminent analyste politique d’Al Jazeera.

« C’est l’une des multiples lignes de rupture entre les Palestiniens et Israël. »

« C’est une lutte qui dure depuis un bon moment entre la minorité palestinienne et certains à la frange de la société israélienne qui en Europe, seraient très certainement qualifiés de fascistes. »

« L’un de leurs principaux objectifs est l’expulsion des citoyens Palestiniens d’Israël. »

« Provocation »

La marche coïncide à peu près avec le 20e anniversaire de l’assassinat du rabbin Meir Kahane, un leader religieux d’ultra-droite [fasciste - N.d.T] qui avait l’habitude de se référer aux Palestiniens comme des à « des chiens » et avait appelé à leur expulsion d’Israël.

Afu Agbaria, un parlementaire arabe qui s’était joint à d’autres responsables pour protester contre la marche, a qualifié celle-ci de « provocation contre le peuple d’Umm al-Fahm et contre la minorité arabe dans le pays. »

« Ils attaquent la légitimité de la présence arabe dans le pays, en coordination avec les extrémistes de droite dans le gouvernement », a-t-il dit.

La plupart des Palestiniens-Israéliens vivent dans le nord d’Israël. Umm al-Fahm est la deuxième plus grande ville arabe dans la région et se trouve être le centre du Mouvement islamique.

« Compte tenu du contexte et aussi du moment où est organisée cette marche, c’est un fait que les Arabes ici - citoyens Palestiniens d’Israël - sont nombreux à se sentir discriminés, tant au niveau public et qu’à celui de la politique du gouvernement israélien, » explique Sherine Tadros.

Ces dernières semaines, des groupes juifs d’extrême-droite ont maculé avec des slogans racistes, des propriétés de Palestiniens.