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La paix, selon Benyamin Netanyahou
lundi 15 juin 2009 - Serge Dumont - Le Temps

« Je m’adresse aux leaders arabes et leur dis : rencontrons-nous et parlons de paix. Je suis prêt a vous voir à Damas, à Riyad et bien sûr à Jérusalem. » Au terme d’une semaine de consultations intenses, Benyamin Netanyahou a dressé dimanche les grandes lignes de sa politique envers les Palestiniens. « La racine du conflit avec les Palestiniens, c’est le refus de reconnaître le droit du peuple juif à un foyer national, a-t-il dit. Ceux qui croient qu’il perdure parce que nous nous trouvons en Judée-Samarie (en Cisjordanie, ndlr) confondent le problème avec son résultat. »

Au terme de vingt minutes de discours, Benyamin Netanyahou a appelé les dirigeants palestiniens à « entamer immédiatement des négociations de paix sans conditions préalables ». Dans la foulée, il a affirmé que dans le cadre d’un accord de paix global, Israël pourrait accepter la création d’un Etat palestinien à côté de l’Etat hébreu. Mais il a répété que cet Etat devrait être démilitarisé et que son espace aérien ainsi que ses frontières devraient être contrôlés par Israël.

« Sous la pression de la communauté internationale, le Premier ministre a prononcé l’expression "Etat palestinien" et cela ne lui faisait manifestement pas plaisir », explique la chroniqueuse politique Ayala Hasson. « Pour y arriver, il a cependant exigé que les Palestiniens reconnaissent publiquement "le droit du peuple juif a s’installer sur sa terre". En outre, il a exigé que l’Autorité palestinienne (AP) désarme le "Hamastan" (la bande de Gaza, ndlr) et qu’elle renonce au droit au retour des réfugiés de 1948 et de 1967. Ce sont des conditions que l’AP ne peut tout simplement pas accepter. »

Conçue comme une réponse au discours prononcé le 4 juin au Caire par Barack Obama, la prestation de Benyamin Netanyahou était annoncée comme « surprenante et courageuse » par son entourage. Mais le chef de file de la droite a déçu les commentateurs qui s’attendaient à des prises de position novatrices. Durant la plus grande partie de son discours, le Premier ministre s’est contenté de ressasser les thèmes de la propagande israélienne en insistant autant sur le « danger iranien » que sur le fait que «  des roquettes pourraient tomber sur Tel-Aviv si l’Etat palestinien à venir n’était pas démilitarisé ».

A l’exigence américaine de gel de la colonisation en Cisjordanie, Benyamin Netanyahou a opposé une fin polie de non-recevoir. En déclarant que Jérusalem «  restera unifiée » - ce qui signifie que l’AP ne pourrait pas y installer sa capitale - et en proclamant que « la Judée-Samarie fait partie de la terre de nos ancêtres ». Afin de ne pas trop froisser Washington, le Premier ministre a certes promis de ne pas autoriser la confiscation d’autres terres palestiniennes pour y construire de nouvelles colonies, mais il ne s’est pas engagé à geler les constructions dans les implantations existantes. C’était pourtant une demande de Barack Obama et de sa secrétaire d’Etat Hillary Clinton lors de leur rencontre à la Maison-Blanche. De son côté, l’AP a estimé que ce discours « torpillait » tous les efforts de paix.

15 juin 2009 Le Temps