Gaza, au bord de route de la soie et véritable pont entre l’Afrique et l’Asie, a accueilli nombre de civilisations, dont celles des Pharaons, des Cananéens, de Philistins, des Croisés, des Mamelouks, des Romains et de nombreuses autres. Alexandre le Grand a envahi la bande de Gaza. Napoléon Bonaparte l’a traversée.
« Tout au long de la bande de Gaza, vous trouvez des poteries, des colonnes sculptées et des chapiteaux, et les vestiges des civilisations passées, dont des objets témoignant de la présence de l’homme au début de l’âge du fer et du bronze », explique Asad Ashoor du ministère du Tourisme et des Antiquités de Gaza.
« Il y a des vestiges tout à fait visibles dans la bande de Gaza », a déclaré Ashour. Ces traces de civilisations ont survécu, et plus récemment encore aux bombardements israéliens.
Dans la région d’Al Deir Balah subsistent les traces des vastes fouilles dans le monastère de Saint Hilarion, la première église en Palestine, et on y voit notamment d’étonnantes et intactes mosaïques au sol ainsi que des piliers de soutènement.
 
Dans le sud de la bande de Gaza, à Khan Younis, un mur - avec une porte d’entrée et une tour - d’une auberge fortifiée de l’époque mamelouke (« Khan ») et qui servait aux caravanes marchandes se trouvent aujourd’hui au centre de la ville.
La ville de Gaza abrite le Palais Pacha, aujourd’hui un musée, où Napoléon aurait séjourné. La mosquée Omari, utilisée aujourd’hui par les fidèles, a été construite sur l’emplacement d’une temple païen devenu ensuite église byzantine. On y voit encore un clocher, après que le site ait été utilisé à nouveau comme église au cours de la période des Croisades.
Le Hammam al-Sammara, maison de bain de l’époque ottomane, attire toujours les clients aujourd’hui.
« Récemment, des travailleurs qui creusaient pour réparer les conduites d’eau dans la zone de Touffah dans la ville de Gaza, ont mis à jour une vieille maison de la période mamelouke, » raconte Abeer Jammal, secrétaire au musée de Gaza.
« Au-dessus se trouvait un cimetière d’une période ultérieure. Mais nous n’étions pas en mesure de creuser, car il y a une route importante pour le trafic et beaucoup de gens habitent dans cette zone. »
« Il y a à peu près huit mois », dit Jammal, « les fouilles ont commencé sur Tel Rafah, un site archéologique de l’époque grecque et romaine, riche en objets, mais dans une zone dangereuse qui est à proximité de la frontière palestino-égyptienne. Les Israéliens ont largué des tracts disant de ne pas s’approcher à moins de 300 mètres de ce site spécifique ».
Mais les travailleurs continuent de fouiller, et d’après le ministère du Tourisme et des Antiquités, ils ont trouvé des objets importants, dont des pots et de la vaisselle de l’époque romaine, des poterie et le couvercle d’un cercueil de l’époque byzantine, ainsi que des pièces de monnaie de l’époque grecque.
« Les autres principales découvertes sont plus de 40 pièces de bronze de l’époque grecque, avec l’image d’Athéna, de l’Empereur, de symboles grecs dont des hiboux, et des images de dieux grecs, » poursuit Jammal.
Les découvertes et les antiquités existantes mises de côté, l’archéologie dans Gaza fait face à de sérieux obstacles.
Jammal explique que beaucoup de trésors de Gaza se sont retrouvés dans les musées en dehors de Gaza. « Depuis que mon travail implique aussi d’accompagner des visiteurs dans des visites de Gaza, j’ai rencontré beaucoup de personnes qui disent avoir vu des pièces similaires aux nôtres dans les musées israéliens à Tel Aviv et à Jérusalem », dit-elle.
Gerald Butt, dans son ouvrage Life at the crossroads : A History of Gaza note : « Le musée d’Israël a dans sa collection un calice peint à large assise, pris de Tell al-Ajjul, » l’un des plus importants sites archéologiques de Gaza. Il écrit plus loin, « les poteries fabriquées par les Philistins au cours de cette période peuvent être vues dans le Musée d’Israël à Jérusalem, » signalant que ces objets philistins ont été en grande partie mis à jour dans la région de Wadi Gaza.
« La plupart des visiteurs internationaux qui entrent dans la bande de Gaza viennent par le passage d’Erez et reçoivent des Israéliens ’un guide touristique pour le territoire israélien’ », explique Jammal Abeer.
Mis à part les anciens problèmes de pillage et la campagne de désinformation israélienne actuelle, l’archéologie dans la bande de Gaza fait face à des obstacles supplémentaires suite aux bombardements israéliens réguliers et au manque d’équipement spécialisé et de produits chimiques nécessaires à l’extraction et à l’entretien des reliques.
« Nous avons urgemment besoin de matériel, notamment pour le nettoyage et l’entretien des objets », dit Jammal.
Comme la plupart des produits quotidiens dont les Gazaouis ont besoin, les produits chimiques nécessaires à la préservation des objets sont interdits à Gaza à cause du blocus israélien.
« L’occupation et le siège interdisent non seulement le Devcon et l’Ethanol, les produits chimiques dont nous avons besoin pour conserver notre reliques, mais aussi une expertise venant de l’extérieur pour nous aider à creuser et restaurer », explique le ministre Asad Ashour.
« Compte tenu des circonstances, nous faisons de notre mieux pour conserver ces pièces »,dit encore Ashour. « Nous pouvons en placer certaines à l’intérieur de récipients en verre, mais même celles-ci se cassent ou se fissurent. Et de toute façon, cela ne résout pas le problème du besoin d’une ventilation et d’une température contrôlées. »
Selon Ashour, les tentatives de gagner l’appui des services des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) pour les sites historiques et leurs objets anciens sont restées sans succès.
« Nous avons contacté l’UNESCO, mais ils ont refusé de s’intéresser à nos biens archéologiques », dit-il.
« L’objectif d’Israël est d’imposer un black-out sur l’histoire et la culture de la Palestine », analyse Ashour. « Israël veut que l’extérieur ne perçoive Gaza que comme un endroit déprimant, dangereux dépourvu de culture, d’histoire et de beauté, et que la question principale soit l’aide humanitaire. »
Jammal aquiesce : « Ce n’est pas seulement un siège économique, c’est un siège contre la culture, un siège contre tout ce qui est palestinien. »
 
 
 
 
 
 
* Eva Bartlett est une avocate canadienne spécialisée dans les droits de l’homme. Elle vit actuellement dans la bande de Gaza.
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22 octobre 2010 - In Gaza - Vous pouvez consulter cet article à :
http://ingaza.wordpress.com/2010/10...
Traduction : Claude Zurbach