Fermer la page
www.info-palestine.net
Un traumatisme lié au cancer inspire un film palestinien
samedi 11 juillet 2009 - Mohammed Harmassi
JPEG - 6 ko
Extrait du film : la scène d’humiliation au checkpoint israélien...

C’est le climat du premier film d’animation palestinien commercial, qui se base sur une histoire vraie.

Mais ce n’est pas une diatribe anti-israélienne. Il y a des bons et des mauvais rôles de chaque côté du conflit israélo-palestinien.

L’héroïne du film s’appelle Fatenah. C’est une gazaouie dont le rêve de trouver l’amour et de vivre une vie normale est anéanti par le cancer et par le conflit entre Israéliens et Palestiniens.

« D’habitude les Palestiniens sont traités comme des numéros, mais ici ce n’est pas le cas » dit Saed Andoni, producteur du film. « Derrière chaque numéro il y a une longue histoire et c’est pourquoi nous nous sommes centrés sur celle-ci en particulier ».

Une histoire vraie

L’animation raconte le combat de Fatenah contre le cancer, sa mastectomie, les médecins palestiniens qui retardent son diagnostic et les médecins israéliens qui retardent son traitement.

Il parle aussi d’une amitié rare entre une femme de Gaza et une israélienne, Dafna.

La trame du film comporte une histoire d’amour entre Fatenah et un homme de Gaza.

Dans ce film de 30 minutes, le décor de l’enclave côtière est condensé dans des scènes très colorées, un poste de contrôle israélien, des immeubles surpeuplés et la mer.

Fatenah a de grands yeux et une petite bouche - symbole d’une femme « contrainte à une existence amère mais qui n’a pas le pouvoir de parler » » dit le réalisateur, Ahmad Habash.

La lutte et l’amitié de Fatenah avec une femme israélienne se basent sur la vie réelle d’une femme de Gaza nommée Fatma.

Son combat contre un cancer du sein a été raconté par le groupe israélien « Physicians for Human Rights » (Médecins pour les droits humains) dans un rapport publié en 2005, après que la maladie l’eut tuée.

« Le rapport était tellement incroyable que quand vous le lisez vous vous croyez en pleine fiction. C’est absurde. Vous ne pouvez croire que ces choses sont arrivées même si nous, Palestiniens, avons l’habitude de vivre dans cette situation » dit S. Androni.

Les soins de santé à Gaza sont faibles, héritage de formations insuffisantes, de corruption et de piètres équipements.

Le blocus renforcé après la prise de pouvoir du Hamas en juin 2007 a isolé les gens et empêché beaucoup d’équipements médicaux d’entrer.

Mais Israël prétend qu’il continue à autoriser l’entrée de biens humanitaires en dépit du blocus.

Les habitants gravement malades doivent se faire traiter en Egypte, en Israël ou passer en Cisjordanie ou en Jordanie.

Mais il peut se passer des semaines avant que les bureaucrates palestiniens organisent les renvois et que les Israéliens autorisent l’entrée.

« Physicians for Human Rights » dit que depuis la prise de pouvoir du Hamas, 12 habitants sont morts indirectement de leur maladie après que les responsables israéliens eurent refusé leur demande d’entrée.

Un cancer agressif

En 2004, Fatma, âgée de 28 ans, a senti une grosseur dans le sein - les médecins palestiniens lui ont dit que son traitement était d’avoir des enfants ou de changer de soutien-gorge.

Des mois plus tard ils ont diagnostiqué un cancer agressif mais ont refusé de lui ouvrir un dossier pour qu’elle puisse être traitée en Israël.

Méfiante, Fatma a envoyé son dossier médical à un hôpital israélien où les médecins lui dirent qu’il lui fallait un traitement immédiat.

Des activistes israéliens se sont mobilisés auprès des responsables de la Défense pour qu’elle puisse être autorisée à entrer en Israël, mais elle a eu beaucoup de rendez-vous retardés ou ratés à cause des soldats.

Quelquefois, son ambulance était obligée de retourner à Gaza à cause de combats entre les forces israéliennes et des militants palestiniens.

Selon le rapport, la scène emblématique du film où ?Fatenah’ est obligée de se déshabiller devant une soldate israélienne a eu lieu dans la vie réelle en septembre 2004.

Dans l’animation, Fatenah tourne le dos à la caméra et dénude timidement une épaule, suggérant qu’elle est nue sous sa longue robe musulmane. En réalité, Fatma portait un T-shirt et un soutien-gorge rembourré à cause de la mastectomie censée freiner le cancer.

Elle s’est retrouvée couchée par terre, trop faible pour se tenir debout, et un soldat israélien lui a crié de s’habiller.

Le rapport dit qu’elle fut alors renvoyée à Gaza pour un contrôle de sécurité raté.

Une réputation souillée

Les auteurs du film veulent bien dire que l’animation est inspirée par l’histoire de Fatma, mais qu’il ne s’agit pas directement d’elle.

Cette nuance n’a pas été captée par Gaza, très conservateur, où la famille de Fatma dit que la réputation de leur fille décédée a été souillée en raison de l’innocente romance de Fatenah - il n’y a pas de scène de baiser, ni même de mains enlacées - et de la très courte séquence où l’animation montre son sein.

Le film a été achevé en trois ans, à Ramallah en Cisjordanie, avec un budget de 60 000 $ avancé par l’Organisation Mondiale de la Santé.

Il participera à des festivals cinématographiques dans le monde entier et S. Andoni espère que ce sera le premier jalon prometteur d’une industrie du film d’animation palestinienne.

Consultez des extraits du film ici

3 juillet 2009 - BBC News - Vous pouvez consulter cet article ici :
http://news.bbc.co.uk/2/hi/middle_e...
Traduction de l’anglais : Marie Meert