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Lieberman en quête d’absolution européenne
lundi 4 mai 2009 - Kharroubi Habib - Le Quotidien d’Oran

Cette manifestation de fermeté exprimée par la commissaire européenne aux Relations extérieures est loin d’avoir l’aval et le soutien de l’ensemble des Etats faisant partie de l’Union. C’est le cas par exemple de la Tchéquie, qui préside celle-ci présentement, dont le gouvernement s’est déclaré hostile à toute forme de pression sur celui d’Israël visant à lui faire accepter le principe de la solution au conflit israélo-palestinien consistant en l’existence de deux Etats et deux peuples vivant côte à côte.

Se pose alors la question concernant l’Union européenne de savoir si elle va persister dans sa réprobation du refus israélien. C’est à l’évidence pour essayer de l’en dissuader que le ministre des Affaires étrangères du gouvernement Netanyahu, l’ultranationaliste et xénophobe Avigdor Lieberman, a entrepris hier sa tournée des principales capitales européennes. Ce même personnage, qui affirme que son pays n’est pas lié par les négociations relancées fin 2007 à la conférence d’Annapolis, censées aboutir à la création d’un Etat palestinien, et professe des opinions racistes excluant tout accord de paix équitable avec les Palestiniens et le monde arabe, arrive en Europe pour obtenir de ses principales capitales qu’elles fassent preuve de « compréhension » à l’égard de l’Etat hébreu, à la justification qu’il faut laisser à son gouvernement le temps de peaufiner son plan diplomatique qui sera présenté par le Premier ministre Benjamin Netanyahu lors de sa rencontre avec le président américain Barack Obama à Washington, prévue à la mi-mai.

Le comble est que le chef de la diplomatie, dont les idées racistes et les propos franchement haineux sont à l’origine « des bruits de fond négatifs en Europe » qui se font entendre contre l’attitude israélienne adoptée par son gouvernement, a fait précéder ses visites européennes d’un avertissement en forme de défi intimant à l’Union européenne « d’adopter un profil bas », faute de quoi « elle ne pourra pas avoir d’implication dans le processus de paix ».

Ainsi tancée, l’Union européenne abdiquera-t-elle sa position critique à l’égard du gouvernement Netanyahu, ou au contraire persistera-t-elle dans les pressions à son égard pour le contraindre à réviser ses positions hostiles à la relance du processus de paix avec les Palestiniens ?

C’est déjà une attitude de conciliation, qui enfreint son « code moral », que l’Union européenne a adoptée à l’égard de l’Etat hébreu en acceptant de recevoir et de dialoguer avec un ministre israélien qui prône ouvertement des idées attentatoires à ce code. Ce qu’elle refuse de faire ostentatoirement avec tout représentant du Hamas palestinien.

Si elle décide d’aller plus loin dans la permissivité à l’égard du radicalisme négatif des positions du gouvernement Netanyahu, l’Union européenne enverrait alors un message qui pourrait dissuader le président américain d’exercer des pressions décisives sur ce gouvernement en vue de l’amener à revoir sa copie concernant la solution du conflit israélo-palestinien.

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4 mai 2009+ - Le Quotidien d’Oran - Analyse