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Une page de la honte
vendredi 9 février 2007 - Yesh Gvul

« Bonjour. Comme je l’ai dit ci-dessus, mon nom est Ofir et tout ce que j’ai à dire c’est que pendant 3 ans j’ai commis des « crimes de guerre » tels que vous, les ?mecs’, les définissez. J’ai battu et tiré sur des Palestiniens et sur leurs biens. J’ai même pleins de photos. J’ai vraiment ?pris mon pied’ et j’étais un commandant, sergent de section puis sergent-major de compagnie.

Toute la compagnie faisait la même chose. Je dois admettre que je suis fier de ce que j’ai fait là-bas. Je ne compte pas ces animaux que vous appelez Palestiniens et je ne vous compte pas non plus vous les ?mecs’. Pour votre information, je suis un type assez brillant (diplômé en ingénierie), jeune (23 ans), laïc, je ne suis pas un de ces colons extrémistes dans les territoires occupés... »

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Photo prise le 21 02 2002 près de Qalqilya (Gilad Soffer)

Message reçu sur le web de Yesh Gvul le 23 novembre 2006, avec le nom entier de l’envoyeur et sa véritable adresse email.

Tant qu’il tire et qu’il rit ; tant qu’il fixe l’appareil de photo, joyeux et indifférent ; tant qu’il choisi de poser près du corps mutilé, redresse son casque, vise avec son arme, entoure de ses bras les épaules voisines, lève ses doigts pour former le « V » du salut de la victoire ; tant que c’est de cette façon qu’il commémore sa camaraderie militaire, arrangeant les photos de ses copains dans un album sous le titre de « novembre 03 » ou « 04 » ou « 05 », qu’il les conserve sur son PC à la maison ou même plus près - sur le PC du bureau de la compagnie, ou encore plus près, sur son portable, le même portable avec lequel il appelle sa mère pour dire « tout va bien », tant qu’il va Là avec une caméra, tant qu’il va Là avec une caméra et un fusil, tant qu’il va Là, le soldat qui pose pour une séance photographique devient notre figure collective.

L’IDF n’est plus les Forces de Défense Israéliennes mais plutôt les Forces d’Occupation israéliennes. Elles échouent chaque fois à défendre les frontières du pays. Entretemps, elles sont devenues compétentes et enthousiastes dans les arts de l’occupation et de l’oppression et ont intériorisé cette mentalité. Oui, la photo appartient à un soldat individuel mais ses actions sont perpétrées en notre nom. Le soldat « accomplit » son devoir « pour nous » - nous l’avons « envoyé » lui et ses copains Là-bas - et si ne l’avons pas fait, et bien nous n’avons pas non plus opposé de résistance.

La séance photo du soldat Occupe, oppresse, brise et détruit, tue et pose pour des photos en notre nom. C’est le soldat qui agit, prend des photos et pose, mais ce n’est pas de sa seule responsabilité : c’est aussi la nôtre. Nous, qui n’objectons pas suffisamment fort contre ses actions sommes aussi responsables d’elles. C’est son visage, sur les photos, mais ce sont aussi les nôtres : en tant qu’émissaire public, il nous personnifie.

Le soldat de la séance photo mérite d’être mis au Pilori de la Honte, mais il n’est ni celui qui l’a érigé ni celui qui le préserve. La Honte nous revient à nous tous.

7 février 2007 - YESHGVUL - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.yeshgvul.org.il/shame_e.asp
Traduction : Ana Cléja