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Des journalistes indépendants démontent l’emprise israélienne sur le discours médiatique
dimanche 27 juin 2010 - Abraham Greenhouse, Nora Barrows-Friedman
The Electronic Intifada

« La tentative systématique et la priorité n°1 tout à fait délibérée des soldats israéliens quand ils sont montés à bord des bateaux a été de créer un black-out, de confisquer toutes les caméras, de couper les liaisons satellite, de détruire les caméras en circuit fermé à bord du Mavi Marmara, pour s’assurer que rien ne sortait. Ils étaient décidés à contrôler l’histoire », a commenté le journaliste australien Paul McGeough, l’un des centaines de militants et de reporters journalistes qui ont assisté à l’attaque mortelle du 31 mai sur la flottille de la liberté pour Gaza ("Framing the Narrative : Israeli Commandos Seize Videotape and Equipment from Journalists After Deadly Raid" Democracy Now, 9 Juin 2010). McGeough a été un des au moins 60 journalistes de la flottille qui ont été détenus et dont les filmages ont été confisqués.

Dans les heures suivant l’interception et le siège dans les eaux internationales de la flottille d’aide pour Gaza par des commandos israéliens, qui ont tué neuf personnes - certaines à bout portant - à bord du Mavi Marmara, des nouvelles de l’attaque sanglante s’étaient répandues dans le monde entier. La colère, la condamnation et des appels à une enquête internationale ont suivi.

Entre temps, la campagne d’Israël pour son scénario de l’attaque, pour déformer les faits et étouffer une opinion outragée battait son plein. Parallèlement, les militants et les journalistes sceptiques ont commencé à déconstruire l’histoire officielle et à assembler des preuves pour révéler la vérité derrière les morts violentes des militants d’une mission humanitaire pour la bande de Gaza assiégée.

À partir du moment où l’armée israélienne a brouillé apparemment les communications de la flottille, et pendant les deux jours suivants où les survivants furent maintenus au secret, leurs caméras et leurs prises de vues potentiellement accusatrices saisies, la version israélienne du raid a dominé les titres internationaux.

Au centre de la stratégie médiatique d’Israël, il y eu la diffusion rapide de clips audio et vidéo sélectionnés qui, d’après le gouvernement, validaient son affirmation que les passagers avaient violemment essayé de tuer les troupes sans provocation - forçant ainsi les soldats à utiliser des balles réelles en autodéfense. Cependant, les clips distribués très largement au début portaient des signes de fortes altérations, y compris le masquage ou l’élimination de marques chronométriques.

Quoique les clips montrent apparemment des passagers à bord du Mavi Marmara frappant des soldats israéliens avec des bâtons et d’autres objets, le contexte des images n’était absolument pas clair. Il était impossible de déterminer à quel moment les clips avaient été filmés au cours de l’assaut, ce qui soulevait des questions sur quelle partie exactement avait agi en autodéfense.

Jamal Elshayyal d’Al-Jazeera, parmi d’autres, a corroboré les récits d’autres passagers de la flottille, y compris de la membre de la Knesset israélienne Hanin Zoabi, disant que les commandos israéliens auraient commencé à tirer avant de descendre en rappel sur le pont du navire ("MK Zoabi : Israel wanted highest number of fatalities" YNet, 1 Juin 2010 ; "Kidnapped by Israel, forsaken by Britain" Al-Jazeera, 6 Juin 2010).

Ces clips furent rapidement complétés par du filmage mis sur YouTube, elles aussi fortement retravaillées, dont Israël a dit qu’elles avaient été prises par les caméras de sécurité du navire et par des journalistes dont l’équipement avait été saisi ("Flotilla Rioters Prepare Rods, Slingshots, Broken Bottles and Metal Objects to Attack IDF Soldiers" 2 Juin 2010). Le service de presse de l’armée israélienne a aussi distribué de nombreuses images fixes soi-disant documentant le combat sur le pont.

Après que les bateaux affrétés de la flottille furent emmenés au port israélien d’Ashdod et déchargés, le 1er juin, le ministère israélien des Affaires étrangères (MAF) commença à distribuer via le site Flickr des photographies d’objets trouvés d’après lui à bord. Le matériel que le MAF classifiait comme « armes » - soutenant soi-disant son affirmation que les militants avaient planifié un « lynchage » des troupes israéliennes - étaient publiquement identifiables comme de l’équipement nautique standard et des ustensiles de cuisine ("Weapons found on Mavi Marmara").

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D’autre part, les bateaux furent inspectés de multiples fois avant leur départ pour Gaza, à la fois par les douanes turques et par une compagnie de sécurité indépendante, et à chaque fois avait été trouvés ne contenir aucune arme, d’après un communiqué de presse du mouvement Free Gaza ("Did Israel deliberately murder civilians aboard Freedom Flotilla ?" 3 Juin 2010). Les participants dirent aussi que tous les passagers ont été soumis à un contrôle de sécurité approfondi avant de monter à bord, quel que soit le lieu d’embarquement.

Ces photographies d’« armes » devinrent le premier point de fixation de l’effort pour analyser et exposer les incohérences des affirmations israéliennes. Peu après la publication des images apparues sur la page officielle du MAF le 1er juin, des commentateurs commencèrent à attirer l’attention sur le fait que plusieurs images comportaient de l’information numérisée indiquant qu’elles avaient été prises plusieurs années auparavant. Le MAF y répondit en modifiant les dates, et par une déclaration disant qu’une de ses caméras avait été mal calibrée.

Si cette déclaration ne peut être ni confirmée ni réfutée, la gaffe exposa le fait que la hâte d’Israël à promouvoir sa version des événements dans les médias produisait des erreurs et des négligences significatives. Alors que les passagers survivants de la flottille commençaient à être relâchés et expulsés après leur détention en Israël, leur récit des événements à bord des bateaux - et sur le Mavi Marmara en particulier - divergeait clairement du discours israélien officiel.

Les journalistes à bord du navire, dont certains avaient été capables de diffuser par satellite pendant un certain temps durant l’assaut, ont dit aux intervieweurs qu’ils avaient été spécifiquement ciblés par les troupes israéliennes dans l’attaque. « Nous avions des caméras autour du cou et nos cartes de presse en main, mais les soldats ne cessaient de diriger les lasers de leurs fusils sur nos yeux pour nous intimider », a dit le journaliste turc Yuecel Velioglu de l’agence de presse AA à Reporters Sans Frontières ("As Turkish photographer is buried, other journalists aboard flotilla speak out" 9 Juin 2010) [Voir les photos de Marcello Faraggi ci-dessus et ci-contre].

De plus, une grande part des filmages (très retravaillés) diffusés par Israël furent volées aux journalistes à bord du bateau après la confiscation de leur équipement. Cette action a été fortement dénoncée par l’Association de la presse étrangère d’Israël (FPA) qui déclarait le 4 juin : « l’utilisation de ce matériel sans permission des agences de médias concernées est une violation claire et inacceptable de l’éthique journalistique ».

Décidés à ne pas permettre au gouvernement israélien de continuer à dominer le discours public sur l’attaque de la flottille avec sa version discutable des événements, des journalistes indépendants autour du monde ont analysé et identifié les incohérences du discours israélien. Ce travail a joué un rôle central pour produire un tableau des événements plus complet et juste, disponible pour un public anglophone : la grande majorité des médias privés anglophones, à l’exception notable d’Al-Jazeera anglais, reproduisaient simplement les déclarations israéliennes et n’entreprirent pas ou très peu le travail de vérification pour s’assurer de leur validité.

Images et l’élimination du contexte

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Une autre photo diffusée par les bureaux du porte-parole de l’armée israélienne a suscité encore plus de controverses quand elle a commencé à apparaître dans des articles de nouvelles sur l’incident. L’image, montrant un homme barbu anonyme qui tenait un couteau courbe, fut généralement présentée avec une légende, elle aussi originaire de l’armée israélienne, déclarant que le porteur de couteau était un militant à bord du Mavi Marmara photographié après que les troupes israéliennes aient assailli le navire.

Ali Abunimah, cofondateur de The Electronic Intifada, remarqua immédiatement des incohérences claires dans le contexte de la photo, jetant un doute sur sa véracité. Abunimah fit remarquer sur son blog que derrière l’homme, on pouvait voir la lumière naturelle diffusée au travers d’une fenêtre - malgré le fait que le raid a été mené avant l’aube. De plus, l’homme était entouré par des photographes qui paraissaient d’un calme inattendu pour des voisins au milieu d’un combat ("Israeli propaganda photo in Haaretz of man with knife make no sense #FreedomFlotilla" 31 Mai 2010). Finalement, quelques jours après la première apparition de l’image, elle fut réutilisée dans un montage vidéo publié sur YouTube sous le nouveau nom "gazaflotilliatruth", mais cette fois-ci moins recadrée dans la nouvelle version de l’image, l’homme barbu peut être vu assis, pas debout - encore une fois une position physique inhabituelle au cours d’une mêlée ("Gaza Flotillia - The Love Boat" 2 Juin 2010).

Le journaliste d’enquête Max Blumenthal rapporte que la légende utilisée par l’armée israélienne - utilisée à répétition par des médias tels que le quotidien israélien Haaretz - indique que le barbu tenait le couteau après que les commandos soient montés à bord ("Nailed Again : IDF Description of Suspicious Photo It Distributed Is Retracted" 8 Juin 2010).

Après sa question au bureau du porte-parole de l’armée israélienne, Haaretz « effaça sa légende de la photo suspecte ». Blumenthal ajoute que Haaretz « ne mentionna pas la rétraction, considérant probablement que personne ne remarquerait. La rétraction soulève des questions inquiétantes sur le niveau de coordination entre l’IDF [armée israélienne] et les médias israéliens ». Elle ne mentionna pas non plus que l’homme barbu était le ministre yéménite du Parlement Mohammad al-Hazmi, qui montrait sa dague de cérémonie - une part essentielle du costume yéménite traditionnel - à des « journalistes curieux et étrangers sur le bateau », comme le souligne Blumenthal, évidemment bien avant l’attaque.

Nouvelles accusations instantanément démenties

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Les témoignages des passagers survivants commençant à recevoir une meilleure attention de la part de la grande presse occidentale, Israël répondit par une série d’accusations de plus en plus terribles pour les discréditer. La nature grave de ces accusations fait qu’il est difficile de comprendre pourquoi le gouvernement israélien aurait attendu si longtemps pour les porter. Quand les journalistes commencèrent à évaluer les nouvelles déclarations, ils trouvèrent que les faits venant à leur appui étaient insignifiants, voire inexistants.

Une de ces accusations, publiée dans un communique de presse du MAF du 2 juin, fut que 40 passagers du Mavi Marmara avait été identifiés comme des mercenaires employés par Al-Qaeda ("Attackers of the IDF soldiers found to be Al Qaeda mercenaries," 2 Juin 2010 [pas de lien]). Plus tard le même jour, le porte-parole du département d’État US, Philip Crowley, déclara que ses services ne pouvaient pas valider l’histoire israélienne, et des journalistes indépendants sur le terrain à Tel-Aviv partirent vite enquêter par eux-mêmes.

Blumenthal et sa collègue Lia Tarachansky se firent dire brutalement par le service de presse de l’armée que les militaires n’avaient « aucune donnée » soutenant l’affirmation du MAF. Le matin du 3 juin, toutes les références à Al-Qaeda avaient été retirées de la version en ligne du communiqué de presse ("Under Scrutiny IDF Retracts Claims About Flotillas - Al Qaeda Links" [pas de lien]).

Plus significatif, le 4 juin, Israël communiquait un clip sur YouTube qui selon lui était un extrait de communication radio entre l’armée israélienne et le Mavi Marmara. Le clip comprenait une voix disant aux Israéliens de « retourner à Auschwitz », et une autre voix déclarant « nous aidons les Arabes à aller contre les USA », en réponse aux annonces israéliennes que le bateau « s’approchait d’une zone sous blocus naval » ("Flotilla Ship to Israeli Navy : "We’re Helping Arabs Go Against the US, Don’t Forget 9/11 Guys" 4 Juin 2010). Cette dernière voix était faite avec un accent ressemblant à celui du sud des USA, malgré le fait que personne de cette région n’était présent à bord des bateaux. De nombreux blogueurs commentèrent que les accents avaient l’air d’avoir été limités, et tournèrent en ridicule la qualité de la falsification apparente.

Une des organisatrices de la flottille, la citoyenne étasunienne Huwaida Arraf, fut stupéfaite de trouver que le clip incluait aussi sa propre voix - alors qu’elle était sur un autre bateau que le Mavi Marmara. La journaliste et bloggeuse de Tel-Aviv, Mya Guarnieri, remarqua qu’Arraf a dit à l’agence Maan News de Bethléem que le clip de sa voix, disant « nous avons la permission d’entrer de la capitainerie du port de Gaza », semblait avoir été extrait d’une communication au cours d’un voyage de flottille précédent (il y a eu neuf voyages depuis 2008) ("Israel under fire for doctoring flotilla recordings" 5 Juin 2010). « Quand ils nous sont appelés par radio [dans ce voyage], nous étions à plus de 100 miles », fait remarquer Arraf.

Blumenthal attira l’attention sur la mystérieuse présence d’Arraf et sur d’autres incohérences du clip dans un article publié le 4 juin. Le lendemain, le MAF fit une déclaration admettant que le clip avait été substantiellement édité ("Clarification/Correction Regarding Audio Transmission Between Israeli Navy and Flotilla on 31 May 2010" 5 Juin 2010). Toutefois, le clip, incluant les paroles sur « Auschwitz » reste sur le site Web du MAF dans une version nouvelle « non éditée » de la soi-disant transmission.

Un travail de limier high-tech révèle un réseau de tromperie

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Peut-être le plus préjudiciable pour la crédibilité des récits israéliens fut une carte publiée par Ali Abunimah sur son bloc, générée en utilisant les données archivées des transmissions du système d’identification automatique (AIS) pour suivre la position du Mavi Marmara alors qu’il naviguait le matin du raid ("Did Israel press on with bloody attack on Mavi Marmara even as ship fled at full-speed ?" 7 Juin 2010). À l’aide de la carte, Abunimah fut capable de déterminer la localisation et la destination du bateau avec les émissions mettant son statut à jour. La carte a aussi positionné le Mavi Marmara aux moments exacts où les images des caméras de surveillance du navire - qu’Israël a publié sans effacer les marques chronométriques - furent apparemment enregistrées.

D’après les données AIS, le Mavi Marmara s’est dirigé vers le sud, parallèlement à la côte israélienne et à plus de 80 milles de la côte - jusqu’à approximativement 4h 35, heure locale. À ce moment-là, le bateau vire brusquement vers l’ouest, s’éloignant de la côte de Gaza.

L’attaque, dont les passagers survivants disent qu’elle a commencé juste avant quatre heures, a été communiquée aux militants grecs en communication directe avec le navire à un certain moment avant 4 h 51. Cependant la marque chronométrique vue dans le filmage communiqué de la caméra de sécurité, décrit en légende comme étant le moment où « les émeutiers commencent leur confrontation avec les soldats israéliens », indique que le clip a été filmé à 5h 03. Ceci est renforcé par le fait que la mer est apparemment éclairée par la lumière naturelle, ce qui n’aurait pas été possible une heure plus tôt.

Cette preuve contredit directement les déclarations israéliennes concernant la séquence et le timing des événements, et jette un doute sur son narratif global. Tandis que la grande majorité des films du raid ont été saisis par Israël, ainsi que les Voyage Data Recorders (VDRs, l’équivalent maritime des « boîtes noires » des avions), les militants ont archivé assidûment toutes les données disponibles pour empêcher Israël de les altérer ou de les détruire. Au fur et à mesure de la disponibilité de données supplémentaires chrono datées, elles seront incorporées par les militants et inclues par des logiciels de cartographie pour aider non seulement à révéler ce qui s’est produit sur le Mavi Marmara, mais pour garantir une meilleure application de la responsabilité d’Israël quand il aura à répondre de flottilles futures.

Une quantité significative de données apparaît déjà. Plusieurs survivants ont réussi à cacher des cartes mémoires de leurs geôliers israéliens, dont ils sont rendus les contenus disponibles aux journalistes à leur retour chez eux. Certaines photos, publié par le journal turc HaberTurk, montrent des passagers administrant une aide médicale aux soldats israéliens blessés et même les protégeant des prises de photos - ce qui semble contredire les allégations israéliennes disant que les passagers étaient résolus à un lynchage prémédité des commandos israéliens ("İsrail’den kaçırılan fotoğraflar" 4 Juin 2010).

Des clips vidéos de survivants de la flottille récemment publiés montrent les soldats israéliens frappant du pied et du poing et tirant sur des passagers, dont un film qui d’après l’agence turque Cihan News montre le meurtre à bout portant de Furkan Dogan, un citoyen étasunien de 19 ans, par une arme automatique ("Israeli Soldiers Murdering Man Identified as Furkan Dogan" 10 Juin 2010). Une autopsie a montré que Dogan a reçu cinq tirs, dont un dans le dos et deux dans la tête presque à bout portant. D’autres vidéos montrent des hélicoptères tournant au-dessus de la flottille, apparemment avec des flammes de bouche et des sons de tirs, en accord avec les assertions des survivants disant que les commandos tiraient déjà avant de monter à bord des navires, stimulant ainsi la résistance limitée dont les passagers terrifiés ont fait preuve.

Enquête internationale et interne

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Le gouvernement israélien continue de rejeter l’idée d’une enquête internationale, en faveur de la sienne propre. Le 5 juin, le secrétaire général des Nations unies a proposé une commission internationale pour examiner la mort des neuf passagers de la flottille, mais l’ambassadeur d’Israël aux USA, Michael Oren, a annoncé à Fox Niouzes le lendemain qu’Israël refuserait « d’être enquêté par aucune commission internationale » ("Transcript : Amb. Michael Oren on ’FNS’," 7 Juin 2010 - [pas de lien]).

Ceux qui demandent une enquête internationale ont de bonnes raisons de douter de la capacité d’Israël d’enquêter lui-même. D’après Human Rights Watch (HRW), citant des statistiques de l’organisation israélienne des droits humains Yesh Din, entre 2000 et 2008, « les soldats israéliens ont tué plus de 2 000 civils palestiniens non impliqués dans des combats dans les territoires palestiniens occupés. Sur 1 246 enquêtes criminelles débutées dans la même période pour des offenses suspectées de toute nature par des soldats contre des civils palestiniens, seules 6 % (78 cas) ont conduit à des poursuites. Seules 13 de ses poursuites accusaient les soldats d’avoir tué des civils. En septembre 2008, cinq soldats ont été inculpés pour la mort de quatre civils » ("Why No Justice in Gaza ? Israel Is Different, and so ..." 1 Octobre 2009).

HRW à trouvé un schéma similaire sur les cas découlant de l’attaque infâme de trois semaines d’Israël sur Gaza, commençant le 27 décembre 2008. L’invasion, qui causa la mort de plus de 1 400 palestiniens, n’a conduit qu’à une seule inculpation criminelle - pour le vol d’une carte de crédit appartenant à une famille palestinienne après que les soldats aient pillé leur logement.

Concernant l’attaque de la flottille, certaines sources du gouvernement israélien ont indiqué qu’elles permettraient à un « observateur » ou plus d’être inclus dans son enquête interne. Les gouvernements autour du monde ont insisté que ceci n’est pas une alternative acceptable à une véritable enquête internationale. Cependant, même un groupe complètement impartial chargé d’enquêter sur le raid analyserait les « preuves » (tels que les filmages saisis et les VDRs) qui ont été sous le contrôle complet de l’armée israélienne depuis l’assaut.

Responsabilités et journalistes indépendants

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Avec peu d’espoir d’une enquête formelle ayant une certaine crédibilité, les journalistes indépendants autour du monde ont reconnu le besoin de monter la leur. Le travail de journalistes indépendants parvient à un niveau croissant d’influence sur les grands médias. Et l’histoire des meurtres du Mavi Marmara, malgré le manque de volonté de beaucoup de reporters professionnels de contester publiquement la version israélienne des événements, ne fait pas exception.

« C’est une question où, dans l’incident de la flottille, les circonstances morales et légales des violations israéliennes ont été si flagrantes et visibles que des médias indépendants ont eu une occasion plus importante d’être entendus », dit Richard Falk, expert en loi internationale et Rapporteur spécial de l’ONU sur les Droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés. Si l’ONU ou un autre organisme impartial montait une enquête internationale, elle « bénéficierait grandement des initiatives actives [de médias indépendants] pour renforcer ce qu’entreprendrait l’enquête », a commenté Falk pour cet article.

Des journalistes indépendants ont déjà réussi à briser le mur du discours israélien dans les médias privés. Pendant presque une heure le matin du 5 juin, la plupart des comptes-rendus des grands médias sur la situation du quatrième bateau retardé de la flottille qui avait inclus le Mavi Marmara se sont basés presque exclusivement sur les informations recueillies depuis des messages partagés entre militants et journalistes indépendants via Twitter. Le travail d’Abunimah et de Blumenthal pour discréditer une bonne part du discours israélien a été cité in extenso dans un article du blogueur Robert Mackey du New York Times ("Photographs of Battered Israeli Commandos Show New Side of Raid" 7 Juin 2010).

Le 10 juin, une conférence de presse de l’ONU a été consacrée à la présentation du filmage non censuré de l’assaut recueilli par la réalisatrice Iara Lee, qui promet de faire les grands titres avec d’innombrables images contredisant la version israélienne des événements.

Paul Larudee, un militant de la région de San Francisco qui a participé à la flottille et a souffert d’un tabassage sévère le forçant à être hospitalisé, croit que le succès des journalistes indépendants dans la mise en évidence du discours incohérent d’Israël a eu un effet pour transformer la conscience populaire.

« Il se passe quelque chose ici. Les perceptions commencent à changer », dit Larudee. « Les gens comprennent - ils comprennent qu’un convoi d’aide humanitaire a été attaqué, que les passagers se défendaient, malgré le travail de distorsion qu’Israël a créé dans les médias. Israël ne pourra plus soutenir ça très longtemps. Ça commence à s’effondrer complètement ».


Abraham Greenhouse est le fondateur du Palestine Freedom Project (palestinefreedom.org), qui se spécialise dans l’étude et la fourniture de soutien pour le travail des militants de base solidaires avec la Palestine dans le monde.

Nora Barrows-Friedman est une journaliste indépendante primée, qui écrit pour The Electronic Intifada, Inter Press Service, Truthout et d’autres médias. Elle rapporte régulièrement de Palestine, où elle anime aussi des ateliers multimédias pour les jeunes dans le camp de réfugiés de Dheisheh en Cisjordanie occupée.

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15 juin 2010 - The Electronic Intifada - traductgion : JPB