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Pourparlers inter-palestiniens : il reste peu d’espoir
vendredi 24 avril 2009 - Saleh Al-Naami - Al Ahram Weekly
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Les parlementaires palestiniens siègent en l’absence de leurs collègues emprisonnés par l’occupant israélien - Photo : Palestine Telegrah

« Je défie Ismail Haniyeh ou Mahmoud Abbas d’être capable de vivre dans les circonstances qui sont les miennes, juste pendant trois jours. Je suis certain que s’ils expérimentaient mes conditions de vie pour ce bref laps de temps, ils cesseraient la farce du dialogue afin de mettre un terme à cette misérable réalité » dit le journaliste Mohamed Al-Jamal, dont la maison dans la ville de Rafah, dans le sud de la Bande de Gaza, a été détruite le deuxième jour de la guerre israélienne contre Gaza.

Jusqu’à présent, il n’a pas de refuge pour lui-même et sa famille et doit demeurer avec des parents.

Al-Jamal n’hésite pas à tenir le Hamas et le Fatah - ainsi que leur dirigeants - pour responsables de la situation lamentable dans laquelle se trouvent lui-même, sa famille déplacée et des dizaines de milliers d’autres Palestiniens. Il a déclaré à Al-Ahram Weekly : “Si ces leaders avaient le moindre sens de leurs responsabilités vis-à-vis du peuple palestinien, en particulier des familles qui ont subi la catastrophe de la destruction de leurs maisons, ils auraient déjà mis fin à leurs dissensions internes et ils auraient mené le dialogue national à sa réussite.

Al-Jamal dit être plein de colère quand il entend parler du point de différend bloquant l’issue favorable du dialogue, comme le système de vote et les agences de sécurité : « Les gens sont sans abri, pendant que les dirigeants sont en désaccord sur les élections et les agences de sécurité, comme s’ils étaient sur une autre planète et comme si les gens n’étaient pas en train de vivre une tragédie ».

Cette colère contre les chefs de factions, en particulier ceux du Fatah et du Hamas, est partagée par la plupart des gens dans la Bande de Gaza, sachant que la reconstruction de ce que l’occupation a détruit dépend de la réussite du dialogue national. Mustafa Rashwan, 38 ans, a toujours du mal à croire qu’il a perdu son unique moyen de subsistance et sa capacité de pourvoir aux besoins de sa famille. Il a perdu l’échoppe de barbier qu’il détenait à Rafah et n’a reçu aucune compensation.

Il est maintenant en recherche constante et amère de moyens pour nourrir sa famille. Interviewé par Al-Ahram Weekly, Rashwan dit qu’il considère les disputes entre factions comme « du luxe » et qu’il tient les gouvernements de Gaza et de Ramallah pour responsables des souffrances de sa famille.

Il n’y a pratiquement pas une personne dans la Bande de Gaza qui n’ait été affectée par la récente offensive israélienne. Sobhi Abu Kar, commerçant à Gaza-ville, blâme les dirigeants de factions pour le fait que les reconstructions n’ont pas encore commencé. Il dit dans son interview que les points de dissension qui empêchent de parvenir à un accord sont marginaux par rapport aux défis que posent la reconstruction de Gaza et son retour à la vie.

Malheureusement, tous les indicateurs suggèrent que la probabilité de succès du dialogue est très mince. Deux dirigeants du Fatah ont visité la Bande de Gaza la semaine dernière - un membre du Comité Central, Abdullah Al-Afranji, et un membre du Conseil Révolutionnaire, Marwan Abdel-Hamid. Ils ont rencontré des représentants d’autres mouvements palestiniens dans la Bande, la plupart du Hamas, mais leur visite n’a produit aucun résultat notable. Un certain nombre de représentants qui les ont rencontrés disent qu’ils n’étaient pas autorisés à conclure des accords sur les questions centrales.

Entre-temps, la réunion prévue le 26 avril entre délégués du Hamas et du Fatah s’achèvera probablement sans résultats car aucun rapprochement sérieux n’a eu lieu entre eux sur les points de divergence essentiels.

Une source palestinienne a affirmé au Weekly que les efforts de dialogue devraient connaître une pause après la prochaine réunion, et elle craint que cela ne fera que renforcer la brèche intérieure. Parmi les éléments appuyant la croyance que le prochain round de dialogue se terminera par un échec, il y a le fait que la plupart des factions palestiniennes ont rejeté la proposition égyptienne de former un conseil national unifié qui serve d’autorité politique en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza.

Cela permettrait au gouvernement Salam Fayyad à Ramallah de fonctionner selon un programme engagé pour signer des accords aux conditions du Quartette aussi longtemps que le Hamas ne s’oppose pas aux décisions prises par le gouvernement de Ramallah.

Salah Al-Bardweil, cadre du Hamas, a déclaré au Weekly que l’Egypte avait formulé cette proposition au dernier moment du dernier round de pourparlers bilatéraux de dialogue avec le Fatah au Caire. Tous les détails de la proposition n’ont pas été clarifiés, dit-il, ce qui signifie que le Hamas n’a pas été en mesure de la considérer soigneusement.

Dans ce qui peut être considéré comme un rejet implicite de la proposition égyptienne, Al-Bardweil souligne que le Hamas reste ferme sur ses positions relatives au programme politique. Le Hamas rejette les conditions du Quartette qui exige que tous les gouvernements palestiniens s’engagent sur les accords signés entre l’Organisation de Libération de la Palestine et Israël, sur la reconnaissance d’Israël, et sur une renonciation à la résistance contre l’occupation - sur la base qu’elle serait du « terrorisme ».

Du même auteur :

- Dehors malgré le froid
- La réconciliation en l’absence d’autre option
- S’adapter au désastre
- Le calme après la tempête ?
- Gaza : pas de drapeau blanc !

18 Avril 2009 - Al-Ahram Weekly - Vous pouvez consulter cet article ici :
http://weekly.ahram.org.eg/2009/943...
Traduction de l’anglais : Marie Meert